◆ La plante est préconisée pour les régions arides avec un sol moins fertile.
◆ Elle assure une marge nettement supérieure par rapport aux céréales.
Par C. Jaidani
Le climat semiaride du Maroc est l’une des principales contraintes pour le développement du secteur agricole. La fluctuation des apports hydriques, selon les saisons, donne des rendements parfois en deçà de la moyenne. Une bonne partie des cultures étant de type bour, les plantations sont intimement liées à la pluviométrie, ce qui pousse les paysans à pratiquer essentiellement la culture des céréales et des légumineuses.
Conscient de ce constat, l’Etat a, dans le cadre du Plan Maroc Vert, procédé à un vaste programme de reconversion des filières les plus vulnérables et les moins rentables, comme la céréaliculture, en privilégiant d’autres plus appropriées comme l’arboriculture. Mais cette initiative rencontre des difficultés importantes, notamment le montant de l’investissement engagé et la maîtrise de la technique de conduite des plantations, d’où l’idée d’investir dans des cultures plus résilientes à la sécheresse, faciles à déployer et qui peuvent être adaptées à tous les types de sols.
Dans ce cadre, l’OCP et l’Université Mohammed VI Polytechnique ont lancé dernièrement une opération pilote pour promouvoir le quinoa à Rhamna et Youssoufia. Le choix de ces 2 régions n’est pas le fruit du hasard; elles sont connues pour leur climat aride et un sol peu généreux. Le projet a rencontré un grand succès : le rendement à l’hectare a atteint 25 quintaux, alors qu’il ne dépasse pas en moyenne les 10 quintaux pour le blé. Rappelons que, déjà, en 1999, une autre expérience a été menée par le département de l’Agriculture à Khénifra et qui a donné, elle aussi, de bons résultats.
Outre le volet expérimental, il fallait passer au stade de l’exploitation à grande échelle en vulgarisant la culture auprès des fellahs. «Dans un contexte marocain marqué par des sécheresses récurrentes assujetties à un coût de production agricole en perpétuelle augmentation et une faible rentabilité de plusieurs exploitations, la réflexion devrait être poussée vers l’urgence de trouver des solutions pérennes. La culture du quinoa pourrait être une solution à long terme pour valoriser les terrains agricoles marocains, avec un taux de rentabilité très important», affirme Abdelaziz Rhezali, expert en agronomie, qui a mené des recherches sur le produit.
En effet, la marge que procure le quinoa est très intéressante et les charges sont en général bien maîtrisées. Les coûts engagés pour la culture de ce produit sont en moyenne de 8.000 DH/ha dans le bour, et passent à 11.000 DH/ha dans les régions irriguées. En revanche, les recettes peuvent atteindre les 70.000 DH, alors que pour le blé, elles se situent en moyenne à 8.000 DH. Au-delà de l’aspect production et de rentabilité, les exploitants se trouvent confrontés à des difficultés en matière de commercialisation.
«Le quinoa est peu connu auprès des agriculteurs et des consommateurs. C’est un produit de niche au Maroc. Il lui faut une vaste campagne de promotion. Plusieurs fellahs sont conservateurs dans leur mode d’exploitation. Ils sont méfiants envers tout ce qui est nouveau et ne veulent pas prendre de risque. Il est donc pertinent d’assurer un circuit de commercialisation adéquat pour leur produit afin de leur donner confiance», souligne Fatima Alaidi, présidente de l’association Annajah, basée dans la région des Rhamna.