Les rentrées fiscales dopent les recettes de l’Etat en ce début d’année.
L’inflation, l’autre alliée des caisses publiques.
Par A. Hlimi
L’Etat va commencer en mars à récolter les fruits de la forte reprise de l’économie nationale l’an dernier. Un PIB en hausse de 7,4% cache dans ses entrailles une forte reprise des bénéfices des entreprises et qui devront donc aboutir à de meilleures recettes d’IS pour l’Etat. Si l’on ne considère que l’échantillon des entreprises cotées, leurs bénéfices se sont envolés de 65 % en 2021, laissant entrevoir des versements d’IS importants cette année.
D’ailleurs, les analystes des banques d’affaires font remarquer que cette perspective est déjà intégrée par les opérateurs économiques, tant le Trésor a multiplié les signaux de «confort» ces dernières semaines. Il a d’abord augmenté la fréquence et les montants de ses placements d’excédents de trésorerie, offrant par la même occasion du mou à la liquidité bancaire. Puis, il a levé le pied sur le marché obligataire, ne levant que des montants très faibles (500 MDH la semaine dernière), laissant les investisseurs-prêteurs dans l’expectative.
Les données disponibles auprès de la Trésorerie générale du Royaume montrent une augmentation des recettes brutes de 21,1% à fin mars de cette année. L’IS connait un bond spectaculaire de 80,5% par rapport à mars 2021, lui-même en baisse de 13,4% par rapport à son niveau de mars 2020.
L’inflation, l’autre alliée des finances publiques
L’Etat fait partie des grands gagnants de l’inflation. TVA, certaines TIC et droits de douane étant calculés sur les prix de vente, ces recettes fiscales augmentent avec la hausse des prix. Cette tendance est d’ailleurs bien installée depuis le début de l’année, parallèlement à l’accélération de l’inflation et bien avant le début de la guerre en Ukraine qui a exacerbé le phénomène. Les droits de douane ont ainsi augmenté de 16%, la TVA à l’import a vu ses recettes bondir de 26%, alors que la TIC sur les tabacs a progressé de 17%. Outre les recettes fiscales, l’inflation a un impact positif sur le poids de la dette publique. En revanche, elle va lourdement sanctionner l’épargne dormante. On notera la baisse en trompe-l’œil de la TVA à l’intérieur (-17,5%), qui cache en réalité des restitutions de TVA de plus de 3,4 Mds de dirhams qui viennent en diminution des recettes. A noter que les arriérés de TVA sont de 38,9 Mds de dirhams à fin 2021.
Le Trésor confortable sur le marché obligataire
Le Trésor a souscrit 500 millions de dirhams seulement sur le marché obligataire la semaine dernière, alors que la demande des investisseurs s’élevait à 2,1 milliards de dirhams durant cette 2ème séance d'adjudication du mois d'avril, soit un faible taux de satisfaction de 24%, commentent les analystes d'Attijari Global Research (AGR). Compte tenu de l'absence de levées au cours de la séance précédente, le montant cumulé des levées mensuelles n'a atteint que 10% du besoin mensuel annoncé de 5,3 Mds de dirhams, fait savoir la même source, ajoutant que les taux de rendement de la courbe primaire demeurent quasi-stables par rapport à la semaine dernière. Seule la maturité 2 ans concernée par la levée a augmenté de +2 points de base (pbs).
Par ailleurs, un mouvement haussier a été enregistré au niveau de la courbe secondaire. Ainsi, les maturités 13 semaines, 26 semaines et 5 ans se sont appréciées de +2 pbs, +1 pbs et +4 pbs respectivement. Tenant compte de la situation confortable des finances publiques se reflétant à travers une offre faible en bons du Trésor (BDT), ainsi que des niveaux élevés des excédents de trésoreries du Trésor placés sur le marché monétaire, les analystes d'AGR restent convaincus quant à la stabilité des taux sur le marché obligataire durant le T2-2022.