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Prêt-emprunt de titres : La réforme qui va relancer la Bourse

Prêt-emprunt de titres : La réforme qui va relancer la Bourse

 

Le prêt-emprunt de titres concentré sur les bons du Trésor.

La vente à découvert bientôt démocratisée grâce à une réforme de la loi. 

 


A lire >  Prêt-emprunt de titres : La très attendue réforme arrive (entretien)


 

Le prêt-emprunt de titres, bien que peu médiatisé au Maroc, est sans doute la plus grande révolution qu'a connue le marché financier marocain ces 5 dernières années.

Depuis le démarrage effectif de la loi 45-12 régissant cette activité, les volumes n'ont cessé de croître, atteignant durant l’année 2017 près de 510 milliards de dirhams, en augmentation de 57% comparativement au volume réalisé en 2016.

Une progression qui témoigne à la fois du besoin qu'avait le marché, mais aussi de la dépendance de certains opérateurs, les banques notamment, qui prennent goût à cette source inépuisable de collatéral. Pour avoir un ordre de grandeur, le volume réalisé sur le prêt-emprunt de titres dépasse l'encours de toute l'industrie de la gestion d'actifs et équivaut à près de la moitié du PIB du Maroc.

La configuration de la répartition des volumes traités par catégories de clients est restée identique à celle observée en 2016, elle-même structurellement stable, avec une très large prédominance des banques en tant qu’emprunteurs (71%) et des OPCVM en tant que prêteurs (81%).

Cette répartition s'explique par le fait que les banques utilisent ce mécanisme pour accroître leur collatéral et pouvoir se refinancer à volonté. C'est d'ailleurs pour cette raison que les opérations portent principalement sur les bons du Trésor, avec un poids de 82% dans le volume des titres prêtés l'an dernier.

Le volume des prêts dits à blanc (réalisés sans garantie entre le prêteur et l'emprunteur) n'est plus rendu public depuis 2016. Mais au dernier pointage, le gros du volume se faisait de cette manière (sans garantie) en intra-dépositaire, et ce pour avoir un minimum d'anonymat dans les opérations et réduire leurs coûts.  

 

Faible volume sur les actions

Le prêt sur actions est, pour sa part, demeuré marginal depuis le lancement de cette activité, avec une part représentant à peine 1,1% du volume total en 2017. Pourtant, l'un des objectifs premiers de la loi sur le prêt-emprunt était de dynamiser les volumes et la liquidité du marché actions.

L'une des principales raisons derrière cet échec est que le prêt-emprunt se fait de gré à gré. Or, sur les actions, l'anonymat est un critère déterminant, étant donné que ce mécanisme est utilisé dans la vente à découvert (opération boursière qui consiste à parier sur la baisse d'un titre). Sans anonymat, le prêteur connait avec exactitude les intentions de l'emprunteur et son identité. Dans sa version initiale, la loi était inadaptée à ce marché, poussant les professionnels à monter au créneau dès sa publication.

 

Une révolution dans l'air

Un amendement capital de la loi n°45-12 relative au prêt de titres est dans le circuit législatif. Dans le rapport annuel de l'AMMC publié il y a quelques semaines, il y est précisé que ce dernier «tend notamment à préciser certaines notions et mécanismes liés au prêt de titres. Il en est ainsi du champ d’application de la loi, en ce qu’il s’étend aux titres admis aux opérations du dépositaire central, des conditions contractuelles des parties à une opération de prêt de titres en ce qu’elles consacrent plus de liberté contractuelle, de la détermination de la date du transfert de propriété des titres prêtés, de l’introduction de nouveaux acteurs et de nouveaux services».

Cet amendement, qualifié de révolutionnaire par les professionnels, ouvre le marché du prêt de titres aux personnes physiques répondant à des conditions particulières et aux personnes morales étrangères.

Ces deux acteurs clés de l'écosystème pourront utiliser cet outil pour réaliser des ventes à découvert et donc pouvoir s'exposer sur le marché actions et exprimer leurs convictions, même en temps de baisse.

Une pratique qui permettra au marché de gagner en efficience en le ramenant vers ses fondamentaux quand le besoin se fera sentir. L'amendement facilite également les opérations en acceptant les transactions validées par téléphone et en introduisant de nouvelles activités chez les dépositaires notamment.

Aussi, sur les modalités de cession de titres, l'amendement apporte plusieurs précisions permettant de pratiquer la vente à découvert dans la transparence et sous l'entière surveillance du régulateur. 

 

Sortir d'un marché One way

Avec cette démocratisation du prêt-emprunt et donc de la vente à découvert sur les actions, les opérateurs pourront enfin pouvoir s'exprimer en temps de hausse comme en temps de baisse. Cela aidera à mettre fin aux périodes difficiles qui fragilisent tous les professionnels du secteur à chaque fois que les cours baissent. Fini les périodes où le marché corrige par les volumes. Ceci ramènera de la profondeur et de l'efficience et créera de nouveaux revenus pour des opérateurs tributaires des volumes, leur permettant de gagner en taille et en maturité. De quoi tirer la Bourse de Casablanca vers le haut.

Mais, pour cela, un travail de pédagogie sera nécessaire afin d’accompagner les nouveaux arrivants sur ce marché, surtout les particuliers. Le marché s'impatiente et l'amendement est déjà dans le circuit. ■

 

Par A. Hlimi

 

 

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