À l’échelle internationale, la technologie 5G est sur le point de dépasser la 4G en termes de nombre d’abonnements. Et au Maroc, la course au déploiement est lancée avec des acteurs mondiaux en embuscade.
Par K.A
Le nombre d’abonnements 5G a explosé ces dernières années. De 1,6 milliard en 2023, il a atteint environ 2,27 milliards en 2024, et devrait grimper à près de 5,65 milliards d’ici 2030, faisant de la 5G la norme dominante des communications mobiles. Les États-Unis, la Chine et la Corée du Sud font figure de leaders dans l’adoption de cette technologie. La Chine, en particulier, a mis en place un écosystème industriel structuré, avec plus de 341 villes couvertes par la 5G en 2021.
De son côté, la Corée du Sud affiche les meilleures vitesses de téléchargement (354,4 Mbps en moyenne), tandis que l’Arabie saoudite détient le record des pics de vitesse avec 862,6 Mbps. L’Europe, quant à elle, avance de manière plus progressive, bien que la Commission européenne ait alloué 1 milliard de dollars à la recherche et au développement de la 5G dans le cadre de son programme Horizon 2020. Dans ce contexte, la concurrence entre les équipementiers s’intensifie.
Samsung, Huawei, Nokia et Ericsson rivalisent pour imposer leurs standards technologiques et décrocher les plus gros contrats. L’un des principaux atouts de la 5G réside dans son potentiel pour l’Internet des objets (IoT). Avec ses débits ultra-rapides, sa faible latence et sa capacité à connecter des millions d’appareils simultanément, la 5G ouvre la porte à une nouvelle génération de services.
D’ici 2023, les véhicules connectés devraient représenter la plus grande part des objets reliés à la 5G, avec plus de 19 millions d’unités installées. Mais les caméras de surveillance extérieures et les systèmes de gestion de flotte constituent également des applications majeures. Dans l’industrie, la 5G est appelée à jouer un rôle central, notamment à travers les usines intelligentes qui utiliseront la connectivité avancée pour optimiser la production et la maintenance prédictive. L’impact économique de cette transformation est considérable : d’ici 2035, la 5G pourrait générer 13,2 trillions de dollars en ventes indirectes et 22,3 millions d’emplois dans le monde.
Le Maroc, nouveau terrain de bataille
La 5G est déjà largement déployée Les défis du déploiement en Asie, en Amérique du Nord et en Europe, et le Maroc s’apprête à franchir une nouvelle étape. L’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) prévoit de lancer un appel d’offres pour son déploiement, attisant ainsi la concurrence entre les principaux acteurs mondiaux du secteur. La compétition est féroce. Huawei, déjà bien implantée au Maroc grâce à ses collaborations avec Maroc Telecom et Orange Maroc, semble en position de force face à ses concurrents occidentaux comme Nokia, Ericsson et Oracle. Les tensions géopolitiques entre Washington et Pékin pourraient-elles influencer le choix du Royaume ?
Les États-Unis cherchent en effet à limiter l’influence de la Chine sur les infrastructures critiques en Afrique, mais jusqu’ici, les tentatives de Washington pour contrer Huawei n’ont eu qu’un impact limité sur le continent. L’enjeu est d’autant plus stratégique que le Maroc prépare des événements internationaux majeurs, notamment la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025 et la Coupe du monde 2030, pour lesquels une couverture 5G sera un atout clé.
L’objectif annoncé par le gouvernement est ambitieux : couvrir 25% de la population en 5G d’ici 2026, et atteindre 70% en 2030, avec une priorité donnée aux villes hôtes des compétitions. Bien que la 5G suscite un grand intérêt, son déploiement au Maroc s’accompagne de plusieurs défis majeurs. Le premier obstacle concerne le coût des infrastructures. Cette technologie nécessite un réseau plus dense avec un grand nombre d’antennes et une modernisation des équipements existants, ce qui représente un investissement considérable pour les opérateurs.
Ensuite, les contraintes réglementaires constituent un autre défi. L’ANRT doit mettre en place un cadre législatif clair pour l’attribution des fréquences et l’organisation du partage des infrastructures entre les différents acteurs du marché. Par ailleurs, l’accessibilité des terminaux reste un frein à l’adoption massive de la 5G.
Bien que les smartphones compatibles se multiplient, leur prix demeure élevé pour une partie importante des consommateurs marocains, limitant ainsi la pénétration de cette nouvelle technologie. Enfin, la rentabilité pour les opérateurs représente une question centrale. Déployer la 5G implique des coûts importants, et il est essentiel que cette technologie génère des revenus suffisants pour justifier ces investissements. L’enjeu sera donc de proposer des offres attractives et de stimuler la demande pour garantir un retour sur investissement viable.