L’exécutif avance comme argument le risque de perturbation de l’équilibre du budget public. Avec 511 amendements, les propositions des partis de l’opposition étaient diversifiées. La majorité n’en a déposé que 29.
Par C. Jaidani
Le projet de la Loi de Finances 2025 poursuit son circuit législatif. Lors de son passage récemment à la Commission des finances et du développement économique relevant de la Chambre des représentants, 540 amendements ont été déposés par les différents groupes parlementaires. Évoquant le risque de perturbation de l’équilibre du budget public, le gouvernement n’en a retenu que 47. Avec 511 amendements, les propositions des partis de l’opposition étaient riches et diversifiées. Alors que la majorité n’en a déposé que 29. A lui seul, le Parti de la justice et du développement (PJD) a déposé 127 propositions d’amendement, soit près de 25% des propositions.
Naima El Fathaoui, membre du groupe parlementaire du PJD, a critiqué sévèrement le gouvernement. «Nos propositions concernent de nombreux domaines à caractère économique et social, parmi lesquelles figurent 31 propositions visant l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens, de leurs revenus et le soutien aux classes moyenne et défavorisée. 15 propositions ont pour objectif l’appui à l’emploi. Nous avons également déposé 11 propositions pour réduire les coûts de la protection sociale, 10 pour améliorer le climat des affaires et la transparence, 8 propositions pour le renforcement de l’équilibre économique ainsi que la protection de la production locale, 3 en faveur des MRE et une au profit de la caisse de soutien au peuple palestinien et de la mosquée al- Aksa», affirme El Fathaoui.
De son côté, Rachid Hamouni, président du groupe parlementaire du PPS à la Chambre des représentants, a affirmé que «le PLF 2025 comporte plusieurs points favorables. Différents amendements que nous avons proposés ont été retenus. Mais les dispositions fixées restent insuffisantes pour répondre aux attentes des citoyens. Ce PLF n’est pas en mesure de pouvoir résoudre les différentes crises. Il n'accorde pas assez de confiance aux opérateurs économiques et sociaux et ne crée pas de valeur ajoutée pour favoriser la justice territoriale et sociale. De nombreux engagements n’ont pas été respectés. Cela impacte la confiance dans nos institutions et incite au désintérêt des citoyens à la vie politique. Le gouvernement doit adopter un discours clair et non celui de l’assurance. On parle de la généralisation de la couverture sociale alors que 8,5 millions de Marocains ne sont pas encore inscrits».
Pour sa part, Nabila Mounib, secrétaire générale du Parti socialiste unifié (PSU), a affirmé que «le gouvernement n’accorde aucune importance au rôle inscrit dans la Constitution à l’opposition. Il n’a pas pris en considération les propositions d’amendement. Pourtant, certaines d’entre elles n’ont aucun effet sur l’équilibre du budget. Nous avons des défis colossaux à relever en matière de création d’emploi et de lutte contre les disparités régionales et sociales». Parmi les amendements retenus et qui ont suscité un soulagement auprès des professionnels de la santé, figure celui du 3ème, 4ème, et 5ème paragraphes de l’article 23 du PLF 2025. Ce changement permet de maintenir le statut de fonctionnaire et la centralisation des postes budgétaires dans le secteur.
«Cet amendement permet de consolider les acquis des professionnels de la santé conformément à l’accord conclu le 23 juillet dernier entre le gouvernement et la coordination syndicale du secteur de la santé. Il assure la stabilité de l’activité qui risquait d’innombrables perturbations», affirme Ahmed Hagouni, affilié à la Confédération générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et membre du bureau de la Fédération nationale de la santé.