Internet a incontestablement changé le mode de consommation des Marocains (e-commerce, plate-formes de commande en ligne, etc.). Dans ce contexte, la digita­lisation des PME marocaines revêt un caractère autrement important. Et pourtant, la plupart des entreprises nationales accordent peu d’intérêt à Internet, qui constitue un relai de croissance important.

Il est sans conteste qu’In­ternet constitue aujourd’hui un relai de croissance majeur pour les entre­prises, notamment les PME qui savent le mettre à pro­fit afin d’engranger plus de profits. Le développement du e-commerce, l’essor des com­mandes et des rendez-vous en ligne en sont les preuves les plus édifiantes. Aujourd’hui, il ne fait aucun doute que la digitalisation s’impose de plus en plus aux PME s’effor­çant de se faire une place dans un marché de plus en plus compétitif, où l’innova­tion constitue un facteur-clef en matière de compétitivité. Or, même en France, le bilan du processus de digitalisation des PME demeure mitigé. La dernière enquête de BuzzBoad (2015) révèle que 70% des PME françaises ne sont pas encore prêtes pour toucher une clientèle via Internet ou mobile. Autre chiffre frap­pant, une entreprise sur deux en Hexagone, ne dispose même pas d’un site Internet. En faisant le parallèle avec le Maroc, l’on voit aussi que la situation n’est pas plus reluisante, comme le précise Hamza Aboulfeth, Directeur général de Genious, société spécialisée dans l’héber­gement de sites Web (Voir paroles de pro). Et pourtant, Internet connaît un essor ful­gurant au Maroc, qui d’après, l’Agence nationale de régula­tion des télécommunications (ANRT), affiche un parc global comptant plus de 11 millions d’abonnés à Internet, avec un taux de croissance annuel de plus de 44,35% (juin 2015). Outre cette forte progres­sion, la digitalisation des PME marocaines est d’autant plus justifiée que les plate-formes de e-commerce et l’accès facile au Web modifient les comportements des clients potentiels des PME. En effet, ces derniers se connectent de plus en plus sur Internet pour avoir des informations sur une entreprise ou avant de faire le déplacement. De ce point de vue, il est clair que le Web est un atout marketing de taille pour les PME conscientes du fait qu’il peut contribuer à améliorer leur visibilité, tant à l’échelle nationale qu’interna­tionale. Cela dit, si certaines PME marocaines disposent de sites-vitrines, l’impor­tant est de savoir si ceux-ci sont réellement optimisés avec la possibilité d’acheter, de commander ou de voir les prospectus en ligne. Il fau­drait toutefois ajouter que le processus de digitalisation d’une PME nécessite aussi de consentir des investissements, notamment au niveau finan­cier et dans les ressources humaines, dans la mesure où, la partie digitale d’une entre­prise doit être confiée à des personnes engagées à plein temps. Jusque-là, force est de reconnaître que la majorité des patrons des PME maro­caines préfère plutôt investir dans leur coeur de métier. Cela dit, il y a aussi lieu de nuancer, car le degré de digitalisation des PME varie en fonction de leur branche d’activité. Celles évoluant dans les domaines du tourisme, de l’industrie et des services aux entreprises sont plus avancées que celles oeuvrant dans les domaines de l’agriculture ou de l’artisa­nat.

Momar Diao

Infos pratiques

Optimiser sa présence sur Internet

L’optimisation de la présence d’une entreprise sur Internet passe nécessairement par un certain degré de professionnalisation. Car la toile projette une image de l’entreprise en question. Par exemple, un site-vitrine figé avec des informations obsolètes, peu d’actualisation peut écorner la réputation d’une PME. De plus, même les réseaux sociaux ne doivent guère être négligés en raison de l’importance du nombre d’internautes qu’ils drainent. Ce qui doit induire les entreprises à confier leur partie digitale à un personnel qualifié, rompu à cet exercice, loin d’être une partie de sinécure. La prompte évolution des technologies relatives au Web montre que disposer uniquement d’un site-vitrine est loin d’être suffisant pour les PME ambitionnant d’explorer convenablement la nouvelle place de marché, qui n’est autre qu’Internet. Cela dit, communiquer sur le Web est loin d’être une priorité pour la plupart des entreprises nationales. Et pourtant, force est d’admettre que de plus en plus, le parcours d’achat commence en ligne, avec la comparaison des offres et des prix, avec le partage des avis-clients sur un produit ou un service dans les multiples forums de discussion. Ce qui amène à se poser la question de savoir si les entreprises invisibles sur le Web en 2015 ne prennent pas le risque de ne pas exister dans le futur ? L’autre argument plaidant en faveur de la digitalisation des PME nationales est que les consommateurs marocains, qui achètent de plus en plus des Smartphones, consultent fréquemment leur mail ou des applications. Ce qui leur permettrait d’être régulièrement au fait des promotions, des nouveautés et des prix.

Paroles de pro

Hamza Aboulfeth,

Directeur général de Genious

Pour vous donner une idée du processus de digita­lisation des entreprises marocaines, il est important de souligner que sur à peu près 200 000 entreprises affiliées à la CNSS, 75.000 d’entre-elles ont un site Internet. Donc, au Maroc, environ 1 entreprise sur 4 dispose d’un site Internet. Je dois vous rappeler, qu’en France, il y a un peu plus de 1 million d'entreprises, avec près de 2 millions de noms de domaines enregis­trés «.fr» contre 57.000 au Maroc, dont seuls 25% sont actifs. Pour vous dire qu’en matière de digitalisation des entreprises, il y a encore du chemin à faire. Un site Internet peut, certes, être un important levier pour une entreprise, mais il n’est qu’une composante qui doit être complétée; par exemple, la digitalisation de l’orga­nisation (logistique, support client, etc.). A mon sens, pour réussir leur processus de digitalisation, les PME marocaines doivent d’abord commencer par avoir un nom de domaine, des e-mails profes­sionnels. Leur coût est relativement abordable (500 DH par an). Les aspects commerciaux sont faciles à digi­taliser (catalogues, prises de commande, rendez-vous en ligne). Après, il y a toujours moyen de développer davantage le processus avec de la publicité en ligne.