Dans un contexte inflationniste, les sociétés cotées ont affiché une croissance marquée de leur activité au premier trimestre 2022.
Toutefois, cette hausse de l’activité cache des risques potentiels pour le second semestre. Quelques secteurs devraient profiter du contexte actuel.
Par Y. S
Au terme du premier trimestre 2022, les sociétés cotées ont dégagé un chiffre d’affaires agrégé en hausse de 14,8%, soit quelque 71 milliards de DH (Vs. 62,2 Mds de DH au T1-2021), selon les calculs de Attijari Global Research (AGR). Il s’agit en effet de la plus forte hausse observée depuis le déclenchement de la crise Covid-19.
Derrière cette forte progression des revenus, un effet prix très significatif suite à la répercussion d’une bonne partie de la hausse des intrants dans le prix de vente final. À titre d’exemple, mentionnent les analystes de AGR, l’énergie, les produits alimentaires, les matières premières, l’emballage et enfin la logistique. Notons que les secteurs des mines, de l’énergie, de l’agroalimentaire et du BTP sont les principaux contributeurs à la croissance des revenus de la cote, soit une hausse cumulée de 7,3 Mds de DH, justifiant ainsi près de 80% de la variation du chiffre d’affaires trimestriel de la cote.
L’inflation au Maroc a touché un pic de 5,9% en avril 2022 contre un niveau historique en dessous des 2%, et les tensions ne devraient pas s’apaiser de sitôt. Dans ce contexte, les cours moyens des principaux intrants énergétiques importés par les sociétés cotées affichent des hausses significatives entre le T1-21 et le T1-22. Il s’agit du pétrole, du charbon et de l’éthylène, dont les cours moyens ont augmenté de respectivement 61%, 240% et 38% sur la période étudiée. Tenant compte des cours spot observés en ce début du mois de juin et des surcoûts induits par la chaîne logistique, «nous anticipons des pressions plus fortes sur les prix des intrants», précisent les analystes.
Deux risques à surveiller
Dans ces conditions, les sociétés cotées devraient faire face à deux risques majeurs à compter du deuxième semestre 2022, selon le bureau de recherche. Il s’agit, premièrement, d'une pression plus forte sur les marges suite à l’écoulement des stocks constitués durant les derniers trimestres. Les sociétés dont le CA est généré principalement au Maroc seraient les plus vulnérables.
«Celles-ci accusent déjà une dégradation de -2,3 pts de leur marge d’EBE entre le premier et le second semestre de 2021. À l’opposé, les sociétés exclusivement exportatrices semblent tirer profit de ce contexte à travers une amélioration de leur marge d’EBE de +16,3 pts sur la même période», relève AGR. Et puis, il y a un affaiblissement de la demande locale qui devrait se faire ressentir davantage à compter de ce mois de juin. La consommation de ciment, principal baromètre de l’économie, conforte ce sentiment. En effet, la croissance des ventes de ciment en glissement annuel affiche une nette décélération, passant de 14,8% à fin décembre 2021 à -5,1% à fin avril 2022.
«Nous anticipons deux évolutions disparates au sein du marché actions. À compter du S2-22, les sociétés exportatrices devraient bénéficier d’une nette amélioration de leur profitabilité, alors que les opérateurs qui dépendent principalement de la demande locale s’efforceraient à défendre leur niveau de marge historique», explique-t-on. La recherche de AGR pense enfin que la récente correction du Masi est la traduction du changement de perception des investisseurs envers l’évolution des réalisations des sociétés cotées en 2022 ainsi qu’à l’égard des pressions haussières sur la courbe des taux au Maroc.