Le volume ayant transité sur le marché central en janvier s’élève à peine à 1,9 milliard de DH.
Les valeurs de rendement sont celles qui profitent le plus des flux acheteurs.
Par Y. Seddik
Après avoir trébuché lors des deux premières semaines de l’année, le marché actions a repris quelques couleurs depuis peu, pour finalement boucler le mois sur un léger retrait de 0,12%. Le dernier rebond a été déclenché par le retour de l'argent malin sur les secteurs classiques rémunérateurs de la cote (on en parlait il y a quelques semaines d’ailleurs - voir Point Bourse Hebdo du 22 janvier 2019). D’autant que la dernière ruée vers les emprunts de l’Etat a été profitable, par arbitrage, aux actions.
Pour les professionnels, ceci explique en bonne partie la performance et les volumes sur plusieurs actions, dont Maroc Telecom, valeur souvent présente dans les portefeuilles des OPCVM spécialisés dans les taux pour générer de l'«Alpha». L'action a porté hier sa performance depuis le 1er janvier à plus de 6%, largement supérieur à la moyenne du marché, et continue d'afficher un rendement au-dessus de 4% sur ces niveaux, tout en offrant une liquidité maximale.
Or, la faiblesse des échanges saute aux yeux. Comparativement aux années d’avant, les volumes traités ce mois-ci trahissent un manque d’engagement criant des investisseurs. A la clôture mensuelle (31 janvier), la volumétrie sur le marché central s’est chiffrée à 1,9 milliard de DH, alors qu’elle était de 3,1 milliards de DH, fin janvier 2018. Deux ans plus tôt, ce chiffre était bien plus important, puisque 7,2 milliards de DH avaient changé de mains. Rappelons qu’en 2017 du cash avait afflué sur les actions à travers les OPCVM, ce qui a provoqué une hausse rapide de 10% des indices.
Même constat pour la gestion collective
Ce constat vaut également pour l’industrie de la gestion collective. Les derniers chiffres publiés par l’AMMC, arrêtés au 18 janvier, font état de souscriptions très maigres de 1,56 million de DH par les fonds actions. En face, les rachats sont de 14 millions de DH. Alors qu’une année auparavant, les OPCVM actions ont connu une collecte exceptionnelle de 1,25 milliard de DH (19 janvier 2018).
Mais apportons tout de même un bémol à ce constat : ce début d’année timide ressemble à celui de l’année 2016 où janvier s’était soldé par un retrait de 0,30% et une volumétrie de 971 millions de DH, bien plus inférieure que celle-ci. Mais cette année, rappelons-le, le Masi avait enregistré l’une des plus belles performances de son histoire : 31,59%.
Le moins que l’on puisse dire est que ce manque de cash ne donne pas vigueur au mouvement de reprise actuel. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer cette baisse de régime : une tendance qui n’est pas encore claire, un sentiment partagé entre ceux qui pensent que le rebond peut se poursuivre et ceux qui craignent la rechute. Ou encore une volonté des investisseurs de «dérisquer» leurs portefeuilles dès le début d’année et de réduire leur bêta au maximum. Quoiqu’il en soit, les prochaines séances nous en diront plus. ◆
Encadré : La thématique rendement recherchée
Maroc Telecom, Attijariwafa bank, BCP, Marsa Maroc, Lesieur Cristal ou encore Cosumar ont été les plus recherchées ce mois-ci (voir tableau des volumes mensuel). Cette catégorie de valeurs a retrouvé ses lettres de noblesse auprès des investisseurs. Révolu donc le temps, comme en 2016 et 2017, où les opérateurs se précipitaient sur les valeurs immobilières et spéculatives. Désormais, ils cherchent du rendement sûr (une capacité à verser des dividendes réguliers, à défaut d'être toujours élevés) et une visibilité meilleure.