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Créances en souffrance : un marché secondaire pour aider les banques à nettoyer leurs bilans

Créances en souffrance : un marché secondaire pour aider les banques à nettoyer leurs bilans

Piloté par un comité interministériel aux côtés de Bank Al-Maghrib, le lancement du marché secondaire des créances en souffrance permettra aux banques de libérer de nouvelles capacités financières en cédant ces actifs à des investisseurs spécialisés.

 

Par A. Hlimi

 

2024 a connu un tournant pour ce marché tant attendu des créances en souffrance, où la Banque centrale a pris le taureau par les cornes pour avancer sur ce dossier épineux où les intervenants sont multiples. Une réforme annoncée par le wali de Bank Al-Maghrib il y a quelques années et menée, selon Abderrahim Bouazza, Directeur général de la Banque centrale, qui s’exprimait à l’occasion d’une rencontre, de manière inclusive et avec une large concertation avec les acteurs concernés.

Les enjeux sont considérables : le montant actuel des créances en souffrance avoisine les 98 milliards de dirhams, soit un peu plus de 8,6% du portefeuille de crédits des banques et 7% du PIB. Ces montants se sont accumulés, entre autres, en raison d’une conjoncture économique difficile pour les entreprises et les ménages. Ces créances en souffrance sont conservées pour des périodes relativement longues dans les bilans bancaires en raison des délais de recouvrement, mais aussi des contraintes fiscales. En effet, la Direction générale des impôts exige un délai de cinq ans de détention pour bénéficier de la déduction fiscale des provisions.

Cette situation pèse sur les fonds propres des banques, leur solvabilité et leur liquidité. La mise en place de ce marché leur permettrait de recycler une partie de ces créances, de soulager leurs ratios prudentiels et d’offrir de nouvelles capacités de financement. Il convient de noter que le gisement des créances en souffrance du secteur bancaire devrait continuer à croître naturellement avec l’augmentation des encours de crédit. Cette croissance sera également alimentée par les incertitudes économiques persistantes et l’entrée en vigueur de la prochaine note circulaire de Bank Al-Maghrib relative à la classification des créances en souffrance.

Un marché ouvert à une nouvelle catégorie d’investisseurs

Le projet de loi, qui sera bientôt soumis au circuit législatif, lève plusieurs contraintes pour faciliter la cession de cette catégorie d’actifs, notamment les obstacles juridiques liés au consentement du débiteur. Les banques cédantes auront en face d’elles des investisseurs spécialisés dans cette classe d’actifs, notamment des opérateurs internationaux. La mise en place du marché secondaire des créances en souffrance bénéficie également de l’accompagnement technique de la Société financière internationale (SFI).

 

L’expérience européenne
Le marché secondaire des créances en souffrance a permis aux banques européennes de réduire sensiblement leur stock, passant de 1.000 milliards d’euros à 350 milliards en quelques années. Pour les experts, ce marché est cyclique. Actuellement, les volumes sont bas, mais maintenir le marché permet de faire face à des périodes de stress. Une autre recommandation pour réussir cette expérience réside dans l’investissement dans les données et dans les entreprises spécialisées dans le recouvrement afin de libérer tout le potentiel du marché. Ces opérateurs sont en effet un élément essentiel pour le fonctionnement de ce marché. De manière générale, la qualité de l’information et sa disponibilité, notamment via des plateformes spécialisées, permet de réduire l’asymétrie d’information et encourager les investisseurs. Autrement, il est possible d’observer des spreads importants entre les cours acheteurs et vendeurs. Des écarts supérieurs à 40% ont été observés, y compris sur des prêts garantis, ce qui peut rendre l’attrait de ce marché peu intéressant pour les banques qui viennent s’y refinancer.

 

 

 

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