Par M. Diao
Nombreuses sont les organisations non gouvernementales (ONG) qui ont appelé au cours de ces derniers jours au report de la COP26 à une date ultérieure. A titre illustratif, le Climate Action Network International, un réseau international de 1.500 organisations non gouvernementales, a demandé à ce que l’événement environnemental le plus médiatisé à l’échelle internationale, soit différé. Cette doléance est motivée par le dessein d’arriver à l’organisation d’une COP inclusive, qui se serait traduite dans les faits par la participation massive des délégués et des observateurs des pays du Sud. Les ONG pointent du doigt le manque de clarté sur la distribution des vaccins pour les délégués et les observateurs des pays du Sud, qui n’a pas encore commencé.
Le flou sur les coûts de quarantaine pour les ressortissants des pays classés en liste rouge par le Royaume-Uni, constituerait un véritable obstacle pour s’assurer d’une participation effective des pays du Sud, moins outillés à faire face aux conséquences de la hausse des températures. Il convient tout de même de rappeler que la présidence britannique de la COP26 a annoncé, en réaction à la demande de report, la prise en charge du coût des quarantaines bien que le risque sanitaire reste réel. L’ONU a émis une fin de non-recevoir concernant la requête des ONG.
L’organisation internationale justifie la tenue de la COP26 par le fait que la communauté scientifique mondiale ait indiqué clairement que le changement climatique est désormais une urgence mondiale. Et que seule une étape urgente et majeure dans l'action climatique peut maintenir les objectifs de l'Accord de Paris à portée de main et protéger les pays et les communautés les plus vulnérables contre l'aggravation des impacts climatiques. Une palette d’arguments valables Les partisans du report soutiennent l’idée selon laquelle l’absence des délégués et des observateurs de la société civile des pays du Sud serait de nature à étioler la légitimité des négociations internationales sur le climat.
Sachant que l’enjeu serait de taille puisque des sujets importants relatifs aux marchés carbone, les pertes et les dommages doivent être débattus lors de l’évènement. Les ONG sont formelles. Les pays en développement sont les plus vulnérables face aux impacts du changement climatique. L’inclusion de ces Etats serait une condition sine qua non pour aboutir à des résultats politiques crédibles lors de la COP26. Les défenseurs des pays du Sud arguent également qu’il ne peut pas y avoir de justice climatique si la COP26 ne réunit que des représentants du Nord.
Un parallèle qui a du sens A en croire les adeptes du report de la COP26, les problèmes de participation à la COP26, passés en revue, corroboreraient le renforcement de l’injustice, l’exclusion et l’accès inégal aux vaccins. Pour rappel, d’après l’OMS, 57% des Européens sont vaccinés contre 3% de la population africaine. Les ONG élargissent le débat en faisant remarquer que des mesures logistiques à destination seulement des participants à la COP26 sont largement insuffisantes.
En conséquence, le combat pour la justice climatique ne peut se poursuivre que dans le cadre de la lutte contre les causes profondes de l’inégalité et de l’injustice. Notons enfin que pour ceux qui plaident en faveur des pays Sud, le report de la COP26 ne doit pas se traduire en un report de l’action climatique. Au regard de l’urgence climatique, les pays riches devraient adopter des objectifs de réduction d’émissions plus ambitieux dans le court terme, dans l’optique de ne pas dépasser 1,5°C de hausse des températures.