Le marché mondial du crowdfunding est en croissance exponentielle avec plus de 120 milliards de dollars de CA, faisant entre 15 et 20% de croissance par an. A ce jour, Bank Al- Maghrib a accordé trois agréments à des sociétés de financement collaboratif.
Par D.M
Deux ans après l’entrée en vigueur de la loi 15-18 relative au financement collaboratif, la publication des circulaires de Bank Al-Maghrib et de l’AMMC l’année dernière a permis le lancement effectif du crowdfunding au Maroc. L'anglicisme crowdfunding, qui signifie littéralement «financement par la communauté», permet aux personnes physiques, aux startups ou aux PME de lever des fonds via une plateforme Internet.
En contrepartie, les contributeurs et/ou investisseurs peuvent devenir des actionnaires de l’entreprise, en fonction du type de fonds levés (prêt, don ou investissement). Cette pratique a toujours été présente au Maroc sous forme de cotisations ou de levée de fonds pour la construction des mosquées. Aujourd’hui, au-delà de l’esprit de solidarité, cette pratique s'est développée et professionnalisée.
Au niveau mondial, le marché du crowdfunding est en croissance exponentielle avec plus de 120 milliards de dollars de CA, faisant entre 15 et 20% de croissance par an. En effet, de plus en plus de plateformes se greffent autour de cette nouvelle forme de financement, proposant des services d’intermédiation entre les porteurs de projets désireux de lever des fonds et les potentiels contributeurs ou investisseurs.
Contrairement aux financements traditionnels qui présentent de nombreuses contraintes, le crowdfunding fait montre de plus de flexibilité et est considéré comme une bouffée d’oxygène pour de nombreux entrepreneurs et porteurs de projets. Dans cet élan de croissance exponentielle, des plateformes de crowdfunding ont vu le jour au Maroc, car la demande au niveau national s’est fait ressentir.
Une opportunité pour les PME
Les PME représentent une part importante de l’économie marocaine, cependant l'accès au financement reste un obstacle majeur à leur croissance. Ce nouveau mode de financement offre une solution en permettant à ces entrepreneurs de lever des fonds directement auprès des particuliers. Il joue également un rôle dans le développement économique en stimulant l’inclusion financière et l’innovation. En ouvrant l’accès aux capitaux à un grand nombre, le financement participatif permet de diversifier l’économie et de soutenir des projets à fort impact social et environnemental.
En pratique, les plateformes dédiées à cette activité évaluent minutieusement le potentiel et la viabilité des projets demandeurs de financement participatif, les soumettent de façon transparente aux investisseurs potentiels en lançant des campagnes sur Internet pour collecter les fonds nécessaires à la réalisation desdits projets. La portée de ce nouveau mode de financement au Maroc a amené les régulateurs à encadrer ce secteur qui, bien que salutaire pour les PME, présente également plusieurs risques (détournement, argent illicite, financement du terrorisme, etc.). Ainsi, toutes les plateformes existantes avant l’entrée en vigueur des circulaires d’application destinées à la réglementation de l’industrie du crowdfunding au Maroc ont été appelées à s’y conformer.
Conformément à la loi 15-18, toute société de financement de crowfunding (SFC) dotée de plateforme de crowfunding, désirant évoluer dans ce domaine, est dorénavant soumise à une procédure d’accréditation pour l’obtention d’un agrément émanant de Bank Al-Maghrib en ce qui concerne les dons et les prêts, et à l’AMMC pour les investissements. Rappelons qu’en dehors du portail de l’AMMC créé pour accompagner les SFC dans leurs démarches d’obtention des agréments auprès de la Banque centrale, la GIZ, en partenariat avec le ministère de l’Economie et des Finances et d’autres partenaires publics, via le projet «Promet», apporte un appui technique aux SFC, notamment dans leurs démarches d’obtention des agréments et d’opérationnalisation de leurs plateformes. GIZ aidera également les porteurs de projets à explorer le financement collaboratif et à renforcer leur capacité à lever des fonds.
A ce jour, Bank Al-Maghrib a accordé trois agréments à des sociétés de financement collaboratif. Abdellatif Jouahri, gouverneur de la Banque centrale, l’a annoncé récemment lors de la deuxième réunion trimestrielle du Conseil pour l’année 2024. «Je suis optimiste quant au développement du crowdfunding au Maroc», a-t-il affirmé, exprimant sa confiance dans les bénéfices potentiels de cette nouvelle forme de financement pour l'économie marocaine.