Entretien avec le ministre de l'Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
L’annonce a été faite vendredi 13 mars : suspendre les cours dans les maternelles, les écoles, les collèges, les universités et les centres de formation.
Lundi 16 mars, le système éducatif au Maroc s’est mis au digital, mesure incontournable pour que les élèves et les étudiants puissent poursuivre à distance les programmes scolaires et universitaires.
Au lendemain de la mise en place de ce dispositif, Saïd Amzazi, ministre de l'Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, détaille les actions menées au sein de la filière universitaire.
FNH : Dans ce contexte marqué par l'épidémie de Coronavirus, vous avez opté pour des mesures d'enseignement et de formation à distance. Comment ont réagi les enseignants, chercheurs et étudiants ?
Saïd Amzazi : Dès la prise de cette mesure, les présidents des universités ont été mobilisés pour la mise en place d’un process de formation à distance, basé sur des systèmes d’information et de réseaux sécurisés pour accompagner les étudiants dans leurs cours à domicile.
N’oublions pas aussi que les polycopiés et les ouvrages renforcent le dispositif pour faire face à ce contexte exceptionnel.
Nous avons même entamé des démarches auprès de l'ANRT et des opérateurs télécoms pour bénéficier de lignes Internet spécifiques à cette démarche afin de satisfaire les besoins de toutes les franges sociales.
Certaines universités, comme celle de Marrakech, disposent même d’un studio d’enregistrement à travers lequel les professeurs diffusent les cours en s’appuyant sur les canaux Youtube dédiés à toutes les filières.
Les sites web des universités révèlent que les interactions entre les étudiants et les enseignants sont papables pour la poursuite des programmes grâce aux liens créés par le corps professoral.
Ce qui est encore plus rassurant, ce sont les universités étrangères, comme Havard à titre exemple, qui ont ouvert leurs plateformes aux étudiants marocains dans des filières accréditées pour des modules spécifiques, en passant par des vidéos de streaming qui élucident les matières techniques et de pointe.
FNH : Les étudiants adhèrent-ils à ces démarches innovantes ?
S. A. : C’est un enrichissement extraordinaire du cursus, car ces vidéos streaming sont déposées au niveau d’une plateforme où les étudiants s’inscrivent gratuitement afin de les récupérer et les visionner autant de fois qu’ils le souhaitent.
En parallèle, nous produisons ce qu’on appelle des Mooc, qui sont des cours scénarisés, interactifs et séquencés, englobant aussi des quiz.
Nous ne disposons pas beaucoup de Mooc, une centaine à l’échelle nationale. Nous sommes en phase de production accélérée de cet outil.
Ces Mooc sont placés dans un portail appelé MUN (Maroc université numérique) à l’instar de FUN (France université numérique) avec lequel nous avons signé une convention.
Nous avons accès à tous les contenus francophones universitaires. L’expérience inédite qui a démarré dès ce week-end, a fait que chaque enseignant entre dans son amphithéâtre ou sa salle de cours avec un dispositif très élémentaire, notamment un Smartphone et un micro et enregistre un cours qui peut être retransmis directement sur Facebook ou Youtube et emmagasiné dans un portail.
Entre hier et aujourd’hui, le nombre d’enseignants à avoir adopté cette initiative est en forte croissance.
Je cite l’expérience extraordinaire de la faculté de Casablanca pour un cours d’anatomie qui a été partagé par tous les étudiants à l’échelle nationale.
C’est une dynamique extraordinaire, on ne peut que saluer cet engagement et ce sens de la responsabilité, aussi bien des professeurs que des étudiants qui adhèrent à cette démarche.
Je profite de l'occasion pour lancer un appel à tous les concernés et à tous les niveaux : la suspension des études ne signifie pas vacances. Ils doivent rester à la maison et avoir un planning de travail quotidien. Ils sont appelés à bénéficier et utiliser tous ces moyens mis à leur profit.
Pour les étudiants qui n’ont pas d’ordinateur ni de connexion, ils peuvent consulter les polycopies ou les ouvrages mis à leur disposition. Mieux encore, nous sommes en négociation avec l’ANRT et les opérateurs télécoms pour bénéficier de la gratuité d’Internet pour les sites qui assurent un enseignement à distance.
FNH : Qu’en est-il des examens qui étaient prévus cette semaine ?
S. A. : Il n’y a pas d’examens durant toute cette période et il n’y aura pas de dérogations. Une reprogrammation des examens est envisagée pour le mois de juin, si la situation revient à la normale.
FNH : Doit-on envisager une programmation des cours durant tout l’été ?
S. A. : Nous n’en sommes pas encore là. Nous n’avons aucune visibilité sur l’avenir.
Nous devons faire preuve de plus de solidarité, de sérénité et de bon sens, se retrouver autour de sa famille et attendre des jours meilleurs.