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Mines cotées : un secteur sous tension, mais qui crève le plafond en Bourse

Mines cotées : un secteur sous tension, mais qui crève le plafond en Bourse

En 2025, les trois minières cotées à la Bourse de Casablanca ont non seulement renforcé leurs fondamentaux, mais attiré l’attention des investisseurs avec une performance boursière agrégée qui avoisine les 70% (2ème meilleure performance sectorielle). La palme revient à Managem, dont le titre s’est envolé de plus de 122% sur un an glissant, signe d’un repositionnement stratégique bien perçu par le marché.

 

Par Y. Seddik

Alors que les tensions militaires entre Israël et l’Iran ravivent les inquiétudes mondiales, les métaux précieux s’envolent sur les marchés internationaux. Un environnement qui, en général, crée des conditions favorables pour les minières cotées comme Managem. Avec un chiffre d’affaires projeté à 12,2 milliards de dirhams en 2025 (+38% sur un an), Managem continue d’exploiter l’élan des cours des métaux précieux, notamment l’or, qui franchit des sommets historiques. Mais le moteur principal est ailleurs : l’entrée en production imminente des projets Boto (Sénégal) et Tizert (Maroc) prévue dès le S2 2025.

Ces deux sites doivent permettre à Managem de doubler quasiment son EBITDA d’une année à l’autre, passant de 140 MDH en 2024 à 2,4 milliards de dirhams en 2025 selon les prévisions de BMCE Capital Global Research. Le RNPG bondirait dans le même temps de 620 MDH à 1,03 milliard de dirhams, avant d’atteindre 1,84 milliard de dirhams en 2026. À court terme, la valorisation actuelle (PER 2025e de 60,8x) reste tendue, mais le marché semble surtout miser sur la récurrence de ces nouvelles capacités productives à partir de 2026 et sur la diversification énergétique via Manergy (gaz naturel, cobalt, sulfate).

CMT : reprise progressive, mais prudence réglementaire

À l’opposé de cette dynamique de rupture, CMT affiche un redressement plus graduel, mais non moins stratégique. Après une année 2024 plombée par des provisions exceptionnelles et des litiges avec les administrations publiques, la compagnie devrait renouer avec la rentabilité en 2025, avec un RNPG de 169 MDH. La mise en production du nouveau puits d’Ighrem Aousser, estimé à plus de 6 millions de tonnes de ressources, constitue un tournant opérationnel. Le marché reste toutefois en attente.

L’objectif de cours fixé par BKGR (2.108 DH) représente un potentiel de 15,8% sur le cours actuel, mais la recommandation reste à «Conserver», notamment à cause des saisies conservatoires en cours (2,3 milliards de dirhams et 800 MDH), qui entretiennent une incertitude juridique sur la valorisation à moyen terme.

SMI : profil défensif, croissance modérée, rendement solide

Filiale de Managem, SMI continue de jouer la carte de la régularité. Son chiffre d’affaires devrait croître de 5% en 2025 à 1,1 milliard de dirhams, porté par la hausse de la contribution de la carrière à Imiter et les travaux sur l’exploitation souterraine. Le profil est plus défensif : PER raisonnable (20,3x en 2025), faible volatilité, et surtout un dividende élevé (D/Y supérieur à 4%). SMI reste ainsi attractive pour les portefeuilles en quête de stabilité dans un contexte de marché incertain, et s’aligne sur la tendance haussière des métaux industriels et de l’argent, dopé par la demande photovoltaïque et électronique.

Selon le rapport de BKGR, le secteur minier coté au Maroc devrait générer en 2025 une croissance de 32,9% de ses revenus cumulés et une hausse de 75,7% du résultat net consolidé, portée principalement par Managem. La configuration actuelle reste donc à deux vitesses : d’un côté, Managem, en transformation rapide, capitalise sur un pipeline de projets africains, une exposition au gaz et à la transition énergétique, et une capacité à générer de la croissance organique. De l’autre, CMT et SMI, plus traditionnelles, misent sur la remontée des cours des métaux et sur une meilleure gestion opérationnelle, tout en restant exposées aux risques réglementaires et sociaux.

Quoi qu’il en soit, le secteur minier, malgré des incertitudes persistantes (instabilités politiques, litiges, valorisations élevées), offre aujourd’hui l’un des meilleurs couples croissance/ perspectives de la Bourse de Casablanca. Reste à voir si les projections optimistes sur 2026 se matérialiseront, en particulier pour Managem, dont le pari sur l’Afrique et l’énergie semble plus risqué... mais aussi plus porteur que jamais. 

 

 

 

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