Le digital est pourvoyeur de valeur ajoutée dans le secteur énergétique, appelé à relever plusieurs défis.
Pour le Maroc, les énergies renouvelables en plein essor sont une alternative crédible pour l’alimentation des data centers, particulièrement énergivores.
Par M. Diao
La guerre en Ukraine (dont les conséquences économiques en ont surpris plus d’un) ainsi que la pandémie liée à la Covid-19 ont accru sensiblement l’intérêt porté aux énergies renouvelables et au digital. Faudrait-il le rappeler, lors de la pandémie du coronavirus, le digital a permis à maints secteurs de maintenir leurs activités en dépit des contraintes inhérentes aux restrictions de déplacement et de rassemblement.
A l’évidence, au chapitre énergétique, le conflit russo-ukrainien remet en selle le débat portant sur l’opportunité pour le Maroc de précipiter son indépendance énergétique. Un objectif encore lointain si l’on se fie au taux de dépendance énergétique du pays (supérieur à 90%). C’est dans ce nouveau contexte que s’est tenu récemment dans la capitale économique le Forum de la digitalisation de la transition énergétique (Forum Digital Energy).
Cette rencontre, qui a fédéré les représentants de TPME et de grands groupes ainsi que d’éminentes personnalités scientifiques, à l’instar de l’inventeur marocain Rachid Yazami, expert dans les batteries en lithium, a permis aux différents intervenants de montrer dans quelle mesure la digitalisation et les nouvelles technologies (AI, machine learning) peuvent faciliter, voire accélérer la transition énergétique. Et ce, dans une ère de plus en plus complexe en proie, entre autres, à la hausse des prix des énergies fossiles, l’accroissement de la demande énergétique, le réchauffement climatique ainsi que l’exacerbation du stress hydrique au Maroc.
Sachant que l’utilisation d’outils digitaux, dont certains sont devenus aujourd’hui incontournables, nécessite de l’énergie. Driss Lahrichi, DG de D&A Technologies, a démontré, lors de sa présentation, en quoi le digital est pourvoyeur de valeur ajoutée dans le secteur énergétique, appelé à relever plus de défis. «Nous avons accompagné la transformation digitale d’un opérateur éolien en France, avec à la clef des résultats probants. Grâce au digital, l’entité en question a accru sensiblement, entre autres, son C.A. Ce dernier est passé en 5 ans de quelques millions d’euros à plusieurs dizaines de millions d’euros», révèle l’ingénieur.
L’autre temps fort de la présentation de Lahrichi est l’explication des principales caractéristiques des projets de réalisation d’une centrale éolienne. «L’enjeu était de centraliser les données générées par les nombreuses étapes de la réalisation d’une centrale éolienne. Ces étapes concernent la prospection du foncier, les études, la conception, la réalisation, l’exploitation et la maintenance», explique-til. Ce dernier n’a pas manqué de noter que les outils digitaux ont permis d’exploiter la data pour une meilleure optimisation de la gestion de l’activité de l’opérateur éolien. L’organisation du travail des différents départements du groupe qui travaillaient en silo, a aussi été améliorée considérablement.
Les data centers, une composante essentielle de la transition énergétique
Les experts admettent la centralité des outils digitaux pour l’accélération de la transition énergétique, laquelle s’appuie sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Or, les data centers, outils sans lesquels le digital est une coquille vide, posent également quelques défis environnementaux. La rencontre casablancaise a permis aux spécialistes non seulement d’exposer les challenges environnementaux des data centers, mais aussi d’évoquer les pistes de solutions. En effet, ces infrastructures digitales sont énergivores. Cette donne pousse certains spécialistes à arguer que l’efficacité énergétique est le nouveau challenge de la performance des data centers.
Pour le Maroc, les énergies renouvelables en plein essor sont une alternative crédible pour l’alimentation des data centers dont le fonctionnement nécessite la mise en place d’un système de climatisation et de l’eau. L’enjeu est de taille si l’on sait que le Royaume fait partie des pays les plus impactés par l’amenuisement des ressources hydriques. Le génie civil des data centers, appelés à s’accroître au Maroc, soulève aussi plusieurs interrogations liées aux matériaux utilisés. La tendance actuelle est le recours aux préfabriqués plus respectueux de l’environnement et avantageux sur bon nombre d’aspects (coûts, performance énergétique, délais de livraison, etc.).