Les valeurs de rendement et celles qui ont inscrit de nouveaux sommets historiques profiteraient des flux futurs adressés au marché actions.
En 2019, la performance aura finalement été meilleure que le consensus des analystes.
Par Youssef Seddik
Nous sommes dans les toutes premières semaines de 2020. Une année dont le consensus est résolument haussier. Les investisseurs, petits et grands, tournent la page de 2019 et s'apprêtent à démarrer cette nouvelle année sur de bonnes bases. Car pour plusieurs, la «récolte» boursière n’a pas été fameuse.
Aujourd’hui, le défi pour les investisseurs en Bourse ne réside plus seulement dans l’appréciation des fondamentaux des valeurs et l’analyse du contexte économique. Il leur est essentiel d’apprécier la dynamique des prix sur un marché, les facteurs clés la guidant, et le lien entre ces derniers et le contexte macroéconomique. Ainsi, l’effritement continu des taux longs offre mécaniquement un avantage aux valeurs défensives, soit les valeurs pouvant offrir un rendement de dividende durablement supérieur à celui du marché obligataire. Ces dernières seraient bien positionnées pour capter les flux de liquidité futurs adressés au marché actions.
A l’image des deux dernières années, les banques, la distribution énergétique et les télécoms sont indiquées (Maroc Telecom, Taqa Morocco, Total Maroc ou encore Attijariwafa bank). Le secteur cimentier qui offre une perspective de dividende est aussi recommandé, sachant que les investisseurs se doivent de conserver une vision à long terme quant aux rendements espérés. Bref, une thématique qui permet de se prémunir contre les trous d'air.
Le critère de «rendement» semble prendre le dessus sur celui de la «cherté» des titres. D’autant que «les réalisations semestrielles 2019 des grandes capitalisations rassurent quant à leur capacité de soutenir une tendance haussière du dividende et par conséquent, assurer un spread de rendement intéressant par rapport au marché obligataire», avait expliqué en fin d’année le stratégiste d’Attijari Global Research.
Investir dans les «All- Time Highs»
Les dossiers qui ont marqué de nouveaux plus hauts historiques ou ont dépassé des seuils importants sont aussi susceptibles de générer de meilleures performances. Cette thématique qui a déjà fait ses preuves l’année dernière. On cite comme exemple : Label’Vie, HPS, Micro Data ou encore M2M Group. Ces entreprises en plus des perspectives de croissance qu’elles affichent gardent une politique de dividende intéressante.
En revanche, 2020 démarre logiquement avec moins de potentiel pour la thématique «croissance» après le rallye de fin d'année de 2019. La décote offerte l'an dernier a été en (bonne?) partie consommée.
Un bilan meilleur que prévu en 2019
Sur l'ensemble de l'année 2019, l'indice Masi, qui permet de prendre le pouls du marché actions, a bondi de 7,11% après une baisse presque équivalente en 2018. Entre les extrêmes (plus bas de l'année 2019 atteint le 31 mars et le plus haut atteint le 24 décembre), l'indice a gagné plus de 12%.
La performance de la Bourse aura finalement été meilleure que le consensus des analystes qui tablait, en moyenne, sur 5% de hausse. La surprise est venue de la baisse plus rapide que prévue des taux long terme avec des rendements en baisse de plus de 60 pbs, autant de rémunération en moins pour l'épargne longue qui a cherché refuge sur les actions et leurs perspectives de dividendes plus attractifs.
L'amélioration des bénéfices des entreprises durant le T2 et le T3, particulièrement les signaux de résilience donnés par les banques et les grandes capitalisations qui maintiennent leur rentabilité et génèrent du cash, ont facilité le ruissellement et l'arbitrage vers les actions.
Un marché plat la majorité du temps
La performance des indices ne doit pas nous faire oublier que le marché est resté en situation stationnaire et sans volumes jusqu'à juin et l'annonce de l'OPV Maroc Telecom et de ses modalités, accompagnée d'une mesure technique sur les ratios d'exposition des OPCVM. La dynamique s'est poursuivie avec, en août, l'introduction pour la première fois d'indicateurs d'activité trimestriels pour les entreprises. Le signal du rallye de fin d'année a été lui donné par le franchissement des 11.800 points le 12 novembre, journée où sur le marché obligataire les taux longs avaient inscrit de nouveaux plus bas historiques.
Enjeux pour le marché financier
Au-delà des thématiques gagnantes et perdantes, se pose la question de certains enjeux qui vont conditionner l’évolution du marché financier cette année : la politique monétaire de la Banque centrale, le développement des véhicules du non-coté, la thématique des taux (trouveront-ils un plancher ?), la possibilité d’une nouvelle offre publique de vente, les risques géopolitiques, etc.