16 alertes sur résultats ont été publiées par les sociétés cotées à la Bourse de Casablanca. Les règles de bonnes pratiques souvent mises de côté.
L’Autorité codifie pourtant la démarche à adopter en la matière.
Par Badr Chaou
Dans la foulée des publications des résultats annuels de l’année 2018, certaines sociétés cotées n’ont toujours pas retenu l’importance que revêt la communication financière d’un point de vue éthique.
Une entreprise qui communique sur son activité, ou sur toute autre information la concernant, avant de traduire sa volonté de bonne pratique des règles, prête d’abord appui à l’efficience et à la transparence du marché.
Dans ce sillage, l’alerte sur les résultats représente une grande nécessité aux yeux des actionnaires et des différents opérateurs du marché, qui doivent être informés en temps opportun d’un profit warning.
Or on constate qu’en cette période de publication des résultats annuels 2018, plusieurs entreprises de la cote tardent à avertir le marché en cas de profit warning. Un constat dénoncé par certains analystes. L’un d’entre eux nous confie que «cette année, nous remarquons qu’il y a beaucoup de retard de communication de la part de certaines sociétés de la place concernant des incidences en lien avec leurs résultats. La majorité de ces sociétés tarde à informer le marché en cas de profit warning».
Que dit l’Autorité ?
Dans sa circulaire codifiée de l’article 18 du Dahir portant loi n°1-93-212, l’Autorité marocaine des marchés de capitaux (AMMC) indique : «Les personnes morales faisant appel public à l’épargne sont tenues de publier dans un journal d'annonces légales aussitôt qu'elles en ont pris connaissance, tout fait intervenant dans leur organisation, leur situation commerciale, technique ou financière, et pouvant avoir une influence significative sur les cours en Bourse de leurs titres ou une incidence sur le patrimoine des porteurs de titres».
De même, pour plus de précisions, l’AMMC, dans son guide de la communication financière, a bien pris la peine d’énumérer les faits importants assujettis à une communication de la part des sociétés cotées, et parmi lesquels figure le profit warning.
Mais, poursuit notre analyste, «la majorité des entreprises de la cote n’informe pas d’une alerte sur les résultats dans l’immédiat, afin de ne pas subir l’impact négatif que cette annonce pourrait induire sur leurs cours boursiers. Il faut noter que concrètement, ils n’enfreignent pas la loi, mais ils prennent leur temps pour communiquer».
Nasser Seddiqi, directeur des opérations financières et des marchés au sein de l’AMMC, nous a expliqué, lors d’une interview qu’il nous a accordée à l’issue des résultats semestriels, que «tant que la communication financière se fait dans le délai fixé, l’émetteur remplit son obligation légale. Bien sûr, les émetteurs sont fortement encouragés à publier leur compte le plus tôt possible. Néanmoins, je pense que le plus important n’est pas tant le timing absolu de la publication de l’information, mais sa diffusion dans le public de manière égalitaire. Si ce principe est respecté, le timing de publication de l’information, pourvu qu’il respecte les délais légaux, n’affecte pas sa lisibilité ou sa pertinence».
Autrement dit, il n’y a pas de date particulière pour la notification d’un profit warning. La seule qui devrait être prise en considération par les sociétés cotées est la date limite de publication des résultats, fixée au 31 mars.
En cela, l’AMMC procède à un contrôle de conformité en matière de communication financière. Après cet examen, l’Autorité peut infliger des sanctions disciplinaires aux sociétés, suite au non-respect des dispositions légales en la matière, que ce soit pour la non-notification de profit warning en temps opportun (juste après sa prise en compte) ou pour la publication des résultats au-delà des délais autorisés. Même si, rappelons-le, il est difficile de prouver qu’une société n’a pas respecté le timing pour alerter sur ses résultats. ◆
Déjà 16 profit warning !
Pour l’année 2018, plusieurs sociétés cotées ont enregistré une baisse significative de leurs réalisations à cause de la survenance d’évènements exceptionnels ou suite à des raisons conjoncturelles. Il y en avait 16 au moment où nous mettions sous presse. Quasiment tous les secteurs y passent, de quoi démoraliser la cote.
Le spécialiste en assurance Saham, le Groupe Addoha, Lesieur Cristal, ainsi que Disway demeurent jusqu’ici des entreprises qui se sont montré les plus regardantes face aux directives de l’AMMC en ce qui concerne l’alerte sur les résultats, en communiquant notamment dans des délais convenables.