- Les banques n'ont plus emprunté de devises auprès de Bank Al-Maghrib depuis le 20 mars.
Cela fait près de 4 mois que le gouvernement a décidé de conférer, de manière progressive et graduelle, plus de flexibilité à la monnaie nationale. Et, depuis, le Dirham se porte bien. Que ce soit au niveau de sa valeur ou des réserves de change du pays, aucun impact négatif n’a pour l’heure été constaté. Bref, tous les opérateurs sont unanimes pour dire que le démarrage de la réforme est réussi.
Mardi 8 mai se tenait à Casablanca le «Morocco Financial Markets Forum 2018», organisé par Thomson Reuters, en présence de plusieurs professionnels de la finance.
C’était l’occasion de faire le point sur les premiers mois post-réforme du régime de change. Pour Mohcine Guedira, responsable du département marchés des capitaux chez Bank Al-Maghrib (BAM), l’enjeu de cette réforme est triple : accroître la liquidité entre les banques, améliorer la transparence des prix ainsi que le rôle de la Banque centrale dans le monitoring de ce marché. Et d’ajouter : «La transition s’est faite d’une manière sereine; rien ne semble avoir changé dans les salles des marchés des banques et les volumes restent normaux. La seule nouveauté est que les banques n'ont plus emprunté de devises auprès de Bank Al-Maghrib depuis le 20 mars».
À l’abri des chocs exogènes ?
Cependant, Guedira ne crie pas victoire trop vite, puisque 4 mois à peine après le démarrage de la réforme,«il est encore trop tôt pour tirer des conclusions; nous sommes en phase d’observation et de lecture des prérequis nécessaires pour entamer la prochaine étape», lance-t-il. Quoique cette première étape pourrait durer des années, d’autant que la durée nécessaire pour une flexibilisation totale du Dirham est estimée entre 11 et 17 ans, sachant que les autorités marocaines avaient avancé des délais autour de 15 ans.
Mais une chose est sûre, nous sommes pour l’heure à l’abri de tout choc exogène, à en croire Hicham Boularbah, Directeur général de Haris Financial. Pour lui, «avec les forces de rappel de la Banque centrale et la fourchette serrée de 5%, il n’y a pas lieu de s’inquiéter». Il insiste notamment sur le fait que «c’est la confiance que portent les agents économiques dans la monnaie nationale qui importe le plus», rappelant par la même occasion le cas de «la Russie qui avait misé en vain 300 milliards de dollars pour protéger la parité Rouble/Dollar». Cette dernière traversait une crise monétaire en 2014 où le Rouble avait perdu 60% de sa valeur comparée au Dollar.
En attendant, si le Maroc continue à renforcer ses exports, ses équilibres et ses réserves en devises, le Dirham ne pourra que s’apprécier. ■
Y.S