L’industrie de la gestion d'actifs continue de prendre de l'ampleur au Maroc. En 2018, les actifs sous gestion ont culminé à 434 Mds de dirhams, en hausse de 4,57% par rapport à 2017. En 10 ans, l'industrie a vu ses encours exploser de 165%. Le secteur est capital, systémique même. Il assure, entre autres, la souveraineté économique du pays et est principalement investi par les institutionnels qui l'utilisent comme véhicule de diversification, aux côtés de leur gestion directe. Lamoitié des fonds du secteur est investie dans la poche obligataire long terme, qui abrite principalement des bons du Trésor sur des maturités longues.
Concurrence
A fin 2018, 17 sociétés de gestion (SDG) étaient en activité au Maroc. Elles gèrent quelque 448 fonds, qui constituent cette industrie de plus en plus concurrentielle où les acteurs de grande taille perdent des parts de marché au profit des indépendants et où, même parmi les mastodontes, des changements de position s'opèrent. Le leader du secteur demeure Wafa Gestion avec 24,72% de parts de marché, en baisse d'un point par rapport à 2017 et de 5 points par rapport à 2012, où un dirham sur trois investi dans ces véhicules l'était chez la filiale d'Attijariwafa bank. CDG Capital Gestion (CKG) occupe sa deuxième place historique et arrive à maintenir sa part de marché stable entre 17 et 16%. En revanche, la troisième place est désormais occupée par Upline Capital Management (UCM, avec 15%) au détriment de BMCE Capital gestion. UCM, filiale du Groupe BCP, réalise une progression fulgurante depuis 2012 où ses parts de marché n'étaient que de 9%.
Indépendants
Si les trois premières SDG s'accaparent 56% du marché, enmilieu de tableau on retrouve de belles histoires comme celles de Valoris Management, première SDG indépendante par sa taille, et qui améliore son positionnement année après année. Elle canalise désormais 7,6% des encours. Capital Trust Gestion se distingue aussi avec des parts de marché qui passent de 0,17% en 2012 à 2,05% actuellement.
Consultés, des investisseurs institutionnels préférant témoigner sous couvert d'anonymat confirment cette intensification de la concurrence.
Deux raisons sont évoquées : D'une part, une activité de captation de clients plus agressive offrant aux institutionnels une meilleure capacité de négociation des frais de gestion et, d'autre part, des rendements marginaux faibles chez les grosses cylindrées, dans un contexte de rendements bas. «Les grandes SDG sont pénalisées par leur faible delta de performances», commente une source pour qui cette raison explique en partie l'effet d'éviction vers des SDG de taille intermédiaire.
Petit épargnant
Si les OPCVM font partie de la palette naturelle de placement d'un institutionnel, les particuliers sont loin d'y penser systématiquement pour placer leur épargne. Selon nos calculs, rien que sur la poche action, 93% des OPCVM ont fait mieux que leur indice de référence (Benchmark) entre le 1er janvier et le 17 mai 2019. Sur une période de 5 ans, 90% des fonds font mieux que le benchmark. Difficile d'en dire autant des investisseurs particuliers. Mais attention, cette gestion active a un coût, des fois exorbitant, qui lamine la performance sur de faibles périodes. Toujours sur cette poche action, certains OPCVM affichent des frais d'entrée-sortie cumulés de 6%, pas du tout compétitifs par rapport à une gestion directe, aussi petite soit la bourse de l'investisseur.
Ce facteur peut expliquer, en plus du manque d'informations, le faible intérêt des épargnants pour ces produits qui offrent pourtant une diversification hors-normes, une garantie de gestion par un professionnel et une sécurité réglementaire élevée.
A.H