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Fintech au Maroc: l’écosystème peine à décoller

Fintech au Maroc: l’écosystème peine à décoller

Le secteur de la fintech accuse un net retard par rapport à d’autres pays africains.

La place gagnerait à formaliser un cadre règlementaire pour l’open banking.

 

Par Y. S

Dans la liste des acteurs potentiellement disruptifs pour le système bancaire, les fintech, menaces au début, deviennent des acteurs de plus en plus complémentaires. Leur industrie est inscrite dans une forte dynamique à l’échelle mondiale, portée par des levées de fonds record. En 2021, l'investissement mondial dans les jeunes pousses de technologies financières s'est chiffré à 210 milliards de dollars pour plus de 5.600 transactions. Un record.

Même tendance observée en Afrique, où les fintech ont dominé les levées de fonds avec près de 3,1 milliards de dollars sur environ 5 milliards de dollars de levées de l’ensemble de l’écosystème des start-up, soit environ 63%. À contre-tendance, force est de reconnaître que malgré les bonnes intentions des pouvoirs publics de développer l’écosystème des fintech, celui-ci reste en deçà des attentes. Il accuse un net retard par rapport à d’autres pays africains. Pour les experts, ceci est largement dû au bon niveau de bancarisation au Maroc et à la préférence prononcée des utilisateurs pour le cash. Le changement des habitudes de paiement étant un fait sociologique qui prend du temps. Notons que la dernière levée opérée par une fintech marocaine a été effectuée par Yalla Xash, en juillet dernier, auprès de Maroc Numeric Fund II pour un montant de 6 MDH.

«Le potentiel des fintech au Maroc reste très grand. On voit un grand changement de paradigme au niveau de ce concept, surtout après la pandémie Covid-19», souligne Yacine Faqir, consultant pour les fintech/start-up désireuses de se développer au Maroc et sur le continent africain. Le développement de l’écosystème des fintech au Maroc demeure également tributaire de la volonté des banques à partager leur expertise, leur savoirfaire, leurs données clients ainsi que leurs agréments avec des start-up porteuses de projets innovants. Il faut dire que  les fintech ont investi des créneaux où les banques ne pouvaient pas offrir leurs services de manière optimale, mais ces dernières rattrapent leur retard et se positionnent désormais elles-mêmes en tant que fintech au service des nouveaux usages de leurs clients.

 

Une règlementation non-contraignante

Grâce à Bank Al-Maghrib, la réglementation marocaine fait adhérer l’ensemble des utilisateurs à un système de confiance. Elle ne pose pas de freins particuliers au développement des fintech. Toutefois, la place gagnerait à formaliser un cadre règlementaire pour l’open banking. Le développement de l’écosystème bénéficierait également de la mise en place d’une plateforme unique, conjointement par l’ANRT et BAM, regroupant tous les acteurs (banques, opérateurs télécoms, start-up, etc.), où chacun pourrait proposer une offre de services relevant de son segment. «On a vu qu’il y a un changement de posture de la part de la Banque centrale dans tout ce qui est notion fintech. Elle a créé une sandbox pour essayer d’encourager ces initiatives. Elle a aussi mis en place d’autres projets avec la CDG pour essayer d’accélérer les innovations autour de la fintech. Même pour le système bancaire, c’est quelque chose de bien en leur permettant d’innover et proposer des produits qui, jusqu’à maintenant, ne l’étaient pas», explique Yacine Faqir.

 

Comment développer l’industrie

Tout d’abord, l’État a un rôle à jouer pour faciliter l’adoption de nouveaux usages, notamment en étant lui-même utilisateur de ceux-ci, en encourageant ces start-up. Aussi, il est question de développer l’esprit d’innovation, d’entrepreneuriat et de prise de risque chez les jeunes et les moins jeunes. Le marché marocain étant exigu, le développement de champions nationaux de la fintech passe par l’international et, particulièrement, en investissant les marchés africains. «Pour le développement de la fintech au Maroc, il faut qu’il y ait une combinaison de plusieurs ingrédients. Il y a forcément le côté réglementaire, avec une révision de fond de la licence bancaire et des établissements de crédits. Cela permettra à de nouveaux entrants innovants d’arriver sur le marché. Il y a l’encouragement de l’entrepreneuriat et l’augmentation des ressources humaines pour que le Royaume puisse jouer un rôle capital sur l’ensemble du continent dans l’industrie spécifique des fintech», résume Y. Faqir. En définitive, la fintech est un moyen d’innover et de développer de nouveaux usages pour les clients. Le champ investi ne se limite pas aux moyens de paiement et de transferts de fonds, mais concerne aussi d’autres volets, notamment l’assurance et le financement. 

 

 

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