Après la résolution du 19 janvier dernier marquée du sceau de l'hostilité à l'endroit du Maroc, voilà que le Parlement européen persiste dans ce registre.
L'agenda de cette semaine est en effet le suivant : audition de la séparatiste Sultana Khaia le mardi puis, deux jours après, d'Aminatou Haidar dans le cadre de l'enquête Pegasus sur les personnes présumées ayant été espionnées par ce logiciel d'une société israélienne.
C'est une cabale qui se prolonge donc. Il faut de nouveau la mettre à nu. Pour commencer, des vérités sur cette dénommée Sultana Khaia. Elle prétend qu'elle défend les droits de l'Homme dans les provinces méridionales récupérées. Une mystification : elle est bel et bien un agent à la solde de l'Algérie et du «Polisario».
Marocaine, titulaire d'un passeport du Royaume, elle a effectué lors de la décennie écoulée pas moins d'une quinzaine de voyages dans le pays voisin et dans les camps de Tindouf. A son programme, une formation militaire mais aussi de propagande et d'instrumentalisation de faits à des fins politiques. Présidente auto-proclamée de «La Ligue sahraouie pour la défense des droits de l'Homme et la protection des richesses naturelles», elle reçoit d’Alger, mensuellement, 4.300 euros pour son «activisme».
Contrairement à ses allégations, elle n'est pas assignée à résidence : elle voyage librement, et elle vient d'ailleurs d’être entendue par le Parlement européen, à Strasbourg. Voici un an, son nom a été retiré de la liste de la Rapporteuse spéciale sur la situation des Défenseurs des droits de l'Homme, Mary Lawlor. Le motif ? La confirmation de l'authenticité des photos la montrant en treillis militaire avec une Kalachnikov - un démenti à l'Algérie et au «Polisario» qui prétendaient que les photos étaient «truquées»...
D'une affaire, l'autre…
Elle n'est pas une «activiste pacifique» ni une «militante des droits de l'Homme» : tant s'en faut. Elle appelle à la violence, à la lutte armée; elle provoque et agresse les membres des forces de l'ordre - une subversive. C'est ce profil-là qui est pris en charge par certains eurodéputés et leurs relais associatifs. Les uns et les autres invoquent et mettent en avant des valeurs universelles dont l'Europe se veut le temple et le porteétendard. C'est une totale contradiction. Un déni. Un reniement même. Ces mêmes termes de référence se retrouvent de nouveau dans une autre affaire : celle dite Pegasus. Sauf à préciser que le point d'entrée retenu en l'occurrence est l'audition d'une autre séparatiste, Aminatou Haidar. Pegasus ? Il faut y revenir. L'on se souvient de la surmédiatisation -notamment dans les médias français proches de l'Elyséefaite à ce sujet quant à l'implication du Maroc.
C'était en juillet 2021 et l'on avait eu droit à un véritable matraquage... L'Union européenne avait alors décidé de constituer une commission d'enquête. Pour sa part, le Maroc a engagé à Paris une action en justice en diffamation contre des ONG et des médias français qui ont relayé les accusations d'espionnage (Le Monde, Radio France, France Media Monde, Mediapart, L'Humanité, Forbidden Stories et Amnesty international).
Cette demande a été jugée irrecevable à la fin janvier 2022 au motif que le tribunal s'est référé à une jurisprudence de la Cour de cassation. Celle-ci stipule qu' «un Etat, qu'il soit français ou étranger, ne peut poursuivre en diffamation. C'est une exigence fondamentale de la liberté d'expression de pouvoir critiquer un Etat, qui a d'autres moyens de se défendre». L'avocat du Royaume a fustigé cette décision et des artifices de procédure de la défense ne permettant pas au Maroc et aux Marocains d'avoir le droit de savoir. Dix mois plus tard, la Commission européenne, dans un rapport préliminaire, indique «n'avoir pu détecter aucune preuve d'intrusion dans les téléphones de personnalités internationales pouvant impliquer le Maroc». Plus précisément, faute de preuves claires et convaincantes, cette commission précise qu'elle «n’a trouvé aucun lien entre les autorités marocaines et le logiciel espion Pegasus». Voilà qui fait justice des accusations infondées de plusieurs parties espagnoles, françaises et algériennes.
Harcèlement
Lors de la réunion du Parlement européen, ce jeudi 9 février, la séparatiste sahraouie Aminatou Haidar va être entendue ainsi qu'une journaliste de L'Humanité, Rosa Moussaoui, et un avocat, Salah Hammouri. Que peuvent-ils bien alléguer qui ne soit pas une resucée de leur rhétorique habituelle ?... Qu'en conclure ? De nouveau, certains milieux se mobilisent en débordant au-delà de ces deux «affaires» dans un périmètre plus large : celui de la corruption du Parlement européen.
Dans un premier temps, voici un mois, il était question de «Qatargate», puis l'on y a accolé celle de «Marocgate». Une procédure judiciaire a été engagée par la justice belge. Tout cela nourrit, qu'on le veuille ou non, un climat hostile au Maroc pour toutes sortes de raisons connues, qu'il faut résumer, comme l'a fait le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, en ces termes : «Le Maroc subit un harcèlement et des attaques médiatiques multiples (...) qui émanent de personnes et de structures dérangées par ce Maroc qui renforce son leadership». Une déclaration faite, à Rabat, le 6 janvier dernier, lors de la conférence de presse conjointe avec Josep Borrel, viceprésident de l'UE et haut représentant de l'Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité.
Par Mustapha Sehimi, Professeur de droit, Politologue