Conjoncture économique: les TPME malmenées

Conjoncture économique: les TPME malmenées

Après l’épisode de la Covid-19 qui a eu pour conséquence la contraction du chiffre d’affaires des TPME, ces dernières doivent faire face à l’atonie de la croissance en 2022, couplée à l’inflation et à la hausse des prix des intrants.

La conjoncture économique qui prévaut à l’échelle nationale et internationale a inexorablement des conséquences sur les TPME marocaines. Ces dernières ne sont pas insensibles à la hausse des prix des matières premières, ceux des intrants, mais aussi aux poussées inflationnistes qui rognent substantiellement le pouvoir d’achat des ménages. Cette situation constitue une menace potentielle pour la demande intérieure. Ce qui, à l’évidence, est un péril pour l’activité du tissu entrepreneurial, constitué à hauteur de plus de 90% de TPME.

Il ressort du dernier baromètre de l’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (OMPIC) que 2.636 entreprises ont été radiées à fin avril 2022 contre 2.272 entreprises dissolues à fin avril 2021. Amine Diouri, directeur études et communication d’Inforisk, qui relie le bond de la mortalité des entreprises à la conjonction de facteurs endogènes et exogènes, apporte plusieurs détails édifiants. Pour rappel, 31% des entreprises radiées ont entre 2 et 5 années d’activités, 30,6% entre 5 et 10 ans et 20,8% entre 10 et 20 ans. «Il faut savoir qu’à fin mai 2022, le taux de défaillance des entreprises a progressé de plus de 10%. Sachant que ce chiffre, qui n’est pas catastrophique, est susceptible de grimper d’ici fin la fin de l’année», confie Diouri.

Par ailleurs, selon Inforisk, il est encore trop tôt pour mesurer l’impact de la contraction des marges des entreprises, engendrées entre autres par la hausse des prix des intrants, celui du fret et d’une possible baisse de la demande. La publication des bilans 2022 des entreprises au cours de l’année prochaine permettra d’être mieux édifié sur la question. «Il faut aussi garder à l’esprit que les entreprises qui opèrent dans le BtoB, notamment avec l’Etat dans le cadre des marchés publics, éprouvent beaucoup de difficultés. Et ce, en dépit de l’engagement de l’Etat de revoir à la hausse les prix appliqués afin de tenir compte du renchérissement des prix des intrants et des matières premières», constate Amine Diouri. Ce dernier évoque le dessein de la part de beaucoup de TMPE de résilier les contrats qui les lient avec l’Etat dans le cadre des marchés publics, pourvoyeurs d’activités pour le tissu entrepreneurial.

 

Quand le moral prend un sacré coup

Le baromètre de l’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (OMPIC) fait également état de la contraction des créations d’entreprises à fin avril 2022. Ainsi, au titre des quatre premiers mois de l’année, le nombre de créations d'entreprises se situe à 32.510 entités. Ce qui constitue une baisse de 18% par rapport à la même période de l’année dernière. «On crée une entreprise en nourrissant l’idée que le marché domestique pourra lui permettre de survivre et se développer. Aujourd’hui, face aux pressions exercées sur le pouvoir d’achat des consommateurs, couplées à la question de l’allongement des délais de paiement interentreprises, plusieurs porteurs de projets peuvent être tentés de reporter leur projet de création d’entreprise», explique notre interlocuteur. A cela, il faut ajouter que les perspectives de croissance, dont le taux devrait tourner autour de 1% du PIB, ne sont pas de nature à susciter l’enthousiasme des jeunes porteurs de projets, attirés par l’aventure entrepreneuriale. Notons tout de même que la stabilité de l’environnement socioéconomique est un atout majeur pour la création de TPME. 

 

 

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