Sous les 10.000 points, l'indice Masi n'a plus qu'un seul catalyseur : l'incertitude.
Les gérants long terme font leur marché.
par A.H
Les volumes sont importants à la Bourse de Casablanca. Les baisses également. Le marché actions traite à un niveau de rendement de 5%, inimaginable il y a 3 semaines. En apparence attractif, il intègre en réalité la perspective d'une dégradation sévère de l'économie, alors que l'activité industrielle ralentit jour après jour. Gérants et analystes sont muets, tant il est difficile de se projeter.
Dans ce chaos, certains investisseurs parviennent à garder la tête froide. Il s'agit essentiellement d'investisseurs institutionnels ou de gérants d'OPCVM à horizon long qui voient un océan d'opportunités dans la configuration actuelle du marché. Ils sont persuadés qu'il est illusoire d'acheter au plus bas. Alors, ils accompagnent la baisse.
Ouissem Barbouchi, président de OB Africa Asset Management, témoigne: «notre métier est d'acheter quand ça baisse et de vendre quand ça grimpe». Ce gérant nous dit que ses arbitrages consistent à vendre des dossiers qui ont «bien fonctionné» pour se positionner sur des valeurs qui retrouvent de bons niveaux de valorisation.
L'Afrique moins impactée (pour le moment)
C'est un constat qu'il faudra encore valider. Mais l'Afrique est pour le moment la région du monde où les cas de contamination sont les moins nombreux. La population y est relativement jeune, ce qui constitue également un avantage du continent contre le Covid-19.
Des constats que les investisseurs doivent prendre en compte. «Lorsqu'on regarde les marché africains, ils sont plus petits, moins liquides et avec des niveaux de valorisation moins élevés», nous dit celui dont l'univers de placement est le continent africain.
Partant de là, leur marge de baisse est plus faible que celle des marchés plus matures, d'autant plus que certains marchés arriveront vite sur des planchers où les rendements deviennent intéressants.
Appliquer des filtres sur le marché actions
Pour Ouissem Barbouchi, les entreprises qui vont négocier le mieux cette période difficile sont des entreprises qui disposent de bilans sains par opposition aux bilans «plus compliqués où il y a beaucoup d'intangible et de dettes». Le gérant préfère ce qu'il appelle des entreprises avec des marges de sécurité.
Ensuite, dans cet environnement, il faut être capable de privilégier des entreprises avec «une croissance autonome». Il s'agit principalement d'entreprises de consommation discrétionnaire qui font des denrées alimentaires de base comme les pâtes, l'huile, l'eau..., en plus des distributeurs.
Car si les chaînes d'approvisionnement ne sont pas interrompues, ces entreprises profiteront de la consommation des ménages. «Des entreprises comme Dari Couspate, Lesieur, Cosumar, Oulmès ou Label'Vie sont probablement plus immunes que d'autres», note-t-il.
A côté de la consommation, d'autres secteurs comme celui des paiements peut également limiter la casse, avec des bilans de qualité. «Une entreprise comme HPS, par exemple, continuera de profiter du développement des paiements à travers le monde», ajoute-t-il.
«Il faut bien distinguer les entreprises qui ont un matelas de sécurité des autres entreprises qui vont se retrouver dans des situations plus complexes», conclut l'investisseur.
Quelle marge de manœuvre pour les Banques centrales ?
Pour le gérant, les Banques centrales d'Afrique ont bien plus de marge de manœuvre que leurs homologues dans le Nord. «Elles ont encore plusieurs outils à leur disposition pour relancer leurs économies si elles peuvent être relancées», fait-il remarquer.
Les taux sont encore largement supérieurs à 10% dans certains pays d'Afrique, alors que la réserve fédérale américaine est par exemple à 0%. «Je pense que la majorité des pays africains dispose encore de cartouches que les autres pays ont déjà épuisées», souligne-t-il.