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Assurance Vie: «L’impact de l’embellie obligataire sur le taux de rendement servi prendra un certain temps»

Assurance Vie: «L’impact de l’embellie obligataire sur le taux de rendement servi prendra un certain temps»

Dans cette interview, Faiçal Zahlane, Directeur général adjoint de La Marocaine Vie, en charge des activités marketing & développement, nous livre une lecture ciselée de l’évolution du marché de l’assurance vie.

 

Propos recueillis par A. Hlimi

Finances News Hebdo : Les dispositions fiscales liées à l'épargne retraite ont-elles provoqué des mouvements de rachats fin 2022 chez La Marocaine Vie ?

Faiçal Zahlane : En effet, alors qu’elles n’étaient encore que discutées, les orientations du projet de Loi de Finances 2023 en matière de fiscalité d’assurance retraite ont immédiatement provoqué de vives réactions. Dès l’annonce à la fin d’octobre 2022 de la proposition d’une imposition au taux forfaitaire non libératoire de 30% pour les rachats ne respectant pas les conditions d’âge et de durée, nos clients détenteurs d’un produit de retraite complémentaire ont manifesté de nombreuses craintes, matérialisées par un afflux soudain d’appels et par une hausse sensible des demandes de simulation et de rachat.

Nous sommes parvenus à y répondre en mettant très vite en place une «task force» regroupant nos équipes de gestion, nos conseillers clients et nos forces commerciales, mobilisés sur le terrain pour lever parallèlement les appréhensions de nos clients en répondant à leurs nombreuses interrogations, en les rassurant, en réaffirmant la vocation du régime de retraite complémentaire et celles des mesures fiscales visant à encourager la constitution d’une épargne à long terme. Ainsi, malgré un léger ralentissement constaté en fin d'année, la retraite complémentaire, qui a enregistré un volume d’activité comparable à celui de 2021, a bien résisté en 2022.

 

F.N.H. : Pensez-vous que ces dispositions vont avoir un impact sur la collecte cette année ? Que constatez-vous pour le moment dans votre compagnie ? 

F. Z. : L’appréhension de fin 2022 a cédé la place à un attentisme constaté durant les deux premiers mois de 2023, pas tant du fait de l’adoption du projet Loi de Finances 2023 que de la circulaire de la Direction générale des impôts relative aux nouvelles dispositions fiscales, impatiemment attendue.

Concrètement, avant toute prise de décision en matière de versement, nos clients disposant d’un contrat de retraite complémentaire ont dans l’essentiel observé une attitude très prudente, en restant dans l’attente de l’explication des modalités d’application pratiques des nouvelles mesures fiscales contenues dans la note circulaire dévoilée fin février dernier. Dans ce contexte, la retraite complémentaire marque un peu le pas par rapport à la même période de l’année précédente, accusant un repli estimé à environ 15% de son chiffre d'affaires en ce début d’année 2023.

Néanmoins, on remarque qu’elle connaît depuis plus récemment un regain d’intérêt, s’agissant essentiellement des contrats collectifs. En fixant une retenue à la source de 15% (au lieu des 30% initialement annoncés), en relevant l’abattement de 40% à 70% sur le montant de la rente ne dépassant pas 168.000 dirhams et en maintenant le taux de 40% pour le surplus et le bénéfice de l’étalement sur une période de 4 ans, tout en baissant l’âge requis de 50 à 45 ans pour bénéficier de sa retraite complémentaire à taux plein, les nouvelles mesures fiscales tendent à convaincre plus que jamais citoyens et entreprises de penser à long terme pour maintenir leur niveau de vie ou celui de leurs collaborateurs à leur départ à la retraite.

En parallèle, pour développer cet attrait récemment retrouvé pour la retraite complémentaire, nous poursuivrons cette année les actions de sensibilisation et de pédagogie au bénéfice du plus grand nombre, encourageant à miser très tôt sur les offres de retraite par capitalisation venant pallier les insuffisances des régimes de base.

