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Alliances : Le bout du tunnel ?

Alliances : Le bout du tunnel ?

alami lazraq

L’opération d’échange des obligations remboursables en action 2012 (ORA 2012) contre les ORA 2015 s’est soldée par un succès, au grand soulagement du management du groupe. Mais les porteurs d’ORA 2012 ont adhéré à l’opération plus par contrainte que par conviction. Le groupe entame son plan de restructuration qui promet un redressement spectaculaire de la situation financière, dès 2016.

C’est un ouf de soulagement pour le groupe immobilier Alliances développement qui traverse, depuis quelques mois, une crise financière qui a sérieusement ébranlé son capital confiance auprès des investisseurs. En effet, le groupe dirigé par Alami Lazrak vient de réussir sa toute récente émission d’obligations remboursables en actions (ORA), qui a fait couler beau­coup d’encre ces dernières semaines.

Pour rappel, les ORA 2015, d’une maturité de 2 ans et 8 mois, portaient sur un montant de 1 milliard de dirhams, et étaient réservées aux porteurs d’obligations remboursables en actions émises en 2012. Elles sont assorties d’un taux de 5%, avec une prime de risque de 217 points de base, soit un taux d’intérêt de 2,83%.

Cette opération s’est donc soldée par un succès pro­bant, dans la mesure où le taux d’échange des ORA 2012 contre les ORA 2015 a atteint plus de 99%. Les détenteurs des anciennes ORA ont donc massivement fait le choix de souscrire à cette nouvelle émission plutôt que de conver­tir leurs obligations rembour­sables en actions, comme cela était prévu au moment de l’émission d’ORA 2012.

Les porteurs n’avaient pas trop le choix

Faut-il en déduire pour autant que le plan de restructura­tion, glissé en catimini dans la note d’information visée par le Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM), a convaincu les porteurs d’ORA 2012 et que le groupe immobilier est tiré d’affaire ? La réponse à ces questions appelle à la plus grande pru­dence. En effet, si les obli­gataires ont massivement échangé leurs anciennes ORA contre les nouvelles, c’est avant tout parce qu’il n’avaient pas vraiment d’autres alter­natives. Comme le souligne Farid Mezouar, expert indé­pendant des marchés finan­ciers et fondateur de Flm.ma, «les porteurs (d’ORA 2012) n'avaient pas trop le choix, car la conversion des ORA faisait partie du plan de redresse­ment d'Alliances».

Par ailleurs, le cours de l’ac­tion Alliances a atteint des niveaux tellement bas (autour de 51 dirhams, bien inférieur à la valeur nominale de l’action qui est de 100 DH) qu’une reconversion des obligations en actions aurait lésé consi­dérablement les nouveaux actionnaires. «En cas de non-échange, l'augmentation de capital allait se faire à 100 DH, ce qui aurait généré une moins-value immédiate», explique notre interlocuteur.

C’est ainsi que l’augmenta­tion de capitale tant redoutée, à la fois par les dirigeants d’Alliances (qui craignaient la dilution de l’actionnariat et, partant, une probable perte de contrôle du groupe) et par les détenteurs d’ORA 2012, n’a pas eu lieu. Finalement, cette solution a été perçue par les obligataires comme un moindre mal, pourvu que la situation de l’entreprise se redresse. Un redressement dont la mise en oeuvre sera, selon F. Mezouar, d’autant plus facilité que le PDG d’Alliances, Alami Lazrak, conserve la majorité du capital.

RNPG positif en 2016

Le plan en question est détail­lé dans la note d’information qui a précédé l’émission obli­gataire. Notons que le pôle construction du groupe, en grande difficulté, est exclu des prévisions pour les prochaines années par «manque de visi­bilité». Ce plan de restruc­turation repose sur plusieurs axes jugés stratégiques par le management du groupe immobilier. Il s’agit, en pre­mier lieu, de réduire l’endet­tement financier de 4 milliards de dirhams à horizon 2016, à travers notamment une pano­plie de mesures comme la cession d’actifs non straté­giques tels que projet Lixus, la vente à réméré (vente avec faculté de rachat) de parcelles foncières et de parcelles viabi­lisées, ou encore des dations en paiement (fait de se libérer d'une dette par une prestation ou un bien différent de celui qui était initialement dû) por­tant sur des actifs identifiés. Alliances porte ainsi à notre connaissance que le projet Riad Bouskoura a fait l’objet d’une vente à réméré.

Par ailleurs, Alliances a pu négocier avec les banques certaines dispositions comme la révision à la baisse du taux d’intérêt sur l’ensemble des contrats de prêts bancaires ou la réduction de 50% des inté­rêts capitalisés ou impayés au 31 mars 2015 sur l’ensemble des dettes bancaires. «A ce jour, le groupe Alliances a procédé à la signature de 4 protocoles d’accord avec des établissements bancaires qui respectent les principes du plan présenté», peut-on lire dans la note d’information. Le groupe annonce également une augmentation de capital dans les douze mois.

Côté business plan, Alliances prévoit des réalisations ambi­tieuses pour les 3 prochaines années (voir encadré). Ces éléments sont-ils de nature à rassurer les investisseurs quant à la possibilité du groupe Alliances d’assainir sa situation et de renouer avec les bénéfices ? Pour Farid Mezouar, «il est difficile pour l'investisseur d'être complè­tement rassuré, car le plan englobe l'adhésion de plu­sieurs acteurs (banquiers, institutionnels, masse obli­gataire...), ce qui nécessite une communication quasi hebdomadaire pour mesurer ses chances de réalisation». A charge donc pour Alliances de soigner sa communication qui, rappelons-le, lui avait fait cruellement défaut au moment de l’apparition de ses premiers déboires financiers.

Un businessplan ambitieux

Le chiffre d’affaires devrait connaître une croissance annuelle moyenne de 17,2% pour dépasser les 4 milliards de DH en 2017. Il devrait être de 2,9 mil­liards en 2015. Sur la même période, l’EBIDTA devrait augmenter en moyenne de 8,7% à 900 millions de DH, et les charges financières se réduiraient de moitié à 316 millions de DH en 2017. Quant au résultat net part du groupe, après avoir subi une perte record lors de l’exercice 2014, il devrait retourner en territoire vert dès 2016 en s’établissant à 102 millions de DH (les filiales bâti­ments étant exclues des prévisions). En 2017, Alliances prévoit un RNPG de 138 millions de DH. Enfin, le taux d’endettement net du groupe devrait ressortir à 45,3% en 2017, contre 63% en 2014, soit une amélioration de 17,7 points.

Amine Elkadiri

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