Par sa participation au Sommet de Nice sur les océans, le Maroc s’est affirmé comme acteur de premier plan dans la capitalisation et la préservation des ressources aquatiques au niveau local, continental et mondial.
Par Désy M.
La 3ème Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC3), qui s’est tenue du 9 au 13 juin à Nice sous la coprésidence de la France et du Costa Rica, a placé au cœur de ses débats l’avenir des mers face aux défis climatiques, économiques et sociaux. En marge de ce rendez-vous mondial, le sommet de «L’Afrique pour l’Océan» a réuni une pléthore de décideurs africains sous la codirection de la princesse Lalla Hasnaa, représentant le Roi Mohammed VI à ces assises, et du président français Emmanuel Macron.
Par la voix de la princesse Lalla Hasnaa, le message du Roi Mohammed VI a résonné comme un appel solennel à transformer la richesse maritime en levier de souveraineté alimentaire, de résilience climatique et de cohésion territoriale.
«Si les mers et les océans africains sont riches, ils sont aussi vulnérables. Stratégiques, mais encore sousexploités. Prometteurs, mais insuffisamment protégés. Ce paradoxe nous oblige à passer d’une logique de potentialité à une logique d’appropriation : l’océan, c’est notre souveraineté alimentaire, notre résilience climatique, notre sécurité énergétique et notre cohésion territoriale…», a-t-elle lu au nom du Souverain, soulignant l’urgence d’une gouvernance océanique ambitieuse et partagée.
Dans ce cadre, la délégation marocaine a saisi l’opportunité pour affirmer sa feuille de route bleue et dévoiler des engagements concrets pour renforcer le rôle maritime africain. Lors d’un side-event particulièrement suivi, le Royaume a annoncé le lancement imminent du premier parc éolien offshore au large d’Essaouira, d’une capacité de 1.000 MW, premier du genre en Afrique. Ce projet, intégré au Partenariat bleu méditerranéen, se déploiera grâce au soutien d’un fonds international multi-donateurs fédérant des institutions financières telles que la Banque européenne d’investissement, la BERD, l’AFD, KfW et d’autres partenaires européens, ainsi que par un appui technique de MASEN pour les études de faisabilité.
Il marque la volonté du Maroc d’étendre sa transition énergétique, déjà forte de plus de 1.200 MW d’énergies renouvelables terrestres (onshore), vers le domaine marin, en valorisant pleinement son vaste domaine maritime et en diversifiant son mix énergétique dans la perspective 2030-2050. Au-delà de l’énergie, le discours royal et les discussions tenues à Nice ont mis en lumière la stratégie marocaine d’économie bleue intégrée, axée sur la valorisation des ressources halieutiques avec une gouvernance renforcée contre la surpêche, le développement de l’aquaculture durable, la promotion d’un tourisme côtier respectueux des écosystèmes, la modernisation des ports (Tanger Med, Nador WestMed, Dakhla Atlantique) et l’encouragement de la recherche marine.
Le futur parc éolien d’Essaouira devra s’harmoniser avec les activités de pêche artisanale, les zones de reproduction et les usages touristiques, selon des études d’impact social et environnemental qui devront être co-construites avec les communautés locales. Cette approche vise à créer des synergies durables : des données océanographiques plus fines pour la pêche, des infrastructures portuaires capables d’accueillir maintenance offshore et logistique, ainsi qu’une image renforcée pour un tourisme responsable tourné vers la découverte pédagogique du littoral.
La dimension africaine n’a pas été oubliée. Le Maroc se présente comme catalyseur d’une «Ceinture bleue» continentale, invitant à une voix africaine unie autour d’un Fonds bleu pour l’Afrique, déjà évoqué lors de la Semaine des océans à Tanger tenue en octobre 2024. Cette initiative ambitionne de financer des programmes scientifiques multilatéraux, de soutenir les États côtiers dans l’aménagement de leurs espaces marins et de partager expertises et bonnes pratiques dans le cadre de partenariats Sud-Sud.
À Nice, les autorités marocaines ont multiplié les rencontres bilatérales et panels sur la finance bleue, traduisant la volonté du message royal en projets concrets à l’échelle régionale et continentale. L’initiative royale pour l’Atlantique, qui vise à transformer la façade atlantique du continent en un espace économique intégré, alliant développement durable et sécurité maritime, a été mis en relief par Mohammed Tawfik Mouline, Directeur général de l’Institut royal des études stratégiques (IRES), lors d’un side-event sous le thème «Ambitions africaines pour l’économie bleue : vision stratégique et géopolitique».
Fruit d’une mobilisation politique sans précédent de 175 États, plus de 60 chefs d’État, 115 ministres et quelque 12.000 délégués, l’UNOC3 s’est achevée avec l’adoption des «Engagements de Nice pour l’océan», une feuille de route transformatrice de l’action océanique mondiale. Il reste désormais cinq ans pour concrétiser les engagements de l’ODD 14 et répondre, collectivement, à l’impératif de sauvegarde de l’un des biens communs les plus précieux de l’humanité : l’océan. Et le Maroc, fort de sa vision royale et de son ancrage africain et méditerranéen, entend bien être à la proue de cette dynamique.