Dégroupage/ADSL : «A un moment, il faut tourner la page» (DG Orange Maroc)

Dégroupage/ADSL : «A un moment, il faut tourner la page» (DG Orange Maroc)

 

Un an après le rebranding, Yves Gauthier, Directeur général de Orange Maroc, dresse un bilan positif. Il annonce renoncer à investir dans le cuivre, et se focaliser sur la fibre et la LTE. Entretien.

 

 

 

Finances News Hebdo : Lors de son rebranding, Orange s’est engagée à révolutionner le marché des télécoms au Maroc. Un an après, où en sont ces objectifs ?

 

Yves Gauthier : Ce serait présomptueux de dire que nous avons honoré tous nos engagements. Mais en une année, je peux dire que nous avons réalisé les principaux objectifs, notamment par rapport au déploiement du très haut débit avec l’amplification de la 4G et de la 3G.

Nous avons également tenu notre promesse de ramener aux Marocains des smartphones à des prix attractifs.

En ce qui concerne l’accessibilité au très haut débit sur le mobile, je pense que nous l’avons réussie. Aussi, nous avons bien enclenché la digitalisation en refaisant notre site web et en lançant l’application «Orange et moi» qui est très utilisée par les Marocains.

D’ailleurs, le Royaume est le premier pays au niveau de la zone Afrique-Moyen Orient en termes de clients actifs sur cette application. Nous sommes restés fidèles à notre positionnement d’opérateur-digital-humain.

A noter qu’au cours de cette année, nous avons axé notre stratégie sur le facteur humain en améliorant la relation client. Pour cela, nous avons refait toutes nos boutiques, investi dans la formation de nos forces de vente ainsi que dans celle de nos conseillers.

 

 

F.N.H. : Outre la satisfaction client, Orange vise à travers cette nouvelle vision à faire des bénéfices. Quelles sont les retombées chiffrées des actions menées sur votre part de marché ainsi que sur votre chiffre d’affaires ?

 

Y. G. : Comme vous le savez, nous ne communiquons sur les chiffres que lors de la présentation annuelle des résultats annuels. Toutefois, les indicateurs sont positifs, montrant une légère amélioration de notre part de marché. Il y a tout de même encore des progrès à faire. Ce qui est normal, puisque nous sommes sur du long terme.

Notre ambition est d’être reconnue sur notre positionnement d’opérateur digital innovant ayant une très bonne relation avec ses clients. Notre objectif est de gagner des parts de marché non pas par des prix cassés mais par le service que nous apportons tout en étant compétitif.

 

 

F.N.H. : Vous avez annoncé que 2018 sera une année d’accélération du déploiement de la fibre optique. Doit-on comprendre par là qu’Orange abandonne le combat du dégroupage ?

 

Y. G. : Le dégroupage repose sur du cuivre. Aujourd’hui, nous estimons que cette technologie est dépassée, et donc nous ne voulons plus investir dans le cuivre. Par conséquent, le dégroupage perd de sa valeur. Nous allons plutôt nous focaliser sur les nouvelles technologies et donc investir dans la fibre optique ainsi que dans la LTE (Long Term Evolution) qui a des performances meilleures que l’ADSL.

Il faut dire que les discussions entre Maroc Telecom, méditel et Inwi autour du dégroupage ont traîné depuis longtemps. A un moment, il faut tourner la page et se tourner vers l’avenir.

 

 

F.N.H. : Toutefois, ces nouvelles technologies sont coûteuses et nécessitent par conséquent des investissements lourds. Le marché marocain du fixe est-il assez mature pour recourir à cette technologie de pointe, dont le prix reste élevé ?

 

Y. G. : Il est certain que si les communes fixent des droits de passage très élevés, le développement de la fibre optique sera freiné par le prix de cette technologie. Ce qui veut dire que cette technologie ne serait accessible qu’à des gens qui ont un certain niveau de vie.

Ce qui est le cas aujourd’hui, puisque le déploiement ne concerne que certains quartiers des grandes villes du Royaume. C’est pourquoi le développement du haut débit et donc de la fibre optique au Maroc requiert une volonté politique. Une volonté qui doit se traduire dans la réduction des droits de passage. Mais aussi une volonté réglementaire pour aller plus vite et rattraper le retard que le Maroc accuse dans ce domaine. ■

 

 

Propos recueillis par Lamiae Boumahrou

 

 

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