Selon le quotidien économique Kommersant, ces mesures portent sur la création d’un développeur-éditeur étatique, une initiative qui nécessiterait jusqu’à 50 milliards de dollars selon le scénario le plus ambitieux, la création d’une agence de notation nationale et la multiplication par 14 du nombre de studios de jeux vidéo.

Grâce à ces mesures, Moscou espère créer d’ici 2030, 25 jeux vidéo dotés d’un budget de 6,5 milliards de roubles chacun et 40 autres moins coûteux pour concurrencer les jeux mondiaux populaires, écrit la publication à grand tirage dans un article intitulé "jeu et bruit".

Le ministère russe du Développement numérique a reçu pour instruction d’examiner ces questions d’ici le 20 février, poursuit Kommersant, notant que les formats, les options et les sources de financement pour ce projet sont en train d’être examinés par le ministère de tutelle et que des mécanismes extrabudgétaires seront très probablement proposés.

Or, la plupart des spécialistes du secteur ayant quitté le pays, il sera difficile voire impossible d’atteindre ces objectifs, estime le quotidien, citant plusieurs experts.

Ainsi, Alexei Koptsev, directeur général et fondateur du studio Cyberia Nova, a relevé que le pays compte seulement une dizaine de studios de jeux en Russie capables de produire des projets triple A (jeux vidéo dotés des budgets de développement et de promotion les plus élevés).

"Le marché est, pour ainsi dire, réduit à néant. La plupart des studios ont été délocalisés à l’étranger pour pouvoir continuer à travailler, et de nouveaux studios doivent encore être créés", a-t-il dit.

Même son de cloche chez Gadji Makhtiev, fondateur du portail spécialisé "rawg.io", qui estime qu'à l'heure actuelle, l’industrie russe des jeux vidéo ne pourra pas atteindre ces objectifs.

"Plusieurs grands studios et spécialistes ayant quitté la Russie, nous devons nous concentrer non pas sur la sortie d’un certain nombre de produits à une date donnée, mais sur le maintien et la motivation de ceux qui sont restés", a précisé l’expert.

De l’avis de Makhtiev, il faudra deux à trois ans pour créer de nouvelles équipes, et ce n’est qu’en 2024-2025 que celles-ci seront prêtes à présenter des produits de qualité, "la durée de développement des projets ambitieux étant rarement inférieure à trois ans".