Tourisme : le Maroc veut garder le cap

Tourisme : le Maroc veut garder le cap

Après les 17,4 millions de touristes atteints en 2024, le Maroc compte bien maintenir cette dynamique, voire la propulser vers les 20 millions d’arrivées durant l’année en cours. Quel modus operandi pour y arriver ? Détails.

 

Par Désy M.

Avec 8,9 millions de touristes accueillis au premier semestre 2025, en progression de 19% par rapport à la même période de l’année précédente, le Maroc confirme la vitalité retrouvée de son secteur touristique.

Juin a même marqué un record avec 1,7 million d’arrivées internationales. Une dynamique qui s’inscrit dans la continuité d’un exercice 2024 exceptionnel, où le Royaume avait franchi pour la première fois la barre des 17,4 millions de visiteurs, générant près de 97 milliards de dirhams de recettes. Pour transformer cet élan en socle durable, les autorités ont redoublé d’efforts à l’aube de la saison estivale 2025.

L’objectif est double : consolider les acquis tout en amplifiant les retombées économiques, sociales et territoriales du tourisme. La feuille de route 2023- 2026, pilotée par le ministère du Tourisme, repose sur une stratégie de diversification des produits, une montée en qualité des infrastructures, de soutien à l’investissement privé, de digitalisation des outils de promotion, et d’élargissement de la connectivité aérienne. Parmi les dispositifs structurants, le programme Go Siyaha se distingue par son impact direct sur le tissu entrepreneurial touristique. Doté de 720 millions de dirhams, il a permis d’accompagner plus de 1.700 entreprises touristiques dans leur repositionnement et leur croissance.

Récemment, il vient de connaître une refonte importante avec l’introduction de trois mesures clés : la suppression du seuil minimum d’investissement de 1 million de dirhams, ouvrant le soutien aux projets plus modestes; l’extension de l’appui à l’investissement aux entreprises existantes souhaitant développer de nouvelles offres; et l’élargissement de l’assistance technique aux jeunes structures en phase d’amorçage.

Ces ajustements, entrés en vigueur le 22 juillet 2025, visent à maximiser l’impact de Go Siyaha sur l’emploi, la création d’initiatives locales et la diversité de l’offre nationale. De plus, le dispositif «CAP Hospitality» a déjà reçu 165 demandes de financement à taux zéro pour la rénovation de plus de 25.000 chambres hôtelières. La connectivité aérienne n’est pas en reste. Avec une augmentation de 20% de l’offre de sièges entre 2023 et 2024, la signature de 24 nouvelles liaisons internationales et l’élargissement du evisa à davantage de marchés, soit plus de 160.000 visas électroniques délivrés en 2024 au profit de 111 nationalités, le Maroc renforce son accessibilité et son attractivité. 

Parallèlement, d’autres spécificités touristiques émergent, à l’instar du tourisme intérieur, autre pilier de cette politique inclusive, qui est lui aussi particulièrement courtisé. En 2024, il a généré 8,5 millions de nuitées, soit près du tiers des nuitées totales, et bénéficie d’une campagne renforcée, «Ntla9aw fbladna», avec une présence accrue sur les réseaux et plateformes numériques. De plus, le tourisme de croisière revient peu à peu sur le devant de la scène touristique nationale, notamment avec l’annonce par l’Agence nationale des ports du lancement du marché relatif à l’étude pour la construction du terminal à croisières d’Agadir, après celle de Casablanca.

Et pour booster la visibilité à l’international, la campagne «Maroc, Terre de lumières» continue d’illuminer les écrans, tandis que l’ONMT élargit son maillage à l’étranger avec de nouveaux bureaux dans les marchés porteurs. Conscients que la résilience du tourisme passe aussi par sa capacité à irriguer les territoires, les pouvoirs publics multiplient les initiatives en direction des régions. L’analyse de la conjoncture touristique émise par le Conseil régional du tourisme d’Agadir SoussMassa dévoile que la destination d’Agadir a connu une dynamique positive au premier semestre, avec en juin une tendance haussière des arrivées touristiques de 11,7% et les nuitées de 8,22% par rapport à juin 2024, marquant une saison estivale prometteuse.

A Marrakech-Safi, les autorités sont toutes aussi optimistes. Malgré des étés chauds, le mois de juin a connu une fréquentation moyenne. Le CRT de Marrakech-Safi espère réaliser au moins un taux d’occupation annuel moyen de 73% comme chaque année, en raison de l’appétit grandissant des touristes pour les grands hôtels classés et les clubs d’animations présents dans la région.

 

Casablanca-Settat : cap sur la transformation territoriale

Si Marrakech et Agadir concentrent traditionnellement l’essentiel du flux touristique, Casablanca-Settat progresse doucement avec un taux d’occupation hôtelier de 59% au 1er semestre 2025 (+8%). Ces chiffres, présentés lors d’une conférence de presse par le Conseil régional du tourisme de ladite région, montrent que le revenu moyen par chambre a cru de 12%, mais reste tiré vers le bas par l’absence de certaines infrastructures majeures,  à l’instar d’un palais des congrès, d’une offre low-cost suffisante, et d’une véritable animation du week-end. De plus, près de 50% des nuitées échappent au circuit formel en raison de la prolifération des plateformes Airbnb.

«Nous attendons depuis plus de 10 ans le décret d’application qui permettrait d’intégrer ces formes de logements dans l’économie formelle», a déploré Othman Cherif Alami, le président du Conseil régional du tourisme (CRT). Malgré un contexte perfectible, le CRT mise sur la digitalisation du tourisme rural avec plus 208 sites identifiés, chacun doté d’un mini site-web, d’un bouton de réservation et d’une valorisation via l’intelligence artificielle. Il table aussi sur des campagnes ciblées comme «Casablanca for Business & Chill», pensé pour les marchés internationaux, le lancement d’un guide des «Top 100 expériences» de la région, et une stratégie dédiée à la CAN 2025 pour capitaliser sur l’élan des grands événement sportifs.

Le Maroc vise les 20 millions de touristes pour l’année en cours et ambitionne de générer 120 milliards de dirhams de recettes annuelles d’ici 2026. Et les indicateurs actuels, les dynamiques enclenchées et l’optimisme des professionnels laissent penser que l’objectif pourrait être atteint.

 

Une dynamique portée par une vision royale
«Depuis son intronisation, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a insufflé une dynamique ambitieuse au développement du tourisme national, en plaçant ce secteur au cœur de la stratégie économique et sociale du Royaume. Six grandes initiatives structurantes ont marqué cette évolution : la Vision 2010, la Vision 2020, la création du Fonds spécial Covid-19, le soutien à l’image du Royaume à travers la Coupe du monde 2022, la mise en œuvre d’une nouvelle feuille de route pour 2030, et la mobilisation nationale autour de l’organisation conjointe de la Coupe du monde 2030», indique Zoubir Bouhoute, expert en tourisme. Et d’ajouter que «ces orientations royales ont permis une transformation profonde et durable du secteur, traduite par six indicateurs clés de performance : les arrivées touristiques ont été multipliées par 4, les recettes en devises par 5, la capacité d’hébergement par près de 6, les emplois directs par 6, les investissements cumulés ont dépassé 200 milliards de dirhams, et les infrastructures touristiques ont fortement contribué à la réussite de la candidature du Maroc pour accueillir le Mondial 2030. Ce bilan exceptionnel témoigne de la clairvoyance de la vision royale et de son impact structurant sur le rayonnement du Maroc à l’échelle internationale».

 

 

 

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