Le secrétaire général du parti du Mouvement populaire (MP), Mohamed Ouzzine, a adressé, lundi 23 janvier 2023, une lettre ouverte à l’ambassadrice de l’Union européenne au Maroc, Patricia Llombart Cussac, dans laquelle il dénonce la dernière résolution du Parlement européen vis-à-vis du Royaume du Maroc. Voici le texte intégral de cette lettre.
"Madame l’Ambassadrice,
J’ai le regret de vous faire part de la vive condamnation par le parti du Mouvement Populaire des allégations infondées contenues dans la résolution du Parlement européen du 19 janvier 2023, qui s’inscrit en droite ligne des attaques iniques et partiales dont fait l’objet le Royaume du Maroc au sein d’institutions européennes, qui sont le résultat de machinations et d’une volonté de nuire au partenariat stratégique qui lie le Maroc à l'Union Européenne.
Le parti considère que ces manœuvres abjectes, fomentées par certains courants politiques hostiles à un pays partenaire, fiable et crédible de l’Europe, interpelle au premier chef l'exécutif de l'Union Européenne qui n'a cessé de se féliciter de l’excellence de ses relations avec le Royaume du Maroc et de saluer la grande dynamique qui caractérise son partenariat avec le Maroc.
Le Haut Représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité et Vice-Président de la Commission européenne, M. Josep Borrell, en visite au début de ce mois à Rabat, avait d’ailleurs réaffirmé l’attachement de l’Union européenne à sa relation avec le Royaume qu’il a qualifié de « partenaire le plus dynamique et le plus proche » de l’Europe, et appelé notamment à hisser le dialogue politique et sécuritaire avec le Maroc.
A cet égard, le parti appelle l'Union Européenne à sortir de son mutisme et à exprimer sa position par rapport à ce dangereux et regrettable dérapage du Parlement européen, commis sous l’instigation de certains courants populistes et milieux partisans hostiles au partenariat liant le Maroc et l’Union européenne, qui est interpellée à juste titre pour exprimer une position claire par rapport à ces manœuvres qui :
- Ciblent le seul pays du voisinage Sud de l’Europe, dont les progrès en matière de droits de l’homme et les efforts de convergence avec la législation européenne sont cités en exemple ;
- Font fi de tous les mécanismes de dialogue politique et de concertation, institués dans le cadre du partenariat stratégique liant le Maroc et l’Union européenne et impliquant les différentes institutions des deux parties, et plus particulièrement les parlements marocain et européen.
Par ailleurs, et au-delà de la dénonciation de cette maladresse, malséance ou insolence institutionnelle, le parti du Mouvement Populaire se joint à d’autres institutions nationales (Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, Conseil de la communauté marocaine à l'étranger, Conseil national de la presse, etc.), ainsi qu’au Parlement arabe, pour condamner vigoureusement la résolution du Parlement européen au vu qu’elle constitue une ingérence flagrante dans les affaires intérieures d'un Etat souverain, à travers l’instrumentalisation de la question des droits de l'Homme sur la base de fausses allégations, dépourvues de fondements juridiques et de légitimité.
Cette immixtion dans les affaires intérieures du Maroc est doublement condamnable eu égard au fait que la résolution du Parlement européen contient des accusations et des allégations graves portant atteinte à l’indépendance du pouvoir judiciaire, qui a été constitutionnellement et pratiquement consacrée comme en témoignent les institutions judiciaires européennes elles-mêmes !
Dans ce sens, le parti exprime son rejet catégorique de toute ingérence dans la justice marocaine ou tentative d’influencer ses décisions, d’autant plus que certaines affaires évoquées par la résolution du Parlement européen sont toujours devant les tribunaux.
Contrairement aux faits travestis et dénaturés sur lesquels se sont basés les eurodéputés et qui sèment le doute sur la légalité et la légitimité des procédures judiciaires prises au sujet d’affaires dont certaines ont été jugées et d’autres en cours, le parti rappelle que les procès auxquels fait référence la résolution du Parlement européen se sont déroulés conformément à la loi, dans le respect total des garanties constitutionnelles et des conditions d’un procès équitable, telles qu’elles sont reconnues au niveau international.
Le parti souligne, par ailleurs, que les faits objet des procès intentés aux individus cités dans la résolution du Parlement européen ne sont en aucun cas liés à une activité journalistique ou à l’exercice de la liberté d’opinion et d’expression, qui sont garanties par la loi et la Constitution marocaines. En effet, les accusations qui leur sont portées et les faits qui leur sont reprochés concernent des crimes de droit commun, tels que la traite d’êtres humains, le viol et l’exploitation de la vulnérabilité des personnes ; des actes sévèrement sanctionnés par les lois partout dans le monde.
Le rejet catégorique par le parti de l’attitude du Parlement européen est d’autant plus motivé que les eurodéputés ont fondé leur résolution, sans procéder aux vérifications et recoupements nécessaires, sur des allégations infondées, des faits dénaturés et des informations tendancieuses, colportés par des organisations et des individus dont la partialité et la non-intégrité sont décriées, notamment par des Etats et des institutions européens.
Sur la base de tout ce qui précède, le parti exhorte l’Union européenne et toutes ses institutions et forces politiques actives à reconsidérer les agissements ignominieux à l’égard du Royaume et ses institutions, à respecter le principe de souveraineté nationale et à promouvoir la construction de partenariats solides, fondés sur le respect mutuel, le bon voisinage, le dialogue constructif et les intérêts stratégiques.
Confiant en la justesse de votre discernement et en la pertinence de votre action, je vous saurais gré de croire, Madame l’Ambassadrice, à l’expression de ma parfaite considération".