Les Conseils économiques, sociaux et environnementaux des pays du Sud ont un rôle crucial à jouer dans le processus de rétablissement de la justice climatique à l’échelle internationale.
La COP22 qui se profile constitue une raison de plus pour contribuer substantiellement à la défense des droits environnementaux des citoyens.
La mobilisation pour freiner le dérèglement climatique doit incontestablement être à la hauteur de la menace que celui-ci fait planer sur l’humanité tout entière. Nombreux sont les Etats, insulaires ou côtiers qui risquent tout simplement d’être rayés du globe. L’actualité internationale montre que Haïti fait les frais de l’ouragan dévastateur Matthew, qui a causé plusieurs morts et déplacés.
Il est utile de souligner qu’on ne dénombre pas moins de 60 millions de déplacés du fait des conséquences du réchauffement climatique. Si rien n’est fait d’ici 2050, ce chiffre culminera à 450 millions. C’est dans ce contexte en proie aux défis de taille que le Conseil économique, social et environnemental (CESE), présidé par Nizar Baraka, a organisé récemment à Rabat une rencontre internationale sous le thème : «Le rôle des Conseils économiques sociaux et environnementaux pour une transition écologique équitable».
Le timing d’une telle rencontre a été bien étudié puisqu’elle s’est déroulée à quelques jours de la COP22, qui se tiendra en novembre prochain dans la ville ocre. Boulkassoum Haidara, président du Conseil économique, social et culturel du Mali, et Nizar Baraka, président du CESE, ont joint leurs voix pour rappeler que l’ultime injustice qui frappe les nations vulnérables peut être considérée comme les fâcheuses conséquences inhérentes au réchauffement climatique dans lequel les Etats développés ont une grande part de responsabilité. «Dans le sillage de la COP22 qui se profile, les Conseils économiques, sociaux et environnementaux des pays du Sud, qui sont les porte-voix des citoyens, ont un rôle majeur à jouer pour le rétablissement de la justice climatique», martèle Baraka. Et d’ajouter : «Il est d’une nécessité impérieuse de contribuer à la défense des droits environnementaux des citoyens issus des pays vulnérables».
Cela dit, il est utile de rappeler que les pays du Sud ne reçoivent que 16% des sommes destinées à la lutte contre le réchauffement climatique. Le continent africain est indubitablement le parent pauvr, puisqu’il ne capte que 4% de cette enveloppe. A ce titre, l’Appel de Casablanca lancé récemment par Othman Benjelloun, président-Directeur général de BMCE Bank of Africa, est d’autant plus opportun qu’il vise à mettre sur pied un réel marché bancaire vert en Afrique.
Le combat de la justice climatique
Le témoignage qui a sans doute retenu davantage l’attention de l’auditoire composé en partie d’ambassadeurs, est celui du président du Conseil économique, social et culturel du Mali. «Mon pays traverse une période difficile à cause du changement climatique. L’exacerbation de la sécheresse et des inondations engendre l’exode rural et des crises alimentaires», confie-t-il. Outre cette situation que connaissent beaucoup de pays du Sahel, il était question lors de la rencontre de mettre en évidence le rôle des Conseils économiques, sociaux et environnementaux des pays du Sud dans la définition des stratégies de développement durable de leurs pays respectifs. D’après Baraka, l’important est d’inciter les pouvoirs publics à adopter des stratégies intégrées de développement durable, avec une dose d’approche genre et territoriale. Car les femmes et les enfants, davantage vulnérables, sont plus exposés aux catastrophes naturelles causées par le réchauffement climatique.
M. Diao
COP22, l’occasion de réduire l’injustice climatique
“L’Accord de Paris et les Objectifs de développement durable (ODD) constituent deux instruments majeurs, susceptibles d’aider les nations à atteindre les objectifs communs de réduction de gaz à effet de serre, et d’aides financières d’adaptation destinées aux pays en développement», assure Abdelouahed Fikrat, secrétaire général du ministère délégué chargé de l'Environnement. Et d’ajouter : «La COP2, qui se tiendra en Afrique, sera l’occasion d’accélérer le processus de mise œuvre des engagements pris par les Etats». Pour sa part, Driss El Yazami, président du Conseil national des droits de l’Homme, a alerté sur l’impératif d’harmoniser l’Accord de Paris et les ODD afin d’éviter la déperdition des forces en matière de lutte contre le changement climatique. «Au niveau de la mobilisation des financements dans le cadre des deux instruments précités, il y a un risque de substitution au détriment de l’accumulation des fonds nécessaires», prévient Nizar Baraka. Par ailleurs, certains intervenants sont persuadés qu’il est nécessaire de mettre la pression sur les Etats et les multinationales pour atteindre les objectifs escomptés lors de la COP22. En définitive, le Maroc, qui assure la présidence de cet événement international, milite activement pour un usage approprié des 100 milliards de dollars mobilisés par an d’ici 2020 en faveur des pays en développement. «Il y a urgence», clame Abdelouahed Fikrat.