Les solutions de la société technologique pourraient s'exporter à l’échelle continentale.
Si sous d’autres cieux, notamment dans les pays développés, l’usage de la technologie dans le domaine agricole s’est répandu à grande échelle, tel n’est pas encore le cas du Maroc. Et pourtant, il existe des entreprises marocaines innovantes pourvoyeuses de solutions informatiques pour l’agriculture, à l’instar d’Agridata Consulting fondée par 2 associés en 2006, avant que trois autres actionnaires n’intègrent, plus tard, le tour de table. L'OCP a également intégré l'actionnariat de l’entreprise en 2016 et fait partie.
Agridata Consulting est un éditeur, intégrateur de solutions informatiques destinées à l'écosystème agricole. La vocation de la société dont Mouhsine Lakhdissi est actionnaire et manager, est de contribuer à l’accroissement de la rentabilité et de la compétitivité de l'agriculture, tout en respectant l'environnement, grâce à un meilleur usage de la data.
L’entreprise qui a enregistré au cours des trois dernières années une croissance annuelle à deux chiffres (plus de 30% en 2016 et 2017), a traversé quelques périodes difficiles. «Il y a un peu plus de dix ans, le secteur agricole national n’était pas suffisamment mature pour intégrer les solutions digitales», concède Mouhsine Lakhdissi, qui a plusieurs cordes à son arc (professeur, entrepreneur et consultant international).
L’ingénieur informatique, petit-fils d’agriculteur et passionné par l’agriculture, secteur hautement névralgique pour le Maroc, avec 40% de la population active employés, reste persuadé que le pays peut accroître la valeur ajoutée de ce secteur primaire grâce à la technologie. Au registre des références de l’entreprise, on retrouve quelques géants du secteur Palmagri, Saham Agri, les groupes Aicha, les Domaines Agricoles, les Providence Vertes, Delassus et Lesieur Cristal. Agridata Consulting accompagne également les agriculteurs disposant de petites et moyennes superficies.
Fort de ses succès au Maroc, Agridata lorgne désormais l’Afrique subsaharienne. Le Sénégal et la Côte d’Ivoire sont les deux pays dans lesquels les prospections de l’entreprise sont à un stade très avancé. «D’ici la fin de l’année ou le début de 2019, nous espérons conclure quelque chose dans ces deux pays où nous avons déjà des partenaires», révèle notre interlocuteur. ■
Paroles de pro, Mouhsine Lakhdissi, manager et actionnaire de la société Agridata Consulting
«Au registre de l’amélioration du climat des affaires, je dirais que les choses vont dans le bon sens en comparaison avec les années précédentes, notamment en termes d’accès au financement et de réduction des délais de paiement dans la mesure où des lois en la matière ont été mises en place. Ceci dit, pour le secteur de l’agriculture, il existe une contrainte de taille, liée entre autres à la lourdeur administrative qui retarde une plus forte présence de la technologie dans le secteur. Par ailleurs, il incombe à l’Etat, par le mécanisme des subventions et de la fiscalité, d’inciter les agriculteurs à adopter les nouvelles technologies génératrices de valeur ajoutée. J’estime que cela est dans l’intérêt de tout le monde (Etat, agriculteurs, entités privées, instituts de recherche, etc.) car les données du secteur générées par le digital peuvent être utiles à l’ensemble des acteurs-clefs de l’écosystème agricole. Le digital permet de diffuser l’information et d’avoir une meilleure appréhension de la quantité et de la qualité de la production». ■
Par M. Diao