- Les discussions avec les autorités sont fructueuses.
- Sonasid repasse dans le vert grâce à la remontée des prix.
C’est un management serein et réaliste qui a rencontré la presse pour la présentation des résultats annuels du sidérurgiste pour l'année 2017. Les chiffres sont bons et témoignent de l'agilité du modèle Sonasid, qui profite d'une remontée des cours à l'international.
Ceci a eu comme conséquence une détente sur les ventes, avec un chiffre d'affaires à 3,6 milliards de DH en 2017, en amélioration de près de 600 milions de DH grâce à de meilleurs prix d'écoulement.
La remontée des cours permet également à Sonasid de mieux valoriser ses stocks et de dégager un résultat d'exploitation de 160 MDH contre 5 MDH seulement en 2016.
On l’aura compris, le leader du marché de l'acier au Maroc demeure tributaire de la conjoncture internationale quelque peu mouvementée, et de la croissance au Maroc. Le cycle du secteur au niveau mondial a été perturbé par les annonces récentes des Etats-Unis qui instaurent des mesures antidumping.
Une décision qui aura pour impact direct d'augmenter les quantités d'acier à exporter dans le bassin méditerranéen, les producteurs de la région se retrouvant dans l'incapacité d'expédier leur production marginale chez les Américains. Ces quantités sont évaluées par le management de Sonasid à 1,3 million de tonnes par an pour le rond à béton et 0,6 million de tonnes pour le fil machine.
Pour les dirigeants de Sonasid, ceci rend légitime la reconduction des mesures de sauvegarde au Maroc qui prennent pour le moment la forme de taxes supplémentaires sur des quotas de rond à béton et de fil machine. Les mesures antidumping existantes arrivent à échéance en 2018. Selon le Directeur général de Sonasid, Amin Abrak, un dossier de reconduction est préparé par l'association des sidérurgistes. Les discussions ont démarré avec le ministère du Commerce et s’annoncent «fructueuses». Les pourparlers avec l'Union européenne devraient, eux, démarrer en juin.
«Les Américains ont donné l’exemple»
Ces mesures, si elles venaient à être reconduite (pour fin 2018 dans ce cas), auront pour effet immédiat une remontée des prix au Maroc et donc moins de pression sur les marges des producteurs locaux.
Pour Abdelilah Fadili, directeur financier, «les Américains ont donné l'exemple. Il ne faut pas avoir peur de réclamer des mesures antidumping lorsque l'on est victime d'injustices».
Pour lui, les importations sont une menace réelle dans un contexte où la capacité nationale représente à elle seule 2,5 fois la demande du marché. Il estime que les différentes parties prenantes, y compris le gouvernement, sont bien conscientes des enjeux d'une reconduction.
Rappelons que pour 2018 le droit additionnel sur les importations de fil machine et de fer à béton n'est pas appliqué, dans la limite d'un contingent de 146.110 tonnes pour le fil machine et 87.846 tonnes pour le fer à béton. Ces quotas étaient respectivement de 133.100 et 79.860 tonnes en 2017. La disparition des quotas pourrait de nouveau faire exploser les importations et favoriser l'informel.
Pour le management, le marché international restera très concurrentiel, avec la montée des mesures tarifaires qui réduit les marchés des grands exportateurs comme la Chine et la Turquie.
Sur le marché national, le management anticipe un léger mieux de la consommation en lien avec la récente pluviométrie qui devrait tirer la croissance du PIB et profiter aux secteurs cycliques. Par ailleurs, le management table sur une reprise des chantiers ayant accusé des retards en 2016 et donc sur une accélération la commande publique. ■
Sonasid préfère éponger les pertes du passé
En attendant l'issue des discussions avec les autorités, Sonasid qui a choisi la stratégie de repli sur les fondamentaux dès les premiers signes de la crise il y a bientôt 7 ans, tire profit de sa structure des charges fixes optimisée sur la durée. Ainsi, le résultat net déficitaire de 46 MDH enregistré en 2016 profite du résultat opérationnel et repasse dans le vert à 81 MDH (en comptes sociaux). Pour l'instant, Sonasid préfère ne pas rémunérer ses actionnaires. Le management nous a confié que la totalité des bénéfices sera affectée au report à nouveau pour éponger les pertes enregistrées auparavant.
A. Hlimi