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Assurance automobile: le secteur négocie un virage serré

Assurance automobile: le secteur négocie un virage serré

Transformation digitale, inflation, nouveaux acteurs… : les compagnies face à de nouveaux défis.

 

Par A. Hlimi

Nouvelles technologies, importance grandissante de l’IA, véhicules autonomes, trottinettes électriques sont, entre autres, les bouleversements qui touchent l’assurance automobile et qu’il faudra analyser, quantifier et intégrer pour continuer à assurer correctement. Mais, ce n’est pas tout. Au Maroc, où les prix ne sont pas encore libéralisés, les défis réglementaires sont nombreux. Ces sujets sont au cœur de la neuvième édition des Rendezvous de Casablanca de l’assurance (8 et 9 mars) qui met cette année l’assurance automobile à l’honneur.

 

Dématérialisation de l’assurance automobile : chantier en cours

Pour Mohammed Hassan Bensalah, président de la Fédération marocaine des sociétés d'assurances et de réassurance (FMSAR), le e-constat est un bon exemple de l’apport du digital dans le secteur. «C’est un moyen efficace pour lutter contre certaines formes de fraude», s’est-il félicité. Mais le véritable chantier que tout le monde attend, est celui de la dématérialisation de l’assurance automobile. Et, bien que la nouvelle circulaire de l’ACAPS publiée en 2022 le prévoie, ce mécanisme, objet de tensions avec les distributeurs qui y voient une perte directe d’un marché colossal, n’est pas encore opérationnel.

Bensalah espère qu’il verra le jour au deuxième semestre de cette année. Outre la transformation digitale, le président de la FMSAR a soulevé le problème du recouvrement des assurances auto. «Il n’est pas normal que le marché reste tributaire de procédures archaïques», dit-il, faisant savoir là aussi qu’une réflexion est en cours avec un leader mondial de la monétique pour fluidifier le processus et le digitaliser entre la compagnie, l’agent et le client.

 

L’impact de l’inflation

Hassan Bensalah a fait savoir que le secteur souffre d’une hausse significative des coûts des sinistres du fait de l’inflation. «C’est un phénomène qu’il faudra surveiller de près pour ne pas déstabiliser les résultats techniques, alors que les marchés financiers connaissent des performances négatives», relève-t-il. A noter que les professionnels prévoient à terme de revoir les prix à la hausse pour intégrer cette nouvelle donne. S’adressant au régulateur, Bensalah soulève également d’autres défis pour le secteur, comme l’IFRS 17 et le projet SBR  : «il est important de garder en vue la taille de notre secteur», a-t-il lancé, faisant référence aux contraintes techniques et comptables que provoquent ces normes.

 

Accidents de la circulation : Les indemnisations doivent être revues à la hausse !

Othman Khalil El Alamy, président par intérim de l’ACAPS, a profité de ce parterre de 1.000 assureurs marocains et étrangers pour passer quelques messages aux assureurs marocains. Parmi eux, celui relatif aux indemnisations des victimes des accidents de la circulation dans le cadre de l’assurance automobile. «C’est un sujet qui doit retenir toute notre attention. Le barème d’indemnisation actuel date d’il y a 40 ans et doit être revu pour tenir compte de l’inflation et permettre à nos concitoyens de faire face à l’augmentation du coût de la vie… Les assureurs ne doivent pas occulter cette problématique», note-t-il. Un sujet qui risque de jeter un froid dans un secteur déjà confronté à la hausse des coûts.

El Alamy s’est par ailleurs félicité de l’offre sur le marché de l’assurance automobile, et particulièrement des initiatives visant à améliorer le parcours client, notamment dans la gestion des sinistres. Commentant le projet de dématérialisation des polices d’assurance, El Alamy a exprimé l’engagement de l’ACAPS pour soutenir cette initiative et encourager les initiatives de vente en ligne. Pour El Alamy, il est temps d’initier la réflexion pour libérer les critères tarifaires et instaurer une vraie concurrence dans le secteur de l’assurance automobile obligatoire.

«Je suis confiant dans votre capacité d’adaptation», a-t-il dit aux compagnies. L’assurance automobile est le plus important segment de la branche non-vie au Maroc, avec 14 Mds de dirhams de primes émises en 2022. Pour le régulateur, les nouvelles évolutions sectorielles poussent les compagnies à vite repenser leurs métiers en mettant la data au cœur de leurs stratégies. «Les assureurs ne possèdent pas assez de données sur leurs clients ou ne les utilisent pas de manière optimale», soulignet-il, insistant sur l’importance des partenariats avec les acteurs de la tech pour en tirer profit.

S’exprimant au nom de la ministre de l’Economie et des Finances, la directrice du Trésor et des finances extérieures, Fouzia Zaaboul, a rappelé l’importance de la stratégie nationale pour l’inclusion financière, notamment sur les produits inclusifs qu’il faudra développer dans le secteur. Elle insiste également sur le rôle des fintech, qu’elle considère comme un relais pour gagner en agilité et proposer des offres adaptées et de l’actuariat de pointe. Zaaboul a évoqué également comme piste de développement l’assurance comportementale qui, grâce aux objets connectés, permet de personnaliser les primes. «Appliquer la même prime automobile à tous les automobilistes n’est pas équitable», a-t-elle relevé.

 

Un événement riche
La 9ème édition des Rendez-vous de Casablanca de l’assurance a connu la participation d’un millier de personnes, dont plusieurs intervenants étrangers, à l’image de James Kent, CEO de Gallagher Re. Ce dernier s’est exprimé sur la manière dont les assureurs relèvent les défis posés par les progrès technologiques et l’essor des nouveaux modes de mobilité. Cet événement a également accueilli plusieurs panels, dont celui relatif au digital dans l’assurance automobile ou encore la sécurité routière et l’assurance affinitaire.

 

 

 

 

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