Par A. Hlimi
Loin d'être de tout repos, le montage du grand emprunt national que le ministère des Finances souhaite lancer pour mobiliser les citoyens dans l'effort de relance, est achevé. Les opérateurs nous font savoir que ce sera une opération en au moins deux maturités, cotées, ouvertes aux MRE et avec l'objectif de mobiliser un montant compris quelque part entre 5 et 10 Mds de dirhams auprès des personnes physiques.
Le ministre de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration, Mohamed Benchaâboun, voulait un montage moderne, un produit liquide à travers la cotation en Bourse, et avec un large réseau de distribution incluant banques, OPCVM et sociétés de Bourse. Ces dernières «ont considérablement réduit leurs commissions sur ce produit, les ramenant à quasiment zéro, pour accompagner sa réussite», disait le président de l'Association qui regroupe les Brokers, l'APSB, à l'occasion du sixième meeting sur l'information financière.
Après de nombreuses tractations et négociations, la Direction du Trésor et des Finances Extérieures (DTFE) a finalisé le produit qui, initialement, devait être lancé au début du deuxième semestre. Mais nous apprenons de plusieurs sources concordantes et impliquées dans l'opération que l'annonce de ce grand emprunt a été reportée à la rentrée. Les professionnels évoquent la crainte d'un manque de réussite si l'on propose aux citoyens d'investir dans ce produit à quelques semaines d'une période marquée par une inflation des dépenses liées à l'Aid Al-Adha, les vacances d'été et la rentrée scolaire. Il a donc été décidé d'attendre la rentrée.
Les Marocains résidant à l'étranger pourront tout de même souscrire depuis leur pays de résidence en utilisant leurs comptes bancaires marocains. Là aussi, le timing n'a pas encore été complètement arrêté et le marché se demande encore si cela aura lieu avant ou après les élections législatives. Mais une chose est sûre, l'opération doit avoir lieu cette année pour faire bénéficier les souscripteurs de l'avantage fiscal inscrit dans le cadre de la Loi des Finances 2021. Autrement, le prochain gouvernement devra négocier une nouvelle fois cet avantage.
Laboratoire à ciel ouvert
Quoi qu'il en soit, le montage de cette opération a démontré les limites dans la coordination entre les différents acteurs du marché des capitaux. Benchaâboun et les équipes de Faouzia Zaâboul, directrice du Trésor et des Finances extérieures, voulaient faire travailler tout le monde en équipe et arriver à un produit qui, en plus d'être structurant pour l'économie et l'épargne, sera un modèle de coopération entre les acteurs et une démonstration de la force de frappe de l'écosystème.
Mais l'opinion partagée par les acteurs de plusieurs horizons est que le travail a été saccadé, manquant de fluidité et des fois d'adhésion, surtout que ce produit peut concurrencer des produits plus classiques comme les dépôts à terme et les OPCVM monétaires qui risquent de subir des rachats.