Parmi les sujets dans l’ère du temps au Maroc figure la finance participative. Pour cause, la Banque centrale a délivré le précieux sésame habilitant ainsi 5 banques et 3 fenêtres participatives à commercialiser les produits halal. Au-delà du démarrage imminent de l’activité de celles-ci, une question taraude les esprits de plus d’un. Quelles seront les retombées économiques et financières de la finance alternative pour le consommateur lambda ?
A cette question complexe à laquelle beaucoup de citoyens non avertis n’ont pas de réponse, l’Université internationale de Casablanca (UIC) et Al Maali Instititut ont tenté d’apporter des éléments de clarification au cours d’une rencontre avec la presse, tenue récemment à Casablanca. En effet, devant un auditoire quasiment composé de journalistes, Wail Aamimou et Tahiri Jouti d’Al Maali Institut se sont succédé à la tribune afin de préciser les avantages avérés ou supposés que pourraient tirer les Marocains de la finance halal.
A en croire Wail Aamimou, le premier apport concret de la finance participative est l’inclusion des consommateurs qui, jusque-là, s’excluaient volontairement du système financier conventionnel pour des raisons religieuses.
La première conséquence de cette nouvelle donne pour l’économie nationale est l’augmentation du taux de bancarisation et la progression de l’inclusion financière. A cela, il faudrait ajouter l’augmentation du taux d’équipement des ménages, avec les implications positives sur la consommation, force motrice de la croissance au Maroc. Tout en étant optimiste quant au succès de la finance halal au Maroc, le responsable d’Al Maali Institut a rappelé que les produits participatifs contribueront à améliorer l’offre des produits financiers au Maroc. D’autant plus que les produits d’épargne classiques, pourtant défiscalisés, n’ont pas rencontré le succès escompté.
Rappelons tout même que les produits d’épargne de la finance halal reposent sur le principe du partage des profits et des pertes. Au registre de la compétitivité et de la concurrence, il y a fort à parier que l’arrivée de nouveaux acteurs et des produits participatifs est de bon augure pour le client. La multiplication des opérateurs de télécoms au Maroc et la concurrence ayant conduit à la baisse des prix ont été cités comme un exemple tangible lors de la rencontre. Par ailleurs, notons que l’aspect social fait partie de l’ADN des banques participatives, même si elles ont un but lucratif. Pour rappel, la non-spéculation, le financement de l’économie réelle et l’engagement social sont érigés en principes cardinaux. Par ailleurs, du côté d’Al Maali Institut, on reste persuadé que l’existence d’un compartiment de la finance halal à Casablanca Finance City (CFC) est indispensable, au regard de l’ambition internationale et panafricaine de la place financière (financement des projets d’infrastructures en Afrique et au Maghreb).
L’un des plus grands challenges des acteurs de la finance participative sera de convaincre les sceptiques et de déconstruire les fausses idées et les préjugés véhiculés sur les produits alternatifs (cherté, manque de compétitivité, etc.). D’ailleurs, Tahiri Jouti s’y est employé dans une certaine mesure puisqu’il n’a pas manqué, lors de son intervention, de rappeler que les enquêtes auprès des clients ont permis d’identifier trois attentes majeures des Marocains envers les produits participatifs. Il s’agit d’une meilleure protection, d’un coût de financement non prohibitif et la mise en place de produits simples. Au regard de ces enquêtes, la plupart des banques participatives ont adapté leurs offres afin d’amplifier leur avantage comparatif. Cela dit, les intervenants ont insisté sur la nécessité de donner du temps à ces banques pour trouver leur marque et se faire une place dans le paysage bancaire national. ■
M. Diao
Selon Tahiri Jouti, outre le digital, facteur de compétitivité, la finance participative devrait tirer profit du ciblage de la neutralité fiscale grâce aux efforts déployés par la Direction générale des impôts (DGI) et Bank Al- Maghrib (BAM). Cette neutralité fiscale permettrait d’avoir des coûts de crédit moins prohibitifs. L’autre élément de nature à rassurer les adeptes de la finance halal, est l’engagement pris par l’Institut d’émission consistant à mettre en place un marché interbancaire dédié afin d’assurer une liquidé suffisante au secteur financier participatif. Toujours dans le cadre de ce marché financier alternatif, force est d’admettre que les pouvoirs publics ont un rôle de promotion majeur à jouer en recourant aux émissions de Sukuks pour le financement des projets de développement du pays.