Les banques marocaines ont quasiment retrouvé leurs niveaux de bénéfices d'avant crise.
La rentabilité dépend de plus en plus des activités de marché.
Par A. Hlimi
Blessées, données pour mortes dans certains pays, les banques ont connu des moments critiques au début de la pandémie. L'arrêt de toute activité économique, la montée des risques et des impayés ont causé des trous béants dans leurs bilans, obligeant les Banques centrales du monde entier à ouvrir les vannes et les maintenir sous perfusion monétaire en attendant des jours meilleurs.
Au Maroc, la résilience du secteur s'est très vite confirmée, et les tout premiers stress-tests réalisés par Bank Al-Maghrib en mai 2020 ont démontré la capacité des banques à faire face à la situation. Et pour s'en assurer, la Banque centrale a emboîté le pas à ses homologues en servant la totalité des besoins des banques, en élargissant le collatéral, en rallongeant la durée des prêts, en faisant baisser le taux directeur et en empêchant momentanément les banques de distribuer des dividendes. Les banques ont dès lors donné des signaux de résilience et cela s'est matérialisé par la reprise lente mais certaine du secteur en Bourse.
Un an et demi après la crise, la rentabilité d'avant crise a quasiment été retrouvée. Ainsi, lorsque l'on regarde les revenus à fin septembre 2021, ils sont en hausse de 8% par rapport à septembre 2019. La comparaison avec 2020 montre, pour sa part, une hausse limitée du PNB du secteur avec une progression limitée de 2,82%. Pour comprendre cette différence, il faut lorgner du côté des taux. Car les différentes baisses du taux directeur en 2020 ont eu pour impact immédiat de générer des performances importantes dans les activités de marché. D'ailleurs, les salles de marché les plus performantes ont permis aux banques de réaliser un produit net bancaire des plus élevés en 2020, en pleine pandémie. La résilience du secteur se mesure également à l'aide des performances opérationnelles des banques. Au total, le résultat d'exploitation du secteur a bondi de 10,8% entre septembre 2021 et septembre 2019 et de 17,6% comparé à 2020.
Quant aux bénéfices, mesurés par le résultat net part de groupe du secteur, ils affichent toujours une baisse de 6% par rapport à 2019, quoique quasiment le double de 2020 à cause des dons Covid19 affichés en 2019 et qui ont plombé les résultats des banques. Pour cette année 2022, le secteur connaîtra une évolution majeure avec la mise en place attendue d'un marché secondaire pour les créances en souffrance. Les professionnels du secteur s'attendent à ce que ce marché allège et assainisse les bilans des banques pour leur donner un nouveau souffle. La titrisation synthétique devrait également se mettre en place et offrir aux banques le moyen de s'affranchir de certains risques, et donc augmenter leur capacité à distribuer du crédit.
Aussi, et en lien avec le rétablissement de la situation économique, le coût du risque du secteur, qui représente plus de 6 fois son niveau d'avant crise, devrait commencer à se résorber et soutenir la rentabilité du secteur. BAM maintient pour sa part jusqu’en juin 2022 l’assouplissement des règles prudentielles, à travers notamment la fixation des seuils réglementaires à 8,5% pour le ratio Tier 1 et à 11,5% pour le ratio de solvabilité global. Ceci offrira au secteur une marge de manœuvre au volet réglementaire.