Union européenne: l’Espagne cheffe de l’Europe, alliée du Maroc !

Union européenne: l’Espagne cheffe de l’Europe, alliée du Maroc !

Alors que l’Espagne est en train de se préparer à des élections législatives anticipées, elle prend la présidence tournante de l’Union européenne. Un télescopage d’agenda qui peut être favorable aussi bien pour le Premier ministre Pedro Sanchez que pour les alliés stratégiques de l’Espagne, dont le Maroc. Ces élections espagnoles anticipées ont été convoquées par le Premier ministre suite aux dernières déconvenues de son alliance dans des élections locales.

L’opposition de droite y est donnée favorable pour revenir au pouvoir. Mais le timing précipité de leur organisation peut changer la donne et provoquer des résultats inattendus. Pour beaucoup, la présidence de l’Union européenne est susceptible de donner à Pedro Sanchez une visibilité, une aura et une exposition qui lui garantiraient une avance sur ses concurrents. Sanchez peut profiter de la vitrine européenne pour tenter de convaincre les Espagnols de lui redonner leur confiance, ou du moins de relativiser le possible triomphe de la droite.

Pour le Maroc, que Pedro Sanchez, l’homme politique espagnol qui a assumé le tournant de son pays sur la souveraineté du Maroc sur le Sahara, puisse présider l’Union européenne est une nouvelle assez prometteuse. Au minima de son action, il pourrait, par ses convictions et ses choix, installer une atmosphère européenne beaucoup plus favorable au Maroc. Les intérêts vitaux espagnols qui ont dicté ce choix se confondent avec les intérêts de l’Union européenne dans son ensemble. Il est vrai que le Premier ministre espagnol ne pourra pas imposer une clarification générale des positions des pays de l’Union à l’égard du Maroc, sachant que ce genre de décision nécessite une discussion et un vote des instances européennes, mais il peut suggérer, donner à voir à tous les intérêts que l’Union européenne pourrait réaliser si elle imite l’exemple espagnol.

D’ailleurs, une des logiques attendues de la démarche espagnole est de convaincre ceux qui doutent encore qu’il n’y a pas d’autres issues à cette crise régionale que sous souveraineté marocaine. Ce genre de démarche, qui installe une ambiance favorable au Maroc, peut aider les hésitants et les récalcitrants à sortir de la zone grise et de confort régulièrement dénoncée par le Maroc. A l’égard de l’ensemble régional maghrébin, la présidence espagnole est de nature aussi à mettre une lumière crue sur les vraies raisons de sa crise avec le régime algérien. Sans doute aussi pour y dénoncer la stratégie de chantage pratiquée par Alger à l’encontre de Madrid pour l’obliger à renoncer à sa décision régalienne de reconnaître la souveraineté du Maroc sur son Sahara.

La crise entre les deux pays fut telle qu’elle risque de précipiter de sérieuses remises en cause. Les pays européens ont déjà montré une solidarité sans faille avec l’Espagne dans son bras de fer avec le régime algérien. Le chantage à l’économie, au gaz et à l’immigration clandestine a laissé un très mauvais effet sur les gouvernements européens. Cette impression fut confirmée par la dernière visite du président algérien Abdelmadjid Tebboune à Moscou, où il s’est spectaculairement mis sous la protection de Vladimir Poutine. Alger assume donc ouvertement son rôle de financier de la machine de guerre russe en Ukraine, quitte à poser un défi sécuritaire majeur aussi bien aux Européens qu’aux Américains, tous profondément engagés à empêcher la victoire russe dans cette guerre en Ukraine.

Dès les premiers jours de sa présidence de l’Union, la diplomatie espagnole a tenu à souligner l’indéfectible engagement de l’Europe auprès des Ukrainiens. Ce qui fait automatiquement du régime algérien un obstacle et un adversaire à contenir par tous les moyens. Dans toutes ces équations, le Maroc a joué le pari gagnant. Allié à l’Espagne voisine, ferme plus que jamais avec la France hésitante, droit dans ses bottes avec les autres pays européens. Cette attitude et ces choix seront mis sous la lumière à l’occasion de cette présidence espagnole de l’Union européenne. Il sera donc plus facile de s’attendre à des accélérations politiques favorables au Maroc qu’à des marches arrière ou des remises en cause. Autrement dit, la présidence espagnole servira à huiler le dialogue politique entre le Maroc et les institutions européennes pour enterrer définitivement ce qui s’apparente aujourd’hui à un conflit artificiel, volontairement entretenu pour servir des agendas domestiques et des intérêts régionaux. 

 

 

Par Mustapha. Tossa journaliste et politologue

 

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