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Paiements électroniques : les nouvelles priorités du CMI

Paiements électroniques : les nouvelles priorités du CMI

Le Centre monétique interbancaire (CMI) et ses neuf banques actionnaires s’engagent à renforcer la concurrence dans le secteur des paiements électroniques. Rachid Saihi, Directeur général du CMI, revient pour Finances News Hebdo sur les impacts de ces changements.

 

Propos recueillis par Y. Seddik

Finances News Hebdo : Avec les engagements pris par le CMI, comment pensez-vous que le paysage concurrentiel du paiement électronique au Maroc évoluera-t-il, et quelles seront les implications pour les acteurs du marché ?

Rachid Saihi : Permettez-moi d’abord de vous dire que les engagements du CMI sont l’aboutissement d’un long processus de concertation entre les actionnaires du CMI et les autorités concernées de notre pays. Le projet industriel, en cours de construction collective, vise à répondre, d’une part, aux préoccupations soulevées par le Conseil de la concurrence, et d’autre part, à préserver les acquis et les réalisations de notre pays dans le domaine de la monétique, en général, et de l’acquisition monétique, en particulier. Fort de son héritage Interbank et ses vingt ans d’opération, le CMI dispose d’un savoir-faire hors pair dans son domaine. Par ailleurs, nous évoluons dans un secteur d’activité où les économies d’échelle jouent un rôle crucial. Ainsi, pour préserver le savoir-faire du CMI et permettre à nos commerçants de continuer à bénéficier de services de qualité à des tarifs raisonnables et compétitifs, le CMI se transformera, à terme, en plateforme nationale au service des nouveaux EDPs acquéreurs (établissements de paiement). Cette transformation sera conçue de manière à n’avoir aucun impact sur les opérations de nos commerçants, ni sur l’expérience des paiements par les porteurs nationaux et internationaux. En effet, nous allons passer, a priori, de trois acteurs à une dizaine sur le marché, et il est évident que nous connaitrons une dynamique concurrentielle très forte. Les nouveaux acteurs devront faire des choix stratégiques déterminants en termes de proposition de valeur, d’offres de services, de tarification, etc. Le CMI sera là et jouera un rôle clé pour, d’une part, faire bénéficier à ces acteurs/clients son infrastructure et son savoir-faire, mais aussi sa capacité d’innovation, le tout sous forme d’un catalogue de services disponibles aussi bien aux EDPs filiales de nos banques actionnaires, qu’à tous les acteurs du marché qui le souhaitent.

 

F.N.H. : La séparation des activités du CMI en tant que plateforme technique de traitement signifie-t-elle une redéfinition de la stratégie du CMI ? Quels défis anticipez-vous dans la mise en œuvre de cette transformation, notamment en ce qui concerne la collaboration avec les établissements de paiement concurrents ?

R. S. : Il y a lieu d’abord de noter que sur l’ensemble des activités du CMI, il y a un périmètre qui sera touché, et d’autres resteront inchangés. La transformation portera sur le volet de la commercialisation de l’activité de paiement par carte dans ses deux composantes TPE et paiement en ligne. Conformément au communiqué du Conseil de la concurrence, le CMI et les banques disposent d’un délai de 12 mois pour finaliser cette transformation, au bout de laquelle le CMI devra se retirer sur le plan commercial au profit des EDPs filiales des banques actionnaires du CMI, tout en continuant à jouer un rôle opérateur national offrant des prestations de services qui couvrent l’ensemble de la chaîne de valeur du métier d’acquisition monétique. Cela veut dire que sur le plan opérationnel, les commerçants clients actuels du CMI continueront de bénéficier des services du CMI. Je tiens à réaffirmer qu’il s’agit d’un enjeu national majeur : Il n’est pas question qu’un commerçant marocain client, qu’un porteur marocain ou étranger constatent la moindre dégradation de service ou de qualité de l’expérience de paiement. Notre objectif est de contribuer au progrès de notre pays, en garantissant une amélioration continue des services. Il est donc naturel que cette évolution implique une redéfinition de nos priorités, sans jamais céder ni sur la qualité de service rendu à nos commerçants et in fine aux porteurs nationaux et internationaux, ni sur notre programme d’innovation qui connaitra une forte accélération pour anticiper les besoins futurs du marché.

 

F.N.H. : La réduction du taux d’interchange est présentée comme un moyen de stimuler les paiements électroniques au Maroc. Quelles retombées concrètes espérez-vous observer à court et moyen terme pour les commerçants ?

R. S. : Il y a lieu de souligner que la réduction des taux d’interchange intervient dans le cadre d’un processus qui a commencé en 2022, et que le CMI a été un acteur proactif dans cette démarche. A ce titre, j’ai moimême adressé en décembre dernier un courrier à la Banque centrale à propos de l’interchange local, mais aussi à propos d’autres sujets que nous considérons aussi critiques, sinon plus critiques pour la viabilité économique des acteurs d’acquisition dans notre pays. Nous accueillons donc favorablement cette décision de baisse du taux plafond d’interchange qui constitue une part importante de la structure de la commission d’acquisition facturée aux commerçants. Les équipes du CMI ont travaillé d’arrache-pied, dès l’annonce de Bank Al-Maghrib le 25 septembre à 10 heures, pour que le délai décidé par nos autorités soit respecté. Nos clients ont ainsi eu le plaisir de constater dès le 1er octobre une réduction de leurs commissions, puisque nous avons décidé de faire bénéficier tous nos clients concernés (qui étaient dans les tranches d’interchange élevées) avec un transfert substantiel de l’économie réalisée par le CMI. Nous espérons évidemment que cette mesure contribuera à stimuler davantage les paiements par carte au Maroc et de réduire le cash, et in fine d’améliorer la performance de notre économie. Toutefois, il est important de souligner que bien que cette réduction soit une avancée essentielle, elle ne constitue qu’un des nombreux leviers nécessaires pour développer durablement le secteur.

 

 

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