"Face au choc induit par la crise sanitaire persistante, BAM et le GPBM ont fait bloc pour soutenir l’accès au crédit bancaire au profit à la fois des ménages et des entreprises, avec à la clé une batterie de dispositifs précis et efficaces, en toute conformité avec les normes prudentielles de Bâle III", a-t-il indiqué Zakaria Meliani, Professeur du droit bancaire et des affaires à l'université Hassan II de Casablanca à la MAP.
"Les établissements bancaires de la place ont joué également le jeu. Ils n’ont pas pris de mesures impopulaires à l’instar de la limitation des retraits bancaires. Au contraire, ils ont permis à une large population touchée de plein fouet par la crise sanitaire de reporter leurs échéances de crédit de toute catégorie (consommation, immobilier..etc), jusqu'au 30 juin 2020, tout en continuant à répondre aux demandes de financement de leur clientèle", a-t-il poursuivi.
"En général, les banques marocaines affronteront la crise dans une situation plus confortable que celle de 2008, eu égard à la stabilité du secteur financier international", fait-il observer, précisant que "les établissements de crédit respectent les normes strictes de BAM, notamment en matière de ratio de solvabilité au risque de se voir leurs agréments retirés".
Il a évoqué, en outre, un contexte national favorable, dans la mesure où les réserves de change dépassent les 240 milliards de dirhams (MMDH), soit une autosuffisance d’environ cinq mois et quelques jours au delà du seuil critique fixé entre 3 et 4 mois. "La facture énergétique allégée par la chute des cours de pétrole compensera, en effet, un éventuel repli des recettes touristiques et des transferts d’argent de la diaspora marocaine", fait-il remarquer.
L'universitaire a rappelé les mesures phares en matière de politique monétaire et prudentielle mises en place par la Banque centrale, à l'instar de la baisse du taux directeur de 25 points à 2%, la possibilité de recours par les banques à l’ensemble des instruments de refinancement disponibles en dirham et en devise ainsi que l’extension à un très large éventail de titres et effets acceptés par BAM en contrepartie des refinancements accordés aux banques.
Plus de 80% des personnes ayant contractés des crédits opèrent dans le privé
Pour l'économiste et spécialiste de la politique de change, Omar Bakkou, "Afin de faire face aux impacts économiques du Covid-19, des mesures importantes en matière de politique de financement de l'économie nationale ont été mises en œuvre par BAM et le GPBM. Cet arsenal de mesures, qui concernent les deux chaînes de valeur du financement bancaire de l’économie, à savoir le refinancement des banques auprès de BAM et la distribution des crédits par les banques aux entreprises et aux ménages, est "pragmatique, juste et pertinent".
"Il est juste car les facultés de remboursement des emprunteurs ont été sérieusement impactées pour des raisons de force majeur indépendantes de leur volonté, et pertinent puisqu'il s'agit d'un soutien financier accordé par le secteur bancaire à la population active marocaine et au secteur productif national, ce qui va leur permettre, d’une part, de mieux supporter le choc dû à cette perte provisoire d’activité et, d’autre, part de soutenir l’effort du gouvernement visant à assurer le confinement d’une partie importante de la population marocaine", a expliqué Bakkou.
En outre, ces mesures sont pragmatiques car s’agissant, par exemple du report des échéances des crédits, ces dernières risquent de ne pas être remboursées durant cette période, du fait que la majorité des personnes les ayant contractées (plus de 80%) opèrent dans le secteur privé", a t-il poursuivi, notant que ce dernier est presque à l’arrêt en ce moment, ce qui a impacté fortement à la baisse les revenus et les salaires des personnes concernées".
Rappel des mesures