 

F.N.H. : Quels sont les impacts de la hausse des taux obligataires sur les rendements que vous servez cette année ? 

F. Z. : Si la hausse des taux d’intérêt permet aux assureurs d’acquérir des obligations aux rendements plus intéressants que ceux de ces dernières années, ces nouveaux investissements ne remplacent que très lentement et progressivement les anciens qui composent nos portefeuilles d’actifs, dont la taille est beaucoup plus importante que celle de la collecte nette qui finance les nouveaux placements.

L’impact de l’embellie obligataire sur le taux de rendement servi n’est donc pas immédiatement palpable, mais prendra un certain temps. Néanmoins, dans un contexte d’inflation marquée, nous avons décidé d’accompagner sans attendre nos assurés dans la valorisation de leur épargne, en affichant une politique de distribution volontariste. Ainsi, La Marocaine Vie a servi des taux de rendement à ses clients pour 2022 allant jusqu’à 3,3% sur le support en dirhams, en hausse de 10 points de base par rapport à 2021.

 

F.N.H. : Toujours sur les taux, quel est le meilleur arbitrage dans la configuration actuelle entre les supports en dirhams et les supports en unités de compte ?

F. Z. : On ne le répétera jamais assez. Tout dépend de vos objectifs financiers, de votre appétence au risque et de votre horizon de placement. Une fois votre profil défini, grâce à un conseil personnalisé et suivant la situation des marchés financiers en temps réel, nous identifions pour vous les bonnes opportunités de placement au bon moment.

La diversification reste l’option à privilégier. L’assurance vie s’envisageant sur le moyen à long terme et vu le contexte de prix bas sur le marché actions, je conseillerais aujourd’hui de répartir son capital entre des supports actions, recélant une espérance de rendement plus élevée à moyen et long terme (si l’épargnant est prêt à prendre des risques mesurés), des supports obligataires garantissant le juste équilibre entre rendement et risque, et le support en dirhams, assurant un matelas de sécurité.

Rappelons que les contrats multisupport offrent la possibilité à l’épargnant, et c’est ce qui fait leur singularité, de basculer à tout moment d’un support en unités de compte vers un support en dirhams (et inversement) en fonction de la tendance boursière, sans entraîner de rupture de contrat.

 

F.N.H. : Pour finir, comment s'est comportée l'activité commerciale globale de La Marocaine Vie en 2022 ?

F. Z. : Grâce à de solides fondamentaux, La Marocaine Vie affiche un chiffre d'affaires 2022 consolidé relativement stable à 2.261,7 milliards de dirhams. Notre activité de bancassurance affiche des réalisations record en nombre de contrats d’épargne à versements programmés, de prévoyance et de santé, une véritable performance si l’on considère, outre le contexte inflationniste affectant la capacité d’épargne des ménages, la généralisation de l'assurance maladie obligatoire (AMO) pour les travailleurs non-salariés ayant impacté les offres d’assurance santé individuelle de base au Maroc.

Dans un contexte de marché marqué par la hausse des taux et un manque de visibilité pour des investisseurs attentistes, l’épargne enregistre un niveau de collecte plus ou moins équivalent à celui de l’année précédente. Et ce, en recul contenu de 3%, avec un maintien de la part des unités de compte à un niveau élevé (pesant à nouveau près de 15% de notre chiffre d’affaires épargne), tandis que le segment épargne en unités de compte accuse en 2022 un net recul sur le marché marocain, avec un chiffre d’affaires en repli de près de 30%.

Nous l’évoquions plus tôt : le constat est le même pour la retraite complémentaire, malgré le léger ralentissement observé pendant les deux derniers mois de l’année écoulée. L'encours global poursuit lui sa progression, enregistrant une hausse de 5% par rapport à l’année précédente, s’élevant désormais à 12,435 milliards de dirhams, avec une nouvelle fois une augmentation de la proportion des unités de compte sur la même période, de l’ordre de 26%.

 

 

 

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