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Investissements étrangers au Maroc: Nadia Fettah, la méthode gagnante

Investissements étrangers au Maroc: Nadia Fettah, la méthode gagnante

Un profil technique, un discours sincère et programmatique... : comment la méthode Nadia Fettah a séduit les investisseurs étrangers à l'occasion des Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale à Marrakech.

 

Par A. Hlimi

La semaine dernière, la planète finance était réunie à Marrakech pour les Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale. Pour le gouvernement marocain, les objectifs étaient nombreux : réussir l'événement, démontrer, s'il le fallait encore, notre capacité à organiser de tels événements, relancer l'économie locale après le séisme et augmenter nos surfaces de contact avec les bailleurs de fonds étrangers. Ils étaient d'ailleurs tous là. Les Américains en tête, avec des délégations qui dépassent, pour certaines banques, les 80 personnes. JP Morgan, Morgan Stanley, Goldman Sachs, Citi, pour ceux que nous avons pu rencontrer. Sans parler des institutions financières internationales. Certains ont amené dans leurs bagages leurs clients gérants de fonds de pensions ou leurs filiales de gestion d'actifs. L'occasion était importante pour le gouvernement de réaliser un véritable road)show physique auprès de ces acteurs, sans avoir à se déplacer. Ils étaient tous là et il ne fallait que les cueillir. 

Un track record intéressant

A chaque fois que nous en avons eu l'occasion, nous avons posé cette question toute simple à ces banquiers: Etes-vous intéressés par des investissements au Maroc ? La réponse est souvent oui. Et d'une manière ou d'une autre, ces investisseurs ont déjà investi ou sont déjà présents sur des opérations au Maroc en tant que cible ou hub. Des fois sur des projets d'infrastructure. Mais aussi sur le marché de la dette ou même le marché boursier, où nos banques cotées semblent être bien scrutées. De manière générale, la prime de risque associée à notre pays tend à baisser à long terme, bien que les événements récents au Moyen-Orient risquent de freiner momentanément cette dynamique. Les banques US pourraient en effet orienter plus de flux vers Israël au détriment des économies de la région Mena. Mais certains pays comme la Tunisie ou l'Egypte pourraient en pâtir beaucoup plus que le Maroc, à en croire certains investisseurs préférant prendre beaucoup de pincettes pour nous parler de ce sujet.   Mais au-delà des fondamentaux, la confiance des investisseurs étrangers trouve aussi son origine dans le climat des affaires et la compréhension de leurs problématiques. Ils évoquent un gouvernement qui propose un portefeuille de projets concrets, dans l'infrastructure et le renouvelable, avec une bonne visibilité sur les rendements. Nadia Fettah revient souvent dans les débats comme un interlocuteur de choix. 

Diplomatie et pragmatisme économiques

Les témoignages, mais aussi les prises de parole en public de la ministre parlent d'eux-mêmes : Nadia Fettah a magistralement vendu la destination Maroc aux investisseurs étrangers. À une époque où les incertitudes sont importantes et la volatilité des marchés peuvent déstabiliser même les économies les plus robustes, son approche a été un exemple de maîtrise. Ses arguments, en parlant du Maroc, ancrés dans un pragmatisme qui parle aux bailleurs de fonds, sont des signaux clairs aux marchés que le pays est en plein essor économique.  Dans un panel de haut niveau en présence de la DG du FMI et de la patronne de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, la ministre a rappelé la feuille de route du Maroc à long terme. Une feuille de route claire, avec des objectifs identifiés et précis. «Après le séisme, je me suis entretenue avec des responsables de haut niveau du FMI et de la Banque mondiale qui m’ont demandé de leur parler de la manière dont nous envisageons la reprise. J’ai répondu qu’il n’y aura pas de reprise, car il n’y aura pas de pause», a-t-elle souligné. La ministre a rappelé le communiqué royal au lendemain du séisme, où le Souverain a demandé de mettre la sécurité avant tout, de ne pas arrêter le travail et ramener l’activité économique à la normale immédiatement. 

Une vision à long terme

Les investisseurs aiment les belles histoires de croissance à long terme, et la ministre n'a pas manqué de leur rappeler la vision du Maroc. «Nous avons une vision à long terme. Nous avons besoin de temps pour l’implémenter. Mais les priorités sont claires : le social, l’éducation, la santé et la croissance économique. Chaque chantier a ses propres stratégies dédiées. Désormais, nous allons vers un autre niveau de réformes», note-t-elle. Un storytelling qui rappelle celui d'un manager d'une société cotée face aux analystes financiers.  Sur le coût des réformes et alors que plusieurs pays d'Afrique cherchent à effacer des ardoises ou à alléger par abandon certaines de leurs dettes, le Maroc, par la voix de sa ministre des Finances, est serein  :  «Quand vous avez un portefeuille de projets solides, vous trouvez les financements auprès des partenaires». Des propos appuyés par la DG du FMI, pour qui la diversification de l’économie marocaine aujourd’hui permettra aux générations futures d’absorber les chocs auxquels elle sera confrontée. Elle confirme que sur le continent, le Maroc dispose d'un statut particulier auprès des institutions de Bretton Woods.   Ce qui aide Nadia Fettah, c'est sans doute son profil hautement technique. Pourtant, elle parvient à traduire ses compétences en une vision politique et économique cohérente. C'est cette capacité à passer du micro au macro, à lier la comptabilité à la politique, qui a fait de ses interventions des moments phares lors de ces Assemblées, où elle a multiplié les rencontres plus ou moins médiatisées. 

Marchés émergents : Ce que recherchent les investisseurs

L'un des éléments fondamentaux pour attirer les investisseurs étrangers est la stabilité politique et économique. C’est sans doute le point le plus cité par les experts. Les investisseurs cherchent des marchés où leurs investissements sont en sécurité et où les règles du jeu ne changent pas brusquement. Les gouvernements des marchés émergents doivent donc s'efforcer de maintenir un climat politique stable et prévisible. Cela inclut la garantie des droits de propriété, la protection des investissements étrangers et la lutte contre la corruption. Le risque de change et le risque fiscal sont également à neutraliser pour attirer les investisseurs. Des cases que coche bien le Maroc. A noter que les petites économies du continent sont de vrais défis pour les investisseurs étrangers à cause de la fragmentation des investissements et la faible taille des opérations proposées,  qui réduisent la rentabilité des investissements. Le Maroc a, là aussi, une carte à jouer en continuant à proposer des projets d'infrastructure d'envergure. 

 

 

 

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