Par A. Hlimi
Après une année 2021 sur un nuage, profitant d'un effet de base favorable et de la bonne campagne agricole, la croissance devrait se normaliser en 2022. C'est du moins ce que projette le gouvernement El Otmani. Le déficit budgétaire devrait, lui, continuer à subir un «Covid Long», ce qui a poussé le Chef du gouvernement à demander aux différents départements ministériels, dans la lettre de cadrage de la Loi de Finances 2022, de se concentrer sur les dépenses essentielles.
Serrez-vous la ceinture
Le mot d'ordre est la réduction des dépenses. Pas de nouveaux sièges sociaux, pas d'acquisition de véhicules de fonction, concentration des investissements sur les projets déjà lancés ou encore limitation des recrutements en privilégiant le redéploiement des ressources humaines... La lettre de cadrage du PLF 2022 nous donne le ton et un avantgoût sur une année budgétaire qui sera encore marquée par les conséquences de la crise sanitaire sur les caisses de l'Etat.
Le gouvernement sortant s'attend en effet à une croissance limitée du PIB à 3,2% avec l'hypothèse d'une campagne agricole moyenne et une récolte de 70 millions de quintaux. Quant aux priorités de la prochaine année budgétaire, elles restent les mêmes : relancer l'économie post-Covid, poursuivre le chantier de la couverture sociale, mettre à niveau les compétences humaines et dérouler la réforme des établissements et entreprises publics (EEP).
Le Chef du gouvernement exhorte, par ailleurs, les différents départements à prendre en compte dans leurs propositions les financements innovants basés sur les partenariats publics-privés. Il est également question d'améliorer les recettes de l'Etat grâce à un élargissement de l'assiette fiscale ou encore à la poursuite de la réforme de la Caisse de compensation. Les dépenses d'investissements doivent, elles, être justifiées et seront encadrées. Reste à savoir si le gouvernement actuel, mené par le PJD, sera là pour défendre ce projet de budget en octobre, un mois après les élections législatives.
Réforme du secteur public
La lettre de cadrage met également l'accent sur la finalisation et l’accélération des grands chantiers de la réforme de l’Administration, qui s’articulent, notamment, autour de la bonne gouvernance, la simplification des procédures, la digitalisation et l’activation de la charte de la déconcentration administrative. Sur ce volet, il est également question de la poursuite du chantier de la simplification des procédures administratives et la généralisation de l’administration numérique.
Le ministre des Finances, Mohamed Benchaâboun, a déjà entamé le travail sur ce chantier majeur. Place désormais à l’application. Généralisation de la protection sociale L’autre chantier majeur sur lequel le Maroc a pris des engagements et sur lequel le Roi s'est prononcé est la généralisation de la protection sociale. Le prochain gouvernement devra procéder au lancement de la deuxième phase de la généralisation de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) aux catégories vulnérables bénéficiant actuellement du Ramed.
Pour se faire, la lettre de cadrage insiste sur la mise en place d'un cadre propice à la généralisation des allocations familiales à partir de 2023, à travers l’accélération de l’activation du registre social unifié ainsi que la réforme progressive du système de compensation. En parallèle, il est demandé dans ce document signé par le Chef du gouvernement de démarrer la mise en œuvre de la réforme du système de retraite, dans le cadre d’une approche participative impliquant les différents acteurs.