Bâtiment et travaux publics : la pénurie de main-d’œuvre pose de nouveaux défis pour le secteur

Bâtiment et travaux publics : la pénurie de main-d’œuvre pose de nouveaux défis pour le secteur

Sous l’effet des méga-chantiers lancés par le Maroc, l’activité connaît un essor notable. Peu valorisante et assez pénible, la filière n’attire pas assez d’ouvriers.

 

Par C. Jaidani

Même si le taux de chômage frôle les 13% au niveau national, certains secteurs n’arrivent pas à embaucher la main-d’œuvre nécessaire ou qualifiée pour mener à bien et dans les délais leurs projets. Parmi les branches d’activité impactées par ce phénomène, figure particulièrement le secteur du BTP. Cette branche a besoin d’ouvriers en nombre conséquent et le plus souvent loin des centres urbains.

Dynamisé par les vastes chantiers d’infrastructures lancés au cours des dernières années (routes, autoroutes, chemins de fer, ports, aéroports, mais aussi établissements scolaires, universitaires et sanitaires), le secteur du BTP connaît aujourd’hui une véritable accélération.

Les chiffres en témoignent : à fin août 2025, les ventes de ciment ont progressé de 8,2%. Une tendance qui devrait se poursuivre dans les prochaines années, portée par la multiplication des projets programmés. En ligne de mire, la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030, pour lesquelles le gouvernement a d’ores et déjà annoncé une série de méga-chantiers structurants.

«Pour répondre à la demande et achever nos projets dans les délais, nous avons dû recruter de nouvelles ressources humaines ou sous-traiter une partie de nos chantiers», explique Hicham Tamri, Directeur général d’une entreprise de BTP basée à Casablanca. Il poursuit : «nous vivons un véritable calvaire avec la pénurie d’ouvriers qualifiés, surtout pour certaines spécialités. Ce n’est pas facile de les fidéliser. Dès qu’une offre salariale plus intéressante se présente, ils se tournent vers un autre employeur. C’est un secteur qui connaît une forte mobilité. Parfois, nous avons des projets à la périphérie des centres urbains ou dans le monde rural. Mais au moment de les amorcer, nous rencontrons des difficultés à convaincre certains maçons, techniciens ou ingénieurs d’aller travailler dans cet environnement qu’ils jugent hostile».

La pénurie de main-d’œuvre s’explique par le fait que la plupart des ouvriers sont formés directement sur le terrain par les entreprises qui les emploient, un processus qui exige du temps avant qu’ils n’acquièrent le niveau d’expertise requis. De plus, les centres de l’OFPPT et les écoles spécialisées ne parviennent à répondre qu’à une partie des besoins du marché du BTP. Il faut ajouter à cela le fait que les métiers du secteur sont jugés pénibles et peu valorisants, avec des salaires souvent moins attractifs que dans d’autres professions, ce qui limite l’intérêt des candidats.

En général, ce sont les jeunes, notamment lors des périodes de sécheresse ou de ralentissement de l’activité agricole, qui se tournent vers ces emplois. Certaines spécialités très recherchées restent particulièrement difficiles à pourvoir, comme les conducteurs d’engins, les constructeurs d’ouvrages d’art, les charpentiers ou les canalisateurs. En dehors des métiers classiques de la maçonnerie, de nouveaux corps de métier ont vu le jour ces dernières années, nécessitant des compétences inédites : isolation thermique, raccordements aux réseaux téléphoniques ou Internet, techniciens en efficacité énergétique, et bien d’autres encore. 

 

 

 

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