Le DG d'Attijariwafa bank, Ismail Douiri, était l'invité à la cinquième Journée du capital-investissement. Il a émis des réserves sur un développement trop rapide à l'international.
Invité pour exposer la méthode Attijariwafa bank au congrès de l'AMIC, Ismail Douiri a émis quelques réserves sur les intentions des professionnels marocains : «lorsque j'ai reçu cette invitation, j'ai essayé de faire un sondage autour de moi pour comprendre les opportunités qui s’offrent aux capital-investisseurs marocains dans d'autres pays. Cela m'a permis de conclure que cette industrie est encore jeune, (ndlr : le capital-investissement a officiellement 15 ans) et qu'elle devrait d'abord relever les défis qui existent au Maroc avant de s'attaquer à d'autres marchés.
L'expérience Attijariwafa bank
Pour donner de la perspective à ses paroles, le DG d'Attijariwafa bank a expliqué qu'il faut remplir certaines conditions (comme entreprise ou comme secteur), avant de chercher à aller à l'international. Il est donc revenu sur les raisons qui ont motivé la banque à aller chercher des relais de croissance à l'international. Une aventure qui a démarré il y a plus de 10 ans et qui fait aujourd'hui d'Attijariwafa bank un établissement bancaire dont 20% du total bilan, du PNB et du RNPG proviennent de l'international. «Tout a démarré après la fusion Wafabank/BCM. Au lendemain de l'opération, nous nous sommes retrouvés avec des parts de marchés confortables sur l'ensemble des segments du marché bancaire. Ces dernières allaient de 26% à 45%, selon les segments. En face, la Bourse nous a valorisé à des niveaux bien supérieurs à la croissance du marché qui donnait déjà des signes de faiblesse. Au fait, avec une croissance du PIB de 5% et une inflation de 2%, les investisseurs nous valorisaient sur la base d'une croissance normative de l'activité de 7% qui, avec la productivité, pouvait aller à 10%. Un engagement impossible à tenir. Il fallait donc justifier ces niveaux de valorisation en cherchant de la croissance ailleurs. Troisième contrainte, certains clients devenaient trop grands et risquaient de chercher de nouvelles banques à l'international pour les accompagner. Maroc Telecom, par exemple. Il fallait dès lors pouvoir les retenir en leur démontrant notre capacité à suivre leur croissance au Maroc comme ailleurs». C'est à partir d'une situation confortable sur le marché local qu'il faut réfléchir à aller ailleurs. «Il faut être à l'aise sur le marché local et disposer de fonds propres excédentaires. Nous étions dans cette situation et, au lieu de distribuer massivement des dividendes et alerter nos actionnaires sur un tassement de la croissance, nous avons préféré investir». Après, lorsque l'installation est effective, démarre la vraie aventure. Pour le cas d'Attijariwafa bank, il s'agissait de réduire les risques opérationnels en harmonisant les systèmes d'information. «Il faut également être attentif aux risques monétaires et réglementaires», conclut le banquier.
Adil Hlimi