Hicham Zanati Serghini, Directeur général de la Caisse centrale de garantie (CCG), explicite le rôle central que jouera l’institution au sein de ce dispositif inédit. Il détaille également les facteurs de succès de ce programme.
Propos recueillis par A.H
Finances News Hebdo : Au sein du réseau bancaire, les circulaires sont en place et les premiers dossiers ont été traités. Vous confirmez que le mécanisme est bien opérationnel ?
Hicham Zanati Serghini : Le mécanisme est aujourd’hui bel et bien opérationnel. Quand nous avons signé ce lundi les conventions avec nos partenaires du secteur bancaire, un travail en amont avait déjà été réalisé de manière à ce que le lancement des produits soit fait dans la foulée de la signature.
Les banques sont donc prêtes et la prise en charge des demandes de crédit se fait aujourd’hui au sein des différentes agences.
Comme cela a été rappelé le jour du lancement, nous sommes sur un dispositif qui comprend deux outils de garanties et un outil de financement et de co-financement.
Pour rappel, la garantie est une solution que nous mettons à disposition de nos partenaires du secteur bancaire. En d’autres termes, le crédit c’est l’affaire de la banque, et une fois que ce financement est réalisé, nous «backons» ces financements qui sont accordés par le secteur bancaire.
La CCG dispose de plusieurs produits de garanties, les deux cités sont nouveaux. Ils ont pour principe de prendre en charge entre 40% à 80% par rapport au risque que prend la banque.
F.N.H. : Il y a une confusion au niveau du rôle des 8 Mds du Fonds spécial d’appui aux PME. Pourriez-vous clarifier pour nos lecteurs l’utilisation qui sera faite de ce Fonds ?
H. Z. S. : Les 8 milliards de dirhams représentent les ressources allouées au fonds à partir duquel vont être soutenues les différentes composantes de ce programme intégré.
Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il y a un effet de levier au niveau de ce système de garantie. Les montants que nous allouons en contrepartie de chaque crédit ont un effet de levier en fonction de leurs risques.
Quand il s’agit, à titre d’exemple, de création ex nihilo, chaque Dirham engagé génère un financement de 4 DH. De même, s’il s’agit d’une création d’entreprises dans des secteurs beaucoup plus difficiles, l’effet de levier est de 3.
Quand il s’agit en revanche d’une entreprise qui souhaite financer un cycle d’exploitation, ou autres, l’effet de levier est encore plus important.
En gros, sur chaque Dirham, l’effet de levier peut être de 7 ou 8. Il ne faut donc pas voir le montant des 8 milliards de DH comme un capital qui sera après transmis aux entreprises via le secteur bancaire ! Ce montant, encore une fois, est là pour «backer» les financements.
Au final, les financements qui seront accordés aux entreprises dans le cadre de ce programme seront entre 5 à 7 fois supérieurs à ce montant de 8 Mds de DH.
F.N.H. : Comment seront utilisés les 2 milliards de DH apportés par le Fonds Hassan II ?
H. Z. S. : Il s’agit d’une ligne de financement pour le milieu rural. Les 2 Mds de DH iront au financement ou au refinancement des établissements de crédit qui vont financer cette population au niveau rural.
Il y aura donc 2 milliards de DH de crédits qui pourront, en fonction des banques, s’ajouter à leur propre refinancement auprès de la Banque centrale. Mais l’idée qu’il faut retenir, c’est que le Fonds Hassan II a mis 2 milliards de dirhams pour servir le financement dans le monde rural.
F.N.H. : Quel est le sort des produits de la CCG déjà existants ? Et quels sont les facteurs de succès du programme ?
H. Z. S. : De manière plus globale, nous sommes sur des produits qui s’ajoutent à ce qui existe déjà. La continuité est donc là, et les entreprises qui ont plus de 5 ans, notamment celles qui évoluent dans le secteur industriel sur des projets intéressants, essentiellement des PME et TPE, continueront à être soutenues. L’idée n’est pas d’arrêter les financements à certains pour les donner à d’autres. Nous sommes là pour accompagner tout le monde.
Quand vous regardez ce qui a été fait au cours de ces dernières années, si je prends juste les chiffres de la CCG, vous remarquerez qu’il y a une très belle progression. Cela dit, nous agissions beaucoup plus en faveur de la PME, au moment où le parent pauvre a toujours été la TPE. Pour que le programme marche, il faut tout d’abord une belle dynamique des acteurs, car l’entrepreneuriat est justement une dynamique d’acteurs et d’entrepreneurs. Notre rôle est de bien comprendre leurs besoins et de leur apporter les solutions nécessaires, qui sont le financement et l’accompagnement.
Quand vous avez une idée ou un projet, il est nécessaire d’avoir un certain nombre de relais qui vous aident à le peaufiner. Mais, au final, c’est aux entrepreneurs de faire en sorte que leurs projets réussissent. ◆