- Plusieurs dossiers chauds attendent le nouveau ministre de l'Economie et des Finances.
- L'identité de son successeur au Groupe Banque Populaire est tout aussi importante.
Après 10 ans passés à la tête de la BCP, Mohamed Benchaâboun est désormais aux manettes de l’économie nationale. La décision a été prise le 20 août 2018 par le Roi Mohammed VI, remplaçant Mohamed Boussaid, limogé au début du mois. On voyait Mohamed Benchaâboun plutôt à Bank Al-Maghrib, mais le calendrier et les mouvements à la tête du ministère des Finances en ont voulu autrement.
Agé de 56 ans, Benchaâboun vient renforcer une équipe gouvernementale en manque de dynamisme et en froid avec le privé, surtout après la gestion désastreuse du dossier du boycott et le retard des réformes économiques annoncées. Le nouveau ministre devra recréer ces ponts si fragiles avec ses ex-compagnons du privé qu'il connait si bien.
Homme connu et reconnu pour ses compétences professionnelles et ses qualités humaines, Benchaâboun a déjà fait la preuve de ses compétences, tant dans la fonction privée que publique. Après un passage remarqué au Groupe Alstom Maroc, il a été nommé directeur à l’Administration des douanes et impôts indirects en 1996 et s’est notamment chargé de coordonner des projets transversaux pour le compte du ministère des Finances.
Trois ans plus tard, il rejoint la BCP en tant que DG adjoint, avant d’être nommé par le Souverain à la tête de l’Agence nationale de régulation des télécoms (ANRT) en 2003.
Il retrouvera les milieux bancaires quelques années plus tard, le Roi l’ayant nommé PDG de la BCP en 2008, pour en faire, 10 ans plus tard, une banque à dimension panafricaine.
Au vu de ce parcours, la fonction publique n’est sûrement pas un terrain inconnu pour le nouvel argentier du Royaume. En somme, un choix logique.
Budget 2019 : Un premier exercice sérieux
Délais de paiement, emploi, dette publique, investissement, modèle de développement économique…sont les dossiers chauds qui attendent Benchaâboun pour cette rentrée économique. Mais le premier vrai défi à relever par l’ex-banquier sera bien entendu l’élaboration du budget 2019, alors que Mohammed VI a appelé à «des réformes sociales d'urgence» lors du dernier discours du Trône. Ces paramètres sociaux, le ministre devra immanquablement les intégrer dans son prochain budget.
En second lieu, le Projet de Loi de Finances (PLF) 2019 devra ajouter à sa liste des priorités la poursuite des grands chantiers et stratégies sectorielles pour soutenir la croissance du Royaume. Quoiqu’il en soit, le ministre fraîchement nommé ne devrait donc pas lésiner sur les moyens pour mener à bien cette première mission ministérielle.
Autre priorité de la rentrée pour Benchaâboun : la révision du cadre réglementaire de l’investissement.
En effet, le Roi avait fixé à fin octobre le délai de publication de la nouvelle mouture de la Charte d’investissement ainsi que la Charte de la déconcentration administrative et l'activation de la réforme des Centres régionaux d'investissement (CRI). Ces chantiers vont sans doute mobiliser les pouvoirs publics et sont très attendus par les opérateurs de la place.
Plus à l'aise avec le marché des capitaux, Benchaâboun pourrait faire quelques clins d'œil à ce secteur qu’il connaît et dont il mesure l'importance en accélérant la publication de plusieurs arrêtés attendus par l'écosystème financier : On parle d'OPCI, de refinancement des banques participatives et des nouveaux produits d'épargne notamment.
Première mission officielle
En fonction depuis à peine 10 jours, Benchaâboun a effectué son baptême du feu dans la foulée de la passation des pouvoirs avec son rapide prédécesseur par intérim Abdelkader Amara. Il a reçu dans les locaux de son ministère à Rabat le vice-président du Groupe de la Banque mondiale pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), Ferid Belhaj, pour discuter des détails du nouveau partenariat quinquennal.
«Le programme de partenariat pour la période 2019-2023 donnera la priorité à la jeunesse et à l’emploi», conformément aux orientations royales, a-t-il ainsi indiqué.
Notons que ce partenariat qui s’articule autour de plusieurs autres axes, porte également sur la restructuration de tous les mécanismes de protection sociale et de développement humain, a précisé le ministre à l’issue de sa rencontre.
Qui pour remplacer Benchaâboun ?
Comme nous l’écrivions dans nos colonnes il y a quelques mois, si Benchaâboun venait à quitter la BCP, un profil correspondrait parfaitement au poste : Il s’agit d’Ahmed Rahhou, PDG de CIH Bank, homme très apprécié dans les milieux bancaires, et lui-même diplômé de l’Ecole nationale supérieure des télécommunications de Paris (1982), d’où sortait Benchaâboun en 1984.
Ainsi, après 9 ans à la tête de CIH Bank, piloter la BCP serait un challenge tentant pour Rahhou. D’autres, au sein de la banque, évoquent plutôt une promotion interne. Quoi qu'il en soit, l'identité du successeur de Mohamed Benchaâboun à la tête du Groupe Banque Populaire est une question «centrale».
L'homme ou la femme (Fathia Bennis, Faouzia Zaaboul ou encore Nezha Lahrichi sont d'ailleurs des femmes qui ne déméritent pas à ce poste).
Qui en prendra les rênes devra piloter une banque panafricaine d'importance systémique et un champion bancaire régional reconnu mondialement. Pas une mince affaire. ■
Par A.H et Y.S