Threads: que vaut le concurrent de Twitter ?

Threads: que vaut le concurrent de Twitter ?

Avec ses 100 millions d'utilisateurs acquis en moins d'une semaine, Threads, le réseau social le plus récent de Meta, se positionne comme un concurrent de taille pour Twitter. Nous l'avons testé. Détails

 

Par Khalid Aourmi

Dès les premiers instants, l'interface de Threads semble familière. On retrouve des fonctionnalités telles que les boutons «J'aime», «Répondre», «Republier» ou «Citer» sous chaque message, similaire à ce que propose Twitter. Les messages sont limités à un maximum de 500 caractères, contre 280 pour les utilisateurs non-abonnés payants de Twitter. Les utilisateurs peuvent également inclure des vidéos d'une durée pouvant atteindre cinq minutes.

De plus, à l'instar des carrousels sur Instagram, il est possible d'intégrer jusqu'à 10 photos dans un post, une fonctionnalité qui se révèle particulièrement réussie et qui relègue parfois le texte au second plan. Cependant, les différences se manifestent principalement dans le flux d'actualités. Alors que Twitter propose un flux algorithmique ainsi qu'un flux dédié aux abonnements, Threads ne déploie pour l'instant que le premier. Cette approche peut s'avérer frustrante, car les publications des comptes suivis se mélangent avec les recommandations de l'algorithme.

Résultat : un grand désordre où des marques et des célébrités, que l'on soit abonné à elles sur Instagram ou non, viennent parasiter les comptes que l'on souhaite réellement suivre sur Threads. Il est donc difficile d'en faire, comme sur Twitter, un outil spécialisé efficace dans un domaine spécifique. De plus, certaines fonctionnalités de base font défaut sur Threads, telles que les messages privés, les recherches thématiques ou encore les hashtags permettant de suivre des sujets précis. Adam Mosseri, le directeur d'Instagram, reconnaît lui-même ces lacunes : «Il manque des tas de fonctionnalités de base : la recherche [par mot], les motsclés, un fil [pour suivre les comptes auxquels on est abonné]... Nous y travaillons [...] mais cela prend du temps.»

 

La fête est finie !

Après une semaine de lancement qui a vu plus de 100 millions de personnes s'inscrire sur l'application, Threads ne parvient pas à retenir ses nouveaux membres. Désormais, l'engagement des utilisateurs se tasse. «Depuis plus de 10 ans que Sensor Tower estime le nombre d'installations d'applications, les 72 premières heures de Threads constituent une classe à part», assure Anthony Bartolacci, le Directeur général de Sensor Tower au média américain CNBC. Selon Data.ai, c'est en Inde que l'application Threads a été téléchargée le plus de fois. Facebook y a réalisé 33% de ses téléchargements. Suivent le Brésil (22%) et les Etats-Unis (16%). Ce lancement exclut toujours les possibles utilisateurs européens.

Compte tenu de ses conditions d'utilisation et de l'exploitation des données personnelles, Threads n'est pas disponible en Europe. Elle menace l'existence de Twitter, qui compte entre 200 et 350 millions d'utilisateurs actifs. Elon Musk voit en Threads un rival qui ressemble tellement à Twitter, qu’il accuse Meta de vol de secrets industriels et de violation des droits de propriété intellectuelle. Selon une lettre publiée par le site Semafor, Facebook, dirigée par Mark Zuckerberg, est également accusée d'avoir embauché plusieurs anciens de Twitter. Meta dément ces allégations et attribue une coche bleue aux comptes jugés fiables sans nécessiter d'abonnement payant.

En conclusion, Threads possède indéniablement des atouts et une base solide d'utilisateurs pour rivaliser avec Twitter, mais il est encore trop tôt pour déterminer si l'application pourra réellement le remplacer. Les entreprises technologiques ont appris de leurs échecs passés, et ce sont les utilisateurs actifs qui font la différence. De plus, les effets de mode peuvent être éphémères et conduire à l'échec d'une plateforme. Des exemples tels qu'IGTV d'Instagram en 2018 ou Google+ de Google en 2011 en sont des illustrations. La montée en puissance des débats politiques à l'approche de l'élection présidentielle américaine en 2024 sera également un défi de taille pour Meta, qui doit éviter de répéter les erreurs du passé et de susciter des préoccupations en matière de confidentialité et d'intégrité des données. 

 

 

 

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