◆ Les banques ont multiplié les annonces de dividendes au dernier trimestre de 2020.
◆ La Banque centrale aurait-elle lâché du lest sur ses recommandations en la matière ?
Par A. Hlimi
Les actionnaires d'Attijariwafa bank viennent de voter la distribution d'un dividende convertible en actions dans le cadre d'une augmentation de capital d'un maximum de 1,4 Md de dirhams. Mais il faut dire que Atiijariwafa bank n'est pas le premier établissement de crédit à proposer une partie de son dividende en actions. Bank Of Africa, qui avait programmé l'opération depuis 2 ans, ou encore sa filiale Salafin, ont choisi cette option cette année.
Le Groupe BCP a, lui aussi, décidé de distribuer récemment un dividende exceptionnel en partie en actions. Pourtant, en mai dernier, Bank Al-Maghrib a appelé les établissements de crédit à suspendre, jusqu’à nouvel ordre, toute distribution de dividendes au titre de l’exercice 2019 et de privilégier le financement de l'économie et la préservation des fonds propres.
La Banque centrale aurait-elle changé de position ? Questionné à ce sujet, Bank Al Maghrib nous laisse comprendre que sa position est inchangée en la rappelant : «Compte tenu de la conjoncture de la crise et de fortes incertitudes qui lui sont liées, Bank Al-Maghrib a appelé les établissements de crédit à suspendre la distribution de dividendes au titre du résultat de 2019. L’objectif pour la Banque centrale est de conserver davantage de fonds propres des établissements de crédit afin de renforcer les capacités de financement de l’économie et la résilience du secteur bancaire».
Mais, pour la Banque centrale, les récentes décisions prises par les banques ne vont pas à l'encontre de sa recommandation. «Les établissements de crédit ont adhéré à cette mesure dont la mise en œuvre a pris la forme d’augmentation de capital par paiement de dividendes en actions ou de report de résultats, tout en tenant compte des contraintes de rémunération de petits porteurs», explique-t-elle.
Ceci semble donner plus de marge de manœuvre aux banques concernant leurs dividendes pour le compte de 2020. En Europe, la BCE a autorisé, mi-décembre, les banques à revenir aux dividendes à condition que cela ne dépasse pas 15% de leurs bénéfices.
Dans son dernier rapport sur la stabilité financière émis en octobre 2020, le FMI a maintenu sa recommandation de restreindre les dividendes des banques de ses pays membres en attendant d'avoir plus de visibilité sur l'évolution de la pandémie au niveau mondial, indiquant que «même si ces dernières (les banques) ont abordé la crise avec des ratios de fonds propres plus élevés qu’à la veille de la crise financière mondiale, et bien que les pouvoirs publics soient intervenus à grande échelle pour limiter les dégâts économiques causés par la crise actuelle, la crise de la Covid-19 est susceptible de créer des difficultés sur le plan des fonds propres des banques»