Le régime des auto-entrepreneurs, mis en place pour encourager la formalisation des petites activités économiques, affiche l’un des taux d’imposition les plus avantageux du Maroc, avec une fiscalité inférieure à 1% du chiffre d’affaires. Pourtant, la grande majorité des bénéficiaires ne déclarent pas leurs revenus.
Sur les 430 000 auto-entrepreneurs enregistrés, seuls 27 000 s’acquittent de leurs obligations fiscales, soit à peine 6% de conformité. Un chiffre qui illustre une défaillance structurelle du système, relevée par Younes Idrissi Kaitouni, Directeur général des Impôts, lors des Grands Rendez-vous de Medias24.
« Cela permet aussi de déconstruire un mythe bien ancré, celui selon lequel une baisse des impôts inciterait mécaniquement à une meilleure conformité fiscale », a-t-il souligné. « En réalité, l'expérience montre que lorsque nous réduisons les taux d'imposition, au lieu d'attirer davantage de déclarants, nous en perdons. C'est une observation contre-intuitive, mais les chiffres l'attestent. »
Absentéisme fiscal massif
Conçu pour faciliter l’intégration des travailleurs indépendants dans le circuit formel, ce statut semble davantage utilisé comme un moyen de légitimer une activité tout en échappant à la fiscalité. « Pour moi, le statut d’auto-entrepreneur est une forme de légalisation de l’informel », a affirmé Kaitouni.
Avec un taux de non-conformité record, le régime interroge sur son efficacité. Faut-il renforcer les contrôles, revoir les incitations, ou repenser l’ensemble du dispositif ? La problématique reste entière au Maroc : même un impôt symbolique ne suffit pas à enrayer l’évitement fiscal.