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Politique climatique: le Maroc mise sur la transition juste

Politique climatique: le Maroc mise sur la transition juste

Le projet intitulé «Transition juste : incitations économiques pour une politique climatique et mises en œuvre de la CDN réussies», vient appuyer le Maroc dans l’utilisation d’instruments économiques pour l’actualisation et la mise en œuvre socialement responsable de sa CDN. S’agissant de sa mise en œuvre, la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) Maroc, nous en donne les détails. Entretien.

 

Propos recueillis par D. M

Finances News Hebdo : Le Projet «Transition juste : Incitations économiques pour une politique climatique et mise en œuvre des CDN réussies» a été récemment lancé au Maroc. Pouvez-vous nous en parler ?

Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) Maroc : Le projet de coopération vise à soutenir le Royaume du Maroc dans sa contribution à l'effort mondial de la lutte contre le changement climatique. Il s’agit d’un projet financé par le ministère allemand de coopération économique et du développement (BMZ) et l’Union européenne. La mise en œuvre est assurée par la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH, en appui au ministère de la Transition énergétique et du Développement durable (MTEDD) et du ministère de l’Économie et des Finances (MEF).

 

F.N.H. : La mission de mise en œuvre de ce projet a été confiée à GIZ. Comment aide-t-elle le Maroc à intégrer les mesures de transition juste dans ses CDN réussies ?

GIZ Maroc : La transition juste vise à assurer le passage à une économie et une société qui n’abusent pas des ressources et qui sont climatiquement neutres en misant sur l’amélioration des conditions de vie des populations. Pour que cela se fasse de manière socialement équitable, il est important de veiller à ce que les groupes particulièrement touchés bénéficient du nouveau potentiel et qu'ils soient associés aux processus de décision. Dans sa transition énergétique, le Maroc intègre déjà les mesures très concrètes de transition juste, par exemple à travers l’introduction de la couverture sociale universelle et la création des centres de formation pour les emplois dans le domaine des énergies renouvelables. Dans le projet «transition juste» qui vient d’être lancé récemment, nous allons appuyer les ministères partenaires dans le processus de révision de la Contribution déterminée au niveau national (CDN). La CDN constitue le plan d’action du Royaume qui définit les objectifs et mesures pour réduire les émissions des gaz à effet de serre et pour s’adapter aux impacts des changements climatiques. Le Maroc planifie d’actualiser sa CDN et la soumettre à la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) d’ici mi-2025. Comme beaucoup d’autres pays, le Maroc cherche à y intégrer davantage des analyses d’impacts sociaux et des aspects de l’égalité des genres. Le projet «Transition juste» a l’ambition d’appuyer davantage l’analyse des impacts sociaux des politiques en rapport avec la lutte contre la crise climatique, la participation des acteurs de la société civile dans la révision de la CDN et l’intégration de la dimension genre dans la formulation des politiques climatiques au niveau national.

 

F.N.H. : Quelles sont les incitations économiques à adopter par le Royaume pour favoriser une politique climatique juste et la mise en œuvre des CDN réussies ?

GIZ Maroc : Le Maroc, dans le cadre de ses engagements internationaux et de son Nouveau modèle de développement (NMD), s’inscrit dans une dynamique ambitieuse de lutte contre les effets du changement climatique. Il possède une longue expérience dans la taxation des produits ayant un impact sur l’environnement. On peut citer à titre d’exemple : la taxe intérieure de consommation verte, appliquée sur les équipements électroménagers; la taxe intérieure de consommation écologique ou de recyclage; la taxe écologique sur la plasturgie, et d’autres. Actuellement, le gouvernement est en train d’analyser la possibilité d’introduire une taxe carbone. La taxe carbone est considérée par les économistes comme l’une des mesures les plus efficaces pour réduire la consommation d’énergies fossiles et promouvoir les technologies à la base des énergies renouvelables. Ceci peut être un outil pour accélérer les ambitions de réduction des émissions de gaz à effet de serre du Royaume, tout en permettant de se préparer au mécanisme d’ajustement carbone aux frontières introduit par l’Union européenne, qui pourrait constituer un défi pour les exportations de certains secteurs couverts par ce mécanisme. De plus, le gouvernement travaille sur l’introduction de la commande publique verte ainsi que d’une taxonomie verte pour encourager les investissements dans des projets et des initiatives qui contribuent à la lutte contre le changement climatique.

 

F.N.H. : Comment ce projet Transition juste peut soutenir le Maroc dans ses efforts de mise en œuvre de sa politique climatique ?

GIZ Maroc : La GIZ développe, accompagne et finance, à travers le mandat du gouvernement allemand et de l’Union européenne, des mesures de renforcement des capacités orientés par les principes du développement durable. Le projet accompagnera les ministères dans l’identification des mesures à inclure dans la prochaine CDN à travers des consultations avec les ministères sectoriels et d’autres acteurs importants, ainsi que des analyses économiques nécessaires. En appuyant le développement du cadre de mise en œuvre pour l’Article 6.2. de l’Accord de Paris, le projet contribuera à la mobilisation des financements carbone internationaux pour les actions climatiques qui ne peuvent pas être financées par le budget de l’Etat. Cet article de l’Accord de Paris prévoit l’échange des droits d’émission qui permettrait aux entreprises marocaines de mobiliser des ressources internationales pour financer les investissements dans des mesures d’atténuation.

Le Maroc est déjà avancé en matière de décarbonation de l’économie avec le développement des énergies renouvelables et l’engagement des entreprises à atteindre la neutralité carbone. Nous allons travailler avec les acteurs nationaux pour continuer à améliorer l’utilisation de l’outil «bilan carbone» et œuvrer pour la certification, en conformité avec les standards européens pour pouvoir répondre aux exigences du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM). La GIZ s’aligne avec d’autres acteurs internationaux de coopération, notamment la Banque mondiale, l’Agence française de développement et l’Union européenne ainsi que la banque allemande de développement, la KfW, afin de fournir au gouvernement marocain des actions coordonnées de fort impact dans l’esprit «Whole of Partner».

 

F.N.H. : Existe-t-il à ce jour des retombées positives de ce projet en matière de politique climatique au Maroc ?

GIZ Maroc : Le projet est en phase de planification d’activités avec les acteurs concernés. Les premières retombées concrètes pourront être attendues vers la fin de cette année. 

 

 

 

 

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