La Bourse de Casablanca a réuni les acteurs du marché récemment, lors d’un symposium dédié à ce lancement imminent. Nezha Hayat, présidente de l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), a insisté sur l’importance d’une mobilisation continue des acteurs financiers durant cette phase finale, en vue du lancement officiel prévu prochainement.
Par A. Hlimi
Cette rencontre, organisée en collaboration avec la World Federation of Exchanges, a rassemblé différents acteurs de l’écosystème financier national : régulateurs, associations professionnelles et institutions du secteur, pour peaufiner les derniers détails opérationnels.
La plateforme de trading multi-actifs, qui accueillera ces nouveaux produits, est opérationnelle depuis plusieurs mois. De même, la contrepartie centrale (CCP), gérée par la Bourse de Casablanca, est en place pour garantir la gestion des risques de crédit sur toutes les transactions. Cette structure clé est au cœur du fonctionnement du marché à terme. C'est la plaque tournante du marché à terme.
Des tests grandeur nature ont été menés avec succès de bout en bout, selon Adel Elaroussi, directeur du pôle Service aux investisseurs chez CDG Capital, avec deux opérations impliquant deux sociétés de Bourse. Selon l'AMMC, la majorité des textes réglementaires ont été publiés, et le cadre prudentiel est en cours d’ajustement pour renforcer la solidité de l’infrastructure. «Aujourd’hui, la plupart des textes d’application sont disponibles au Bulletin officiel. Il reste quelques ajustements et tests à finaliser», a précisé Bassil Zekri, chef du département des marchés à l’AMMC et membre de l’ICAMT (Instance de coordination du marché à terme), composée de l'AMMC et de Bank Al-Maghrib.
Sur le plan opérationnel, il reste à homologuer les produits à négocier et à délivrer les agréments aux opérateurs, notamment aux sociétés de Bourse. Cinq à six d’entre elles devraient être prêtes à opérer dès le lancement. Les responsables ont souligné l’importance de débuter avec des produits simples, comme les contrats sur indices, avant de diversifier l’offre avec des instruments plus complexes. Cette approche permettra au marché de développer progressivement expertise et liquidité. «Nous avons adopté une approche progressive en matière de déploiement des marchés, afin de renforcer progressivement l’expertise et la connaissance», a confirmé Bassil Zekri.
Les expériences internationales présentées lors du symposium ont mis en avant l’importance de la formation, tant pour les professionnels que pour les particuliers, à travers des initiatives d’éducation financière. La Bourse de Casablanca, en collaboration avec les associations professionnelles, s’est engagée à accompagner les acteurs du marché et les investisseurs avec des programmes dédiés.
Amélioration de la liquidité et réduction des spreads
Le premier produit dérivé du marché boursier marocain sera donc un Future sur indice. Amine Maamri, président de l’APSB, estime que le marché à terme contribuera à résoudre plusieurs problématiques du marché financier marocain. «Ce marché améliorera la profondeur des carnets d’ordres et réduira les spreads bid-ask . Les études sur d'autres marchés montrent que ces spreads peuvent diminuer de 15 à 20%, ce qui améliorera la rentabilité des transactions», a-t-il expliqué.
Selon lui, ces produits permettront également une meilleure gestion de la volatilité, tout en donnant aux investisseurs davantage d’opportunités d’exprimer leurs anticipations. Cela réduira aussi la dépendance financière des sociétés de Bourse aux périodes de fort flux. Les futurs brokers et membres compensateurs doivent désormais déposer leurs dossiers d'agrément auprès de l'AMMC pour être opérationnels dès le lancement du marché.
Le marché à terme marocain deviendrait ainsi le deuxième du continent africain après celui de l’Afrique du Sud. Ce projet est perçu comme un levier majeur pour attirer les investisseurs étrangers et renforcer la position du Maroc en tant que hub financier régional.
Mohamed Filali, vice-président de l'Association des salles de marchés, a relevé plusieurs conditions essentielles pour assurer le décollage de ce marché : une fiscalité adaptée pour attirer les investisseurs, des efforts accrus d’éducation financière et une chambre de compensation apte à gérer les produits dérivés de gré à gré afin de renforcer la confiance des acteurs. Ces évolutions seront intégrées dans l'amendement de la loi sur le marché à terme, qui prendra également en compte le traitement des produits étrangers et les instruments de couverture comme les CDS et les swaps de crédit, tout en renforçant la protection des investisseurs. Les textes réglementaires sont finalisés, et l'AMMC a entamé le processus de validation